Spécifiquement pour ce qui est du don des langues, qu’avons-nous vu jusqu’à présent? En 1 Corinthiens 14 verset 2, lorsque Paul écrivit que celui qui parlait en langue ne parlait pas aux hommes, mais à Dieu, il ne voulait pas dire que le but du don des langues était d’avoir juste une conversation privée avec le Seigneur. Lors de la Pentecôte qui suivit la résurrection de Jésus, les apôtres reçurent la capacité de parler en langues et s’adressaient à Dieu, mais aussi aux gens des différentes nations qui comprenaient ces langues. L’église était édifiée par celui qui avait ce don, lorsque le message était traduit. Dieu avait pris des mesures pour que ce don puisse être exercé correctement dans les réunions de l’église. Quand les langues étaient interprétées, le résultat était semblable à celui obtenu lorsque quelqu’un d’autre prophétisait. Une bonne question à se poser est comment celui qui parlait dans une langue étrangère pouvait s’édifier lui-même en parlant cette langue. Il est possible que celui qui parlait dans une langue étrangère avait une compréhension générale de son message, sans avoir nécessairement la capacité de le retranscrire dans sa langue maternelle pour le transmettre à ses compatriotes. Le commentateur Hodge est de cet avis. Il écrit: « L’absence du don d’interprétation ne prouve pas que l’orateur lui-même ignorait ce qu’il disait. Ça prouve uniquement que le Saint Esprit ne lui permettait pas de communiquer dans la langue d’origine le message qu’il venait de transmettre. » On ne peut rien affirmer avec certitude sur ce point. Peut-être celui qui parlait en langues était simplement édifié par le fait de savoir qu’il était utilisé comme un instrument par le Saint-Esprit, sans rien comprendre de plus. Ceux qui utilisent le verset 4 pour dire que le don des langues était un moyen de parler prier de manière privée entre soi et Dieu, tirent cette conclusion en omettant le contexte de ce verset. Comment cela se pourrait-il, que le don des langues soit juste réservé pour les prières individuelles alors que Paul déclare au verset 12, que tout devait être fait pour l’édification mutuelle.
Tout ceci étant dit, je voudrais à présent aborder les preuves qui montrent que ce don est aujourd’hui aboli. Elles se classent dans deux groupes. Certaines sont d’ordre historique et les autres d’ordre biblique. Bien que les auteurs chrétiens du second, du troisième et du quatrième siècle n’étaient pas à l’abri des erreurs (infaillibles), puisqu’ils n’étaient pas inspirés, ils nous éclairent sur la pensée de l’église peu après ses débuts, avant que les hommes n’aient eu beaucoup de temps pour pervertir le plan de Dieu. Il est donc bon d’examiner leur témoignage et leurs idées sur divers sujets doctrinaux. Et comme l’a dit très sagement un prédicateur, lorsque nous divergeons avec ces auteurs, nous devons faire preuve de prudence. Nous devrions le voir comme un drapeau orange qui signale un danger et nous poser de sérieuses questions pour nous assurer que n’avons pas tort, que nous n’avons pas été influencés à tort par un lourd héritage religieux. Alors que disaient les premiers auteurs chrétiens sur le don du parler en langues?
I. Témoignage de l’histoire:
(Selon Cleon Rogers, historien et spécialiste des écrits des Pères de l’église,) aucun d’eux ne mentionne que ce don était exercé à leur époque dans les assemblées de chrétiens. Ce silence est significatif, parce que les Pères de l’église vivaient entre l’an 100 et l’an 400, un peu partout dans l’empire romain, y compris dans certaines villes où les apôtres avaient résidé et œuvré. Plusieurs Pères de l’église faisaient partie des assemblées mentionnées dans le Nouveau Testament, qui au 1er siècle possédaient les dons miraculeux. Ils témoignaient sur ce qui se passait sur un grand territoire, et sur une longue période. Ils étaient bien informés sur les problèmes des différentes églises. Leurs écrits parlent de presque tous les sujets de doctrine enseignés dans le Nouveau Testament. Mais ils ne mentionnent presque rien sur le don des langues, hormis de brefs commentaires, expliquant que ce phénomène avait lieu uniquement durant la période des apôtres, et par la suite dans quelques mouvements hérétiques. Cette omission est révélatrice. Elle indique vraisemblablement que ce don avait cessé à leur époque comme Paul l’avait prédit. Parmi les brèves remarques au sujet des dons des langues, voici plus précisément ce que nous lisons:
Irénée mentionna par exemple qu’il avait entendu quelqu’un parler en langue. Mais les théologiens s’accordent sur le fait qu’il faisait probablement référence à un groupe de chrétiens hérétiques, conduit par Montanus en Phrygie au 2e siècle (170PCN). Quelles étaient les particularités du Montanisme? Eusèbe nous a aussi laissé des informations sur ce mouvement. Il écrivit que son conducteur pensait avoir des visions. Il entrait souvent en transe et disait des choses étranges en émettant des sons bizarres. Ses enseignements étaient contraires à la doctrine de l’église (H>E 5.16) Irénée de Lyons déclara sur ce mouvement que la différence entre les langues parlées par les apôtres à la Pentecôte et celles parlées par Montanus et ses disciples était que quand les apôtres parlaient en langues tous comprenaient, tandis que quand Montanus parlait en langues personne ne comprenait.
Un autre commentaire intéressant sur le don des langues est celui d’Origène, qui vécut entre l’an 185 et l’an 254. Dans une réponse qu’il adressa à un non-croyant du nom de Celsus, il écrivit qu’aucun vrai prophète, comme ceux de l’époque biblique, n’exerçait encore de ministère à la fin du 2e et au début du 3e siècle. Il précisa aussi que le Saint-Esprit donnait des signes et démontrait sa présence au début du ministère du Christ et après son ascension, mais que ces prodiges avaient peu à peu disparu et qu’ils n’étaient plus visibles depuis lors (Contre Celsus 8.8).
Un peu plus tard, Chrysostome (347-407) écrivit un commentaire sur le livre de 1 Corinthiens et mentionna également que toute cette discussion sur les dons spirituels était vraiment obscure. Il ressentait cela parce que les dons miraculeux s’étaient éteints et qu’il ignorait à quoi tout ce passage faisait référence. Il est intéressant de noter qu’à son époque (entre 349 et 407 après JC), l’opinion générale de l’église était que seuls les chrétiens du temps des apôtres avaient bénéficié du don miraculeux du parler en langues et que ce don avait cessé après leur mort. Voilà pour ce qui est de l’opinion des premiers chrétiens. Allons maintenant voir ce que la bible disait au sujet des dons miraculeux. Les Saintes-Écritures prédisaient-elles leur continuation ou leur cessation?
II. Prédictions bibliques et enseignement apostolique sur le caractère transitoire du don des langues:
La réponse est leur cessation. Regardez ce que Paul écrivit tout d’abord en 1 Corinthiens 13.8: « ... ». Le don des langues devait cesser, ainsi que celui de prophétie et de connaissance miraculeuse (c.à.d. le don de révélation ou de mémorisation). Remarquez que Paul établit un lien entre ces trois dons. Ce qui arrive à l’un arrive à l’autre. Pourquoi ces dons étaient-ils temporaires, pourquoi les chrétiens ne devaient-ils pas trop s’y attacher? Paul donne la réponse au verset 9, puis aux versets 11 et 12. Lisons les ensemble: « ... ». Au verset 9, Paul dit que ces dons, tels qu’ils étaient exercés au sein des assemblées, procuraient aux chrétiens uniquement une connaissance partielle (ou imparfaite) de la volonté de Dieu. Au verset 10, il souligne que les chrétiens étaient destinés à plus que cela. Ils devaient recevoir le parfait, ce qui était complet. Aux versets 11 et 12, Paul approfondit cette idée, en illustrant de deux manières la condition de l’église avec les dons miraculeux:
Un enfant ne comprend pas les choses comme un adulte. Il n’a pas les capacités, les connaissances nécessaires, la compréhension pour juger correctement le monde qui l’entoure. Mais un enfant est destiné à grandir. Ce stade de développement est toujours temporaire. L’église à Corinthe avec les dons miraculeux était au stade de la petite enfance. Mais quand le message serait complètement livré, l’église deviendrait comme un homme ayant atteint sa maturité, non seulement dans sa connaissance, mais aussi dans sa compréhension. Les chrétiens devaient donc comprendre que tous ces dons qu’ils chérissaient et pour lesquelles ils se disputaient étaient comme des jouets de bébé dont ils n’auraient plus besoin, une fois qu’ils atteindraient la maturité. Mais ils ne pouvaient pas atteindre cette maturité sans faire preuve de plus d’amour
Il faut savoir qu’à ce moment là les miroirs n’étaient pas comme aujourd’hui. Ils étaient faits avec du métal poli. Le reflet de son visage était loin d’être parfait et clair quand on se regardait dans celui-ci. Imaginez vous en train de vous raser en vous regardant dans un tel miroir. J’ai déjà difficile aujourd’hui avec nos beaux miroirs de voir si je rase bien les poils sous mon nez. Paul dit qu’avec leurs révélations partielles, les corinthiens voyaient comme lorsqu’ils se regardaient dans un miroir le matin. Mais viendrait un jour où ils verraient clairement.
Au vu de tout ceci, nous pouvons donc déduire que, dans ce passage, Paul parlait de trois périodes différentes pour l’église:
Ces trois périodes sont donc marquées par la présence ou l’absence de certains éléments. Voici un schéma qui explique tout cela… J’ai mis une bible pour parler du parfait plutôt que l’image de Jésus qui revient en jugement. Pourquoi? Qu’est-ce que le parfait dans ce passage? Enumérons toutes les possibilités. Il s’agit soit:
Le mot utilisé en grec pour parfait est « Teleion ». Il s’agit d’un mot de gendre neutre, au nominatif singulier.
Il y a bien d’autres raisons qui nous permettent de penser que les dons des langues n’existent plus aujourd’hui. Premièrement, ce don comme tous les autres dons miraculeux était accordé par l’imposition des mains des apôtres (Actes 8.14-18 et 19.6 – 2 Tim 1.6). Quand le dernier apôtre vint à mourir, plus personne n’était capable d’imposer les mains pour transmettre les dons miraculeux. Si les chrétiens possèdent toujours des dons miraculeux aujourd’hui, alors il doit aussi y avoir des apôtres. Comment peut-on dire qu’il y a toujours des gens qui parlent en langues si on pense que le don d’apostolat a disparu? Ce ne serait pas consistant. Et s’il y a toujours des apôtres aujourd’hui au 21e siècle, alors Dieu leur accorde toujours des révélations et le canon des Saintes Écritures n’est pas terminé. L’église des Saints des derniers jours est au moins logique à ce niveau.
Soyons prudents dans notre marche avec Dieu. L’adoration ne consiste pas à rechercher des sensations fortes à travers des prodiges, plutôt nous devons chercher à communier avec Dieu de manière sensée et rationnelle. Je sais que l’être humain aime les sentions fortes. Demandez à la plupart des enfants s’ils n’aimeraient pas aller à Europapark. Nous voulons tous des montagnes russes. Le problème c’est que nous désirons aussi des montagnes russes émotives et donc nous transformons nos églises en parc à sensation. Mais Salomon lui-même a dit qu’il y a un temps pour toutes choses. Un temps pour rire et pour pleurer. Un temps pour méditer et un temps pour s’amuser. Ne cherchons pas à ce que notre culte soit juste un parc d’amusement.