La vérité sur le parler en langues (ch.12-14)
Série: Solutions célestes pour une église (im)parfaite
Introduction:
Nous revenons finalement aujourd’hui, à notre étude du livre de 1 Corinthiens. J’ai désiré prendre quelques semaines de pause pour me préparer à prêcher adéquatement le sujet que Paul traite dans la partie où nous sommes arrivés, c’est à dire à la fin du chapitre 13 et au chapitre 14. Cette partie débute en réalité au chapitre 12. Mais nous avons déjà étudié ce passage. Quel thème Paul traite-t-il dans ces trois chapitres (12, 13 et 14)? Celui des dons miraculeux. Les chrétiens de Corinthe abusaient les dons qu’ils avaient reçus, ce qui produisait beaucoup de désordre dans leurs assemblées et ce qui empoisonnait leurs relations mutuelles. Au lieu de s’exhorter mutuellement, ils étaient plus intéressés par le fait de frimer et de ressentir des émotions fortes durant les temps d’adoration, mais surtout de manière individuelle. Ils étaient centrés sur leurs propres besoins, pas sur ceux des autres, qui les laissaient indifférents. Ils ne pensaient qu’à leur propre personne. En fait leur problème, c’est qu’ils étaient égoïstes et égocentriques. Ils manquaient d’amour les uns pour les autres et également pour le Seigneur, car l’amour ne se vante point et ne cherche pas son propre intérêt. En 1 Corinthiens 12, Paul rappela que tous les dons étaient donnés pour l’utilité commune, pour l’édification. Et aucun membre ne devait se considérer comme plus important qu’un autre, peu importe son don. En 1 Corinthiens 13, l’apôtre Paul recommanda aux chrétiens de rechercher l’amour et d’abonder dans celui-ci, notamment lorsqu’ils exerçaient leurs dons. Il compara également la période des dons miraculeux à l’enfance d’un individu. Les chrétiens devaient comprendre que tous ces dons étaient comme des jouets de bébé dont ils n’auraient plus besoin, une fois qu’ils atteindraient la maturité. Mais ils ne pouvaient pas atteindre cette maturité sans faire preuve de plus d’amour. Il leur rappela que les dons miraculeux étaient transitoires, mais que l’amour est éternel. Ce qu’il devait poursuivre dans la vie ne pouvait donc pas se résumer aux dons miraculeux, mais à l’amour. Car ce qui est transitoire, ne peut jamais être un but ultime. Chercher à posséder l’amour était de loin supérieur à vouloir posséder certains dons. Nous reviendrons sur tout ceci. Au chapitre 14, Paul présenta enfin toute une série des règles pour permettre aux chrétiens d’exercer leurs dons dans l’ordre, conformément à la volonté de Dieu.
Il va nous falloir passer un certain temps sur ce sujet, car il est pertinent. Je regardais une émission hier sur le sujet. Savez-vous qu’aujourd’hui 530 millions de personnes disent posséder le don miraculeux du parler en langues et l’exercer régulièrement. Tous ces gens viennent d’horizons religieux différents, du pentecôtisme, mais aussi du mormonisme, de l’hindouisme, du spiritualisme, du Catholicisme qui autrefois condamnait cette pratique (Mais le pape Benoit 13 a reconnu et légitimisé leur mouvement) et même du satanisme (Témoignage:
« En plus de vingt ans de fréquentation de nombreuses assemblées évangéliques, en France ou à l'étranger, j'ai souvent entendu des frères (quelquefois) et surtout des sœurs, s'exprimer en langues. Malheureusement, je n'ai jamais pu être témoin d'une interprétation comme les Ecritures le stipulent. Etant linguiste de formation, j'ai dans certains cas pu discerner des propos incohérents, non articulés et même parfois blasphématoires. Dans certains cas, des prières ou des louanges sont destinées à Marie!!!, des " Esprits Saints!!!", ou même des entités démoniaques... Des satanistes se gaussent des chrétiens en infiltrant leurs assemblées où ils dissimulent leurs attaques en paroles grâce au parler en langue. »
Le Dr Rebecca Brown dans son livre "Il est venu libérer les captifs", donne parmi plusieurs témoignages, celui d'une ex-sorcière qui, sur ordre de Satan, s’infiltrait dans les communautés chrétiennes en vue de les démolir. À la page 257, elle dit notamment:
« Il est habituel dans les Eglises charismatiques que beaucoup de gens parlent et prient en langues ensemble, dans des cultes ou des réunions de prières, sans que ces parlers en langues soient interprétés. Les satanistes tirent de grands avantages de cette pratique. Lorsque j’étais au service de Satan je parlais régulièrement en langues dans tous les cultes et réunions de prières. Et les autres satanistes avec lesquels je travaillais en faisaient autant. Personne n’interprétait. Nous maudissions l’Eglise, le pasteur, les chrétiens et Dieu! Et personne ne s’en doutait... » http://www.bibleetnombres.online.fr/charisma.htm)
Tous ces croyants affirment pouvoir parler en langues et être issus de la 3e vague religieuse – la première étant le catholicisme, la seconde la réforme, la troisième vint au 19e en 1901 au Kansas avec Charles Parham à l’origine des mouvements charismatiques. Il pensait que grâce à ce don il allait pouvoir imposer les mains et envoyer dans le monde des missionnaires qui seraient capables de parler aux gens dans leurs langues, sans devoir les apprendre, grâce à la puissance du Saint-Esprit. Ça ne fonctionna pas, mais le mouvement redéfinit sa doctrine et prit malgré tout de l’ampleur.
Pour beaucoup, baragouiner en langues, trembler de tout son corps et se rouler par terre était un moyen d’exprimer son insatisfaction et de rejeter les rites (et les cultes) froids et formels, du catholicisme et du protestantisme. C’est une manière pour beaucoup de rendre la religion plus pertinente et plus vivante. Particulièrement pour de nombreuses personnes qui de nos jours ne parviennent plus à rester assis calmement pendant une heure. En un sens, je comprends. Le catholicisme a mis la plupart des croyants dans une position de spectateurs, plutôt que d’acteurs dans les cultes, en ne permettant qu’au clergé de conduire les moments d’adoration. Les croyants ont donc cherché un moyen de prendre la parole plus spontanément. Mais la manière dont ils le font dans les mouvements charismatiques est-elle correcte?
I. Les particularités du mouvement charismatique:
Je voudrais vous montrer plusieurs documentaires avant de répondre à cette question. Il s’agit de vidéos qui ont été tournées dans des églises charismatiques.
Visionner:
« Parler en langues»
« Laughter of Holy Spirit»
« Glossolalia »
Comment appelle-t-on ce qu’on vient de voir dans les milieux pentecôtistes? La glossolalie, car en grec le mot langue est « glossa ». Ce don que beaucoup revendiquent se manifeste sous la forme d’un langage extatique. J’ai essayé de faire une liste des particularités de ces groupes qui exercent la glossolalie. Voici ce que je constate, (dites-moi si je me trompe):
- Le sujet qui le pratique rentre en transe pour le faire. (décharge émotive)
John Kildal, un chercheur qui a mené des études sur ce phénomène a fait une liste de 5 étapes par lequel le pasteur fait passer les membres pour leur permettre de parler en langues. Il s’agit de techniques qui ressemblent à celles des hypnotistes et qui visent à faire des manipulations psychologiques.
Parler de l’hypnotiste que j’ai vu à l’école de Candice.
- Il baragouine dans un jargon incompréhensible (bafouillage).
C’est plutôt un charabia qu’une langue.
- Certes, certaines syllabes ou certains mots ont un sens, mais ils sont noyés dans une masse de sons inintelligibles.
- Ces mots sont d’origines diverses, pas d’une seule langue.
- Le jargon regorge de voyelles, qui sont en général les voyelles les plus communes dans la langue d’origine (par exemple: « ma, na, va, ce, be, de », mais en amérique le glossolaliste dira plutôt: « mai, vai, dai »)
De nombreuses études ont été faites à ce sujet. Elles révèlent effectivement que ces langues parlées dans un état second ne sont pas des langues humaines qu’on peut apprendre dans les écoles. À de multiples reprises, des linguistes (comme par exemple le docteur Eugene Nida et William J. Samarin) ont enregistré et étudié ces soi-disant langues, mais ils n’ont jamais pu les identifier. Ils ont utilisé des ordinateurs hyper puissants pour les aider, mais sans succès. Ils n’ont jamais découvert des structures ou des formes grammaticales dans ces langues. Elles ne ressemblent à rien. Pour éviter de devoir répondre à des questions gênantes, il est parfois dit que ces langues sont soit le langage des anges (1 Corinthiens 13.1), soit un langage adamique (antérieur à la tour de Babel). Donc les ordinateurs sont incapables de tester et de reconnaître ce qui est enregistré.
- Force est de constater que les traductions n’ont pas toujours lieu (ou devrais-je dire les interprétations?)
- Quand elles ont lieu, la taille du texte n’est pas le même. En plus quand on a demandé à des croyants différents, qui pensaient avoir le don d’interprétation, de traduire ces enregistrements, ils interprétaient tous le message de manière différente.
Le fils d’un pasteur africain se leva un jour pour réciter la prière modèle de Jésus (qui se trouve en Mt. 6.9-13). Il le fit dans son dialecte africain. Un soi-disant interprète se leva ensuite et déclara que Dieu venait de leur livrer un message sur la seconde venue du Christ. N’est-ce pas ridicule? De tels incidents devraient vraiment nous faire réfléchir.
- Quand les personnes parlent en langue, souvent elles parlent toutes en même temps ou elles chantent toutes en même temps (car il y a aussi le chant en langues, qui n’est pas non plus interprété la plupart du temps). Souvent il y a plus de trois personnes qui parlent en langues. Et elles le font simultanément.
- Des femmes exercent ce don, au même titre que les hommes, en prenant la parole dans les assemblées ou en conduisant le chant en langues.
- On encourage même certains à apprendre à parler en langues. Le pasteur donne des cours.
S’il s’agissait vraiment d’un don de l’Esprit, pourquoi faudrait-il apprendre à l’exercer? Les chrétiens n’avaient jamais besoin d’apprendre à parler en langues dans le Nouveau Testament.
- Souvent ce don est exalté plus que tout autre. On y accorde plus d’importance. Dans certaines assemblées, on dit même qu’un chrétien n’a pas vraiment reçu l’Esprit de Dieu s’il ne parvient pas à parler en langues. (histoire d’Emmanuel qui devait y parvenir pour obtenir son diplôme de pasteur). La glossolalie devient le bâton mesureur avec lequel on évalue la spiritualité des chrétiens.
- Les croyants qui pratiquent ce don finissent souvent par accorder plus de valeur à ces expériences subjectives qu’à la Parole de Dieu. Même Jésus passe au second plan. On se concentre plus sur les expériences émotives que sur Lui.
- D’habitude les églises ou ces dons sont exercés rejettent les conditions initiales posées par le Nouveau Testament pour obtenir le pardon (Actes 2.36-38).
Et si quelqu’un ose critiquer ce qui se passe dans ces églises, tout de suite on lui répond:
- que le Saint Esprit est toujours actif aujourd’hui,
- qu’on ne peut changer la manière dont Dieu travaille,
- que les premiers chrétiens parlaient en langue et faisaient des miracles, donc que nous aussi nous devrions avoir les mêmes capacités, puisqu’elles sont toujours nécessaires.
Et on utilise des passages de 1 Corinthiens 14 hors de leur contexte pour justifier que les dons miraculeux aujourd’hui sont bibliques. Mais l’est-ce vraiment? Comparons tout ceci aux Saintes Écritures. Tout d’abord, quelles langues parlaient les premiers chrétiens? Était-ce semblable à ce qu’on entend dans ces mouvements religieux aujourd’hui?
II. Quelle langue parlaient les premiers chrétiens?
Non. La première fois qu’on découvre la mention de ce don dans la bible est en Marc 16.17. Jésus dans le contexte s’apprête à remonter au ciel et ils donnent ces dernières instructions. Voici ce qu’il dit: « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: « En mon nom, ils chasseront les démons, ils parleront de nouvelles langues... » Les mots que Jésus choisit en grec sont intéressants. Il y a deux manières de parler de quelque chose de nouveau. La première est en utilisant le mot « neos », la seconde est en utilisant le mot « kainos ». Nous retrouvons ces deux mots en Matthieu 9.17, où Jésus parle de mettre du vin nouveau (neos) dans des outres nouvelles (kainos). Ces deux mots se ressemblent, mais on des nuances différentes. Neos désigne quelque chose de nouveau dans le sens de quelque chose qui n’a pas existé avant. Le vin est nouveau, parce qu’il vient juste d’être fabriqué dans la parabole de Jésus. Il n’existait pas auparavant. Le mot Kainos est nouveau dans le sens de quelque chose dont les presseurs ne se sont pas encore servis. Ce n’est pas que les outres n’existaient pas avant qu’on y mette du vin, mais que leurs utilisateurs ne les avaient pas encore utilisées. En Marc 16.17, quand Jésus dit que ses disciples allaient parler de nouvelles langues, il utilise le mot Kainos. Donc il ne dit pas que les hommes allaient parler des langues non existantes, mais des langues dont ils ne s’étaient pas encore servis.
En regardant en Actes 2.4, tout ceci devient très clair, on voir qu’il ne s’agit pas du langage des anges. Les apôtres sont réunis pour proclamer la résurrection du Christ. Ils reçoivent le Saint Esprit et commencent à parler d’autres langues. Au lieu de parler en araméen, ils commencent à parler en Égyptien, en latin, en grec, en arabe et la liste continue. Ceci impressionne beaucoup les auditeurs des différents pays, qui disent quoi? Regardez aux versets 5 à 12: « ... ».
- Actes 2:6 → Chacun les entendait parler dans sa propre langue (2:9 Parthes, Mèdes, Elamites, Mésopotamiens, Cappadociens, Egyptiens, Libyens, Asiatiques…)
- Actes 2:8 → Et comment les entendons nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle?
- Actes 2:11 → Comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu
- Actes 2:4 → Les apôtres parlaient plusieurs langues, pas une seule langue adamique
Si on trouve quelque part la signification d’un mot ou d’une expression dans la bible, nous devrions la comprendre identiquement à chaque fois que nous la rencontrons ailleurs, à moins que le contexte ne le permette pas et demande une autre définition. Dans le cas de « glossa », le reste du Nouveau Testament confirme la définition d’Actes 2. Il s’agissait toujours de langues couramment parlées.
Les langues nouvelles étaient des langues déjà existantes, dont les apôtres ne s’étaient jamais servis parce qu’ils étaient peu éduqués. Nous pouvons confirmer cela grâce à d’autres indices que Paul nous donne aussi indirectement en 1 Corinthiens 14.
- 1 Cor. 14: 5 et 13 → « Celui qui prophétise est plus grand que celui qui parle en langues, à moins que ce dernier ne traduise »
«Que celui qui parle en langue prie pour avoir le don de traduction »
le mot pour traduction vient du mot grec « diermenouo » qui voulait dire chez les grecs « quelqu’un qui traduit d’une langue courante à une autre ». Les langues parlées à Corinthe n’avaient pas besoin d’être interprétées comme le disent certaines bibles, ce n’était pas du charabia extatique. Elles nécessitaient simplement une traduction. La différence de sémantique est importante. Dans une interprétation, on cherche à donner un sens à ce qui n’est pas toujours sensé. Une traduction ne fait que transposer le message d’une langue dans une autre langue.
- 1 Cor 14: 10 → « Quelques nombreuses que puissent être les diverses langues dans le monde, il n’en est aucune qui ne soit une langue intelligible. »
- 1Cor. 14: 11 → « Si donc je ne connais pas le sens de la langue, je serai un barbare pour celui qui parle et lui sera un barbare pour moi ». Pour les grecs, un « Barbaros » était une personne venant d’une région du monde d’alors où la langue courante n’était pas le grec.
- Puis regardez au verset 16, Paul dit: « Autrement si tu rends grâces par l'esprit, comment l’homme du peuple répondra-t-il amen? »
Le mot grec pour homme du peuple est « idiotos ». Il signifie quelqu’un de non-instruit. En d’autre terme Paul dit que lorsqu’on parle en langue, quelqu’un de non instruit ne peut dire amen, puisqu’il ne comprend pas. Qu’est-ce que cette déclaration nous apprend sur les langues? Qu’elles n’étaient pas des langues adamiques, ni angéliques. Il était possible à un homme de comprendre ces langues avec de l’instruction. Il s’agit donc bien de langues qui étaient enseignées et parlées couramment dans certains pays à l’époque.
- 1 Cor. 14:21 → Paul en expliquant le but des langues rappelle aux Corinthiens un passage de l’ancien Testament. Il s’agit d’une citation d’Ésaïe (ch. 28:11-12). « Il est écrit dans la loi: C’est par des hommes d’une autre langue et par des lèvres d’étrangers que je parlerai à ce peuple, et ils ne m’écouteront pas même ainsi. » À l’époque d’Ésaïe, les prêtres en Israël n’écoutaient plus les prophéties de Dieu. Ils préféraient vivre dans la débauche en ignorant la volonté du Seigneur (28:7). Le Saint-Esprit les menaça donc au travers Esaïe. Il leur dit que puisqu’il refusait d’écouter, ils seraient emmenés en exil dans une région étrangère (l’Assyrie). Là, ils réaliseraient que Dieu les avait punis, en entendant l’assyrien et des langues étrangères. (Voir Deut. 28:64-65)
Ceci est important car là encore, on voit que glossa faisait référence non pas du charabia extatique, mais à de vraies langues parlées couramment à l’époque.
Conclusion:
Rien dans le Nouveau Testament ne suggère donc que la glossolalie était un charabia parlé dans un état secondaire, tel que pratiqué de nos jours dans les mouvements pentecôtistes. D’ailleurs ça aurait été à l’encontre du but de la glossolalie. Nous n’avons pas le temps d’en parler aujourd’hui, mais nous y reviendrons la semaine prochaine. Je vous laisse toutefois réfléchir à ceci, quel était le but des langues? Et si le don des langues était existant au premier siècle, est-il logique de dire qu’il n’existe plus aujourd’hui? Si oui, sur quels passages bibliques vous appuieriez-vous? Voici un petit devoir pour la semaine prochaine. Tâchez de me mettre sur une feuille de papier, les passages qui vous montrent que ce don n’allait pas durer, si vous pensez qu’ils étaient temporaires. Imaginez que vous devez remettre ce papier à quelqu’un qui vient d’une église où on pense le contraire, comment vous y prendriez-vous? Terminons par une prière. « ... »