La cessation des dons miraculeux (ch.13.1-3)

Série: Solutions célestes pour une église (im)parfaite

Introduction:

En débutant aujourd’hui, je voudrais faire un petit rappel rapide du but des dons miraculeux. Les dons miraculeux à l’époque des apôtres avaient trois objectifs:
  • Ils servaient à communiquer sans erreur la volonté du Christ aux différentes nations (1 Pierre 1.11-12)

  • Ils servaient à confirmer l’évangile au fur et à mesure qu’il était révélé (Actes 14.3)

  • Ils permettaient à l’église d’accomplir certaines tâches malgré sa petite enfance. Grâce à eux:
    - l’évangile pouvait être annoncé dans des pays de langues étrangères,
    - les premiers chrétiens pouvaient distinguer les esprits et protéger l’église des erreurs doctrinales.

    Spécifiquement pour ce qui est du don des langues, qu’avons-nous vu jusqu’à présent? En 1 Corinthiens 14 verset 2, lorsque Paul écrivit que celui qui parlait en langue ne parlait pas aux hommes, mais à Dieu, il ne voulait pas dire que le but du don des langues était d’avoir juste une conversation privée avec le Seigneur. Lors de la Pentecôte qui suivit la résurrection de Jésus, les apôtres reçurent la capacité de parler en langues et s’adressaient à Dieu, mais aussi aux gens des différentes nations qui comprenaient ces langues. L’église était édifiée par celui qui avait ce don, lorsque le message était traduit. Dieu avait pris des mesures pour que ce don puisse être exercé correctement dans les réunions de l’église. Quand les langues étaient interprétées, le résultat était semblable à celui obtenu lorsque quelqu’un d’autre prophétisait. Une bonne question à se poser est comment celui qui parlait dans une langue étrangère pouvait s’édifier lui-même en parlant cette langue. Il est possible que celui qui parlait dans une langue étrangère avait une compréhension générale de son message, sans avoir nécessairement la capacité de le retranscrire dans sa langue maternelle pour le transmettre à ses compatriotes. Le commentateur Hodge est de cet avis. Il écrit: « L’absence du don d’interprétation ne prouve pas que l’orateur lui-même ignorait ce qu’il disait. Ça prouve uniquement que le Saint Esprit ne lui permettait pas de communiquer dans la langue d’origine le message qu’il venait de transmettre. » On ne peut rien affirmer avec certitude sur ce point. Peut-être celui qui parlait en langues était simplement édifié par le fait de savoir qu’il était utilisé comme un instrument par le Saint-Esprit, sans rien comprendre de plus. Ceux qui utilisent le verset 4 pour dire que le don des langues était un moyen de parler prier de manière privée entre soi et Dieu, tirent cette conclusion en omettant le contexte de ce verset. Comment cela se pourrait-il, que le don des langues soit juste réservé pour les prières individuelles alors que Paul déclare au verset 12, que tout devait être fait pour l’édification mutuelle.

    Tout ceci étant dit, je voudrais à présent aborder les preuves qui montrent que ce don est aujourd’hui aboli. Elles se classent dans deux groupes. Certaines sont d’ordre historique et les autres d’ordre biblique. Bien que les auteurs chrétiens du second, du troisième et du quatrième siècle n’étaient pas à l’abri des erreurs (infaillibles), puisqu’ils n’étaient pas inspirés, ils nous éclairent sur la pensée de l’église peu après ses débuts, avant que les hommes n’aient eu beaucoup de temps pour pervertir le plan de Dieu. Il est donc bon d’examiner leur témoignage et leurs idées sur divers sujets doctrinaux. Et comme l’a dit très sagement un prédicateur, lorsque nous divergeons avec ces auteurs, nous devons faire preuve de prudence. Nous devrions le voir comme un drapeau orange qui signale un danger et nous poser de sérieuses questions pour nous assurer que n’avons pas tort, que nous n’avons pas été influencés à tort par un lourd héritage religieux. Alors que disaient les premiers auteurs chrétiens sur le don du parler en langues?

    I. Témoignage de l’histoire:

    (Selon Cleon Rogers, historien et spécialiste des écrits des Pères de l’église,) aucun d’eux ne mentionne que ce don était exercé à leur époque dans les assemblées de chrétiens. Ce silence est significatif, parce que les Pères de l’église vivaient entre l’an 100 et l’an 400, un peu partout dans l’empire romain, y compris dans certaines villes où les apôtres avaient résidé et œuvré. Plusieurs Pères de l’église faisaient partie des assemblées mentionnées dans le Nouveau Testament, qui au 1er siècle possédaient les dons miraculeux. Ils témoignaient sur ce qui se passait sur un grand territoire, et sur une longue période. Ils étaient bien informés sur les problèmes des différentes églises. Leurs écrits parlent de presque tous les sujets de doctrine enseignés dans le Nouveau Testament. Mais ils ne mentionnent presque rien sur le don des langues, hormis de brefs commentaires, expliquant que ce phénomène avait lieu uniquement durant la période des apôtres, et par la suite dans quelques mouvements hérétiques. Cette omission est révélatrice. Elle indique vraisemblablement que ce don avait cessé à leur époque comme Paul l’avait prédit. Parmi les brèves remarques au sujet des dons des langues, voici plus précisément ce que nous lisons:

    Irénée mentionna par exemple qu’il avait entendu quelqu’un parler en langue. Mais les théologiens s’accordent sur le fait qu’il faisait probablement référence à un groupe de chrétiens hérétiques, conduit par Montanus en Phrygie au 2e siècle (170PCN). Quelles étaient les particularités du Montanisme? Eusèbe nous a aussi laissé des informations sur ce mouvement. Il écrivit que son conducteur pensait avoir des visions. Il entrait souvent en transe et disait des choses étranges en émettant des sons bizarres. Ses enseignements étaient contraires à la doctrine de l’église (H>E 5.16) Irénée de Lyons déclara sur ce mouvement que la différence entre les langues parlées par les apôtres à la Pentecôte et celles parlées par Montanus et ses disciples était que quand les apôtres parlaient en langues tous comprenaient, tandis que quand Montanus parlait en langues personne ne comprenait.

    Un autre commentaire intéressant sur le don des langues est celui d’Origène, qui vécut entre l’an 185 et l’an 254. Dans une réponse qu’il adressa à un non-croyant du nom de Celsus, il écrivit qu’aucun vrai prophète, comme ceux de l’époque biblique, n’exerçait encore de ministère à la fin du 2e et au début du 3e siècle. Il précisa aussi que le Saint-Esprit donnait des signes et démontrait sa présence au début du ministère du Christ et après son ascension, mais que ces prodiges avaient peu à peu disparu et qu’ils n’étaient plus visibles depuis lors (Contre Celsus 8.8).

    Un peu plus tard, Chrysostome (347-407) écrivit un commentaire sur le livre de 1 Corinthiens et mentionna également que toute cette discussion sur les dons spirituels était vraiment obscure. Il ressentait cela parce que les dons miraculeux s’étaient éteints et qu’il ignorait à quoi tout ce passage faisait référence. Il est intéressant de noter qu’à son époque (entre 349 et 407 après JC), l’opinion générale de l’église était que seuls les chrétiens du temps des apôtres avaient bénéficié du don miraculeux du parler en langues et que ce don avait cessé après leur mort. Voilà pour ce qui est de l’opinion des premiers chrétiens. Allons maintenant voir ce que la bible disait au sujet des dons miraculeux. Les Saintes-Écritures prédisaient-elles leur continuation ou leur cessation?

    II. Prédictions bibliques et enseignement apostolique sur le caractère transitoire du don des langues:

    La réponse est leur cessation. Regardez ce que Paul écrivit tout d’abord en 1 Corinthiens 13.8: « ... ». Le don des langues devait cesser, ainsi que celui de prophétie et de connaissance miraculeuse (c.à.d. le don de révélation ou de mémorisation). Remarquez que Paul établit un lien entre ces trois dons. Ce qui arrive à l’un arrive à l’autre. Pourquoi ces dons étaient-ils temporaires, pourquoi les chrétiens ne devaient-ils pas trop s’y attacher? Paul donne la réponse au verset 9, puis aux versets 11 et 12. Lisons les ensemble: « ... ». Au verset 9, Paul dit que ces dons, tels qu’ils étaient exercés au sein des assemblées, procuraient aux chrétiens uniquement une connaissance partielle (ou imparfaite) de la volonté de Dieu. Au verset 10, il souligne que les chrétiens étaient destinés à plus que cela. Ils devaient recevoir le parfait, ce qui était complet. Aux versets 11 et 12, Paul approfondit cette idée, en illustrant de deux manières la condition de l’église avec les dons miraculeux: Notons plusieurs choses supplémentaires concernant cette illustration.
    1. Premièrement Paul jouait intelligemment avec les mots. Voir dans un miroir était une expression que les gens dans l’A.T. utilisaient parfois pour dire: « recevoir une révélation de Dieu » (selon Gary Workman). En Nb 12.6, Moïse parle des prophètes qui ont des visions. Le mot hébreu qu’il utilise pour parler de celles-ci est « Marah ». Ce mot avait deux significations. Il désignait un miroir ou une vision venant de Dieu. Voilà pourquoi Paul disait que recevoir une vision figurativement était comme voir la volonté de Dieu dans un miroir.

    2. Deuxièmement, quand Paul disait qu’il y aurait un temps où l’église verrait autrement que de manière obscure dans un miroir (face à face) et qu’elle connaîtrait comme elle a été connue, il ne parlait pas nécessairement de ce moment où les chrétiens seraient au ciel. Certains disent sur base de ce verset que nous aurons un jour la connaissance parfaite comme Christ la possède. Mais pour connaître Jésus comme il nous connaît, nous aurions besoin d’être détenteurs de toutes ses qualités divines. Un autre passage de la bible enseignerait-il cela? Non! L’idée de posséder la connaissance comme Dieu la possède était une idée du diable dans le jardin d’Éden (Gn 3.5). Satan tenta l’homme et la femme en leur affirmant que s’ils mangeaient le fruit de l’arbre défendu, ils seraient comme Dieu dans leur connaissance du bien et du mal. C’était un mensonge qui provenait du père de tous mensonges. Paul n’était certainement pas en train de reprendre cette idée sous une forme un peu différente ici. Si nous rejetons l’idée que les chrétiens auront l’omniscience ou la connaissance parfaite, complète et illimitée de Dieu dans l’au-delà, alors connaître « pleinement » doit être pris avec un grain de sel, interprété à la lumière du contexte. Paul discutait dans ce passage des révélations de Dieu pour nos vies terrestres et l’organisation de l’église. Connaître pleinement devait donc vouloir dire qu’il y aurait un temps où ces révélations seraient complètes et apporteraient une entière connaissance de la volonté divine pour nos vies ici-bas.
    Nous pouvons confirmer cela, en étudiant le contexte de ce verset. Regardez bien les versets 8, 9,10 et 13. Paul parle de trois périodes pour l’église... Il dit aux versets 8 et 9 que les dons miraculeux tels que la connaissance, la prophétie ou les langues allaient disparaître quand le complet serait venu. Au verset 13, il ajoute que l’amour, l’espérance et la foi allaient demeurer (sous entendu, quand les dons partiels disparaissent). Mais la seule de ces vertus qui reste à tout jamais est l’amour (verset 8). La foi, l’espérance et l’amour sont trois qualités dont les chrétiens ont besoin aussi longtemps que ce monde existe. Mais nous n’avons pas besoin de manifester ces trois vertus lorsque Jésus sera revenu. Elles ne dureront donc pas toutes trois pour l’éternité. Lorsque nous serons au ciel, en un sens nous n’aurons plus besoin de foi puisque nous marcherons par la vue, contrairement à maintenant (2 Corinthiens 5.7). Nous continuerons bien sûr à placer notre confiance en Dieu, mais nous vivrons en sa présence. De même nous n’aurons plus besoin d’espérance, puisque toutes ses promesses seront accomplies, puisque Dieu aura répondu à toutes nos attentes (voir Ro 8.24-25). L’amour seul est donc voué à persister. L’amour seul est éternel dans cette liste des trois vertus que Paul énumère. Voilà pourquoi au final les Corinthiens devaient désirer la charité plus que tout (plus que les dons, la foi ou l’espérance), car elle était la plus grande des vertus et elle continuerait à animer les chrétiens pour l’éternité.

    Au vu de tout ceci, nous pouvons donc déduire que, dans ce passage, Paul parlait de trois périodes différentes pour l’église:

    1. De la période durant laquelle il y avait les dons miraculeux
    2. De la période durant laquelle les dons miraculeux disparaîtraient, mais durant laquelle la foi, l’espérance et l’amour persisteraient (puisqu’ils sont tous trois en opposition au caractère éphémère des dons miraculeux au v.13).
    3. De la période durant laquelle l’église allait finalement recevoir ce qu’elle avait espérer, où les chrétiens n’auraient plus besoin de marcher par la foi, mais durant laquelle ils continueraient à abonder dans l’amour.

    Ces trois périodes sont donc marquées par la présence ou l’absence de certains éléments. Voici un schéma qui explique tout cela… J’ai mis une bible pour parler du parfait plutôt que l’image de Jésus qui revient en jugement. Pourquoi? Qu’est-ce que le parfait dans ce passage? Enumérons toutes les possibilités. Il s’agit soit:

    Le mot utilisé en grec pour parfait est « Teleion ». Il s’agit d’un mot de gendre neutre, au nominatif singulier.

    Deuxièmement, le mot « parfait » en grec signifie « ce qui est complet, fini, parfait. Ce qui est arrivé à sa fin, ce qui est entier. » Comme Paul le mentionne aux versets 11 et 12, les corinthiens n’avaient qu’une connaissance partielle de la volonté divine grâce aux dons miraculeux. À ce moment, le Nouveau Testament n’avait pas encore été entièrement révélé. C’est progressivement que les termes de la nouvelle alliance furent dévoilés. Il fallut une période de plus ou moins 50 ans pour tout recevoir. Dieu avait encore besoin de révéler et d’expliquer beaucoup à l’église après que Paul ait écrit sa première lettre aux Corinthiens (qui date de l’an 54 ou 55). Mais une fois que le message de Dieu fut transmis par écrit totalement, ce qui était partiel ou incomplet pouvait disparaître. Quand l’apôtre Jean écrivit l’Apocalypse, le dernier livre du nouveau Testament, en l’an 95, le canon du Nouveau Testament fut clôturé et le complet put remplacer le partiel. Ce qui ne veut pas dire pour autant que tous les livres du Nouveau Testament furent placés dans un seul volume avant que les dons miraculeux ne disparaissent. Il est donc juste de dire que les deux premières périodes ont été démarquées par l’achèvement du Nouveau Testament et l’arrivée à maturité de l’église (qui pouvait dès lors s’appuyer sur la Parole écrite de Dieu, plutôt que sur les révélations orales). Cette maturité arriva à la fin du 1er siècle. Tout ceci fut le résultat d’un long processus. À mesure que l’église prenait de la maturité, le canon des Saintes Écritures était constitué et les miracles étaient de moins en moins nécessaires pour confirmer la Parole de Dieu. Le parfait (ou le complet) dont Paul parlait en 1 Corinthiens 13.8 était synonyme d’une période de maturation de l’église basée sur la possession du Nouveau Testament écrit. C’est la dernière période (la fin du monde) qui sera démarquée par le retour prochain du Christ.

    Il y a bien d’autres raisons qui nous permettent de penser que les dons des langues n’existent plus aujourd’hui. Premièrement, ce don comme tous les autres dons miraculeux était accordé par l’imposition des mains des apôtres (Actes 8.14-18 et 19.6 – 2 Tim 1.6). Quand le dernier apôtre vint à mourir, plus personne n’était capable d’imposer les mains pour transmettre les dons miraculeux. Si les chrétiens possèdent toujours des dons miraculeux aujourd’hui, alors il doit aussi y avoir des apôtres. Comment peut-on dire qu’il y a toujours des gens qui parlent en langues si on pense que le don d’apostolat a disparu? Ce ne serait pas consistant. Et s’il y a toujours des apôtres aujourd’hui au 21e siècle, alors Dieu leur accorde toujours des révélations et le canon des Saintes Écritures n’est pas terminé. L’église des Saints des derniers jours est au moins logique à ce niveau.

    Conclusion:

    Je terminerai en vous rappelant que ce n’est qu’au début du 20e siècle que des hommes ont commencé à dire de nouveau que le don des langues existait (avec Charles Parham en 1901). Et ce qu’ils pratiquent n’a rien à voir avec ce que les apôtres faisaient. Leur glossolalie ressemble plus à celle de Montanus que celles des premiers chrétiens. Alors comment explique-t-on cette absence du don de glossolalie pour presque 1800 ans s’ils ont raison? Pour eux, quand le parfait sera-t-il venu sachant qu’il ne peut s’agir de Jésus?

    Soyons prudents dans notre marche avec Dieu. L’adoration ne consiste pas à rechercher des sensations fortes à travers des prodiges, plutôt nous devons chercher à communier avec Dieu de manière sensée et rationnelle. Je sais que l’être humain aime les sentions fortes. Demandez à la plupart des enfants s’ils n’aimeraient pas aller à Europapark. Nous voulons tous des montagnes russes. Le problème c’est que nous désirons aussi des montagnes russes émotives et donc nous transformons nos églises en parc à sensation. Mais Salomon lui-même a dit qu’il y a un temps pour toutes choses. Un temps pour rire et pour pleurer. Un temps pour méditer et un temps pour s’amuser. Ne cherchons pas à ce que notre culte soit juste un parc d’amusement.