Amour ou coup de foudre (2 Samuel ch.13.1-17)

Série: Solutions célestes pour une église (im)parfaite

Introduction:

Nous sommes tous en quête d’amour! Êtes-vous d’accord avec cette idée? Comme un auteur bien connu l’a dit, pour que nous puissions fonctionner de manière bien équilibrée, il faut que nous nous sentions aimés (au moins par certaines personnes importantes à nos yeux). Écoutez cette citation: « Dans chaque enfant se trouve un réservoir émotionnel qui ne demande qu’à être rempli d’amour. Quand l’enfant se sent aimé, il se développe normalement, mais quand son réservoir d’amour est vide, il connaît par la suite des problèmes comportementaux. La plupart du temps, les écarts de conduite de l’enfant s’expliquent par son obsession à vouloir soutirer de l’affection d’un réservoir qui reste obstinément vide. » C’est vrai n’est-ce pas? Si nous n’avons pas été aimé correctement durant notre jeunesse, ça nous pousse à vouloir combler des vides même à l’âge adulte. Voilà pourquoi parfois des femmes de 25 ou 30 ans marient des hommes deux fois leur âge. Elles cherchent à combler un manque qui remonte probablement à leur enfance.

Avez-vous été aimé correctement durant votre enfance? Si non, n’oubliez jamais que Dieu ne vous a jamais oublié, qu’il vous aime intensément depuis toujours (Jérémie 31.3). Je repense à une chanson du groupe chrétien Acappella. Elle raconte l’histoire d’une petite fille de 4 ans qui prie à genoux le soir et elle demande à Dieu: « Where is my father? Has he gone away? Why can’t he always be here to stay? Where is my father? Does he still care? I need a father who’s always there! » Le père les a quitté au moment où la famille avait le plus besoin de lui. Son départ volontaire est pire que s’il avait eu un accident et était décédé. Sachez qu’un abandon est toujours plus dur à supporter que la mort. C’est un rejet! Oui nous avons besoin d’un père qui est toujours là, qui nous aime sans jamais arrêter. Voilà pourquoi la chanson se termine en disant: « Tu es mon Père, ne t’en vas pas! Je sais que tu seras toujours là avec moi! Tu es mon Père, je sais que tu te soucies de moi! Tu es mon père et tu seras toujours là! » Dieu nous aime! Ésaïe 54.10: « ... ». Cette pensée peut suffire au moins pour remplir notre réservoir à moitié.

Qu’en est-il pour l’autre moitié? Il me semble que Dieu nous donne la possibilité de tisser des liens affectifs avec d’autres personnes pour remplir notre réservoir d’avantage. Une fois adultes, nous essayons souvent de satisfaire notre soif d’amour en trouvant un conjoint pour la vie (bien que ce ne soit pas le seul moyen). Dieu approuve ce choix. Il dit lui-même: « il n’est pas bon que l’homme soit seul! » Mais nous devons choisir le bon partenaire et faire preuve de sagesse. Dieu ne souhaite pas que nous fassions une erreur à ce niveau. Alors aujourd’hui, je voudrais donner quelques conseils aux célibataires, qui je l’espère, seront utiles aussi à ceux qui sont mariés. Il y a deux semaines, nous avons commencé à définir l’amour, à partir de 1 Corinthiens 13. Nous allons pousser notre étude un peu plus loin aujourd’hui avec d’autres passages de la bible.

Allons en 2 Samuel chapitre 13. Nous y trouvons une histoire peu connue impliquant trois enfants de David, de deux mères différentes. Lisons ensemble les versets 1 et 2: « ... ». Nous apprenons ici qu’Amnon aimait Tamar, la sœur d’Absalom. Il était tellement amoureux d’elle, qu’il en était tourmenté.

Avez-vous déjà été malade d’une fille? Qu’étiez-vous prêt à faire pour gagner son amour? Je me rappelle d’une fille, qui n’était pas Tammy, dont j’ai été follement amoureux pendant un temps. J’ai dépensé beaucoup d’argent pour la gagner. Je lui faisais des cadeaux qui valaient beaucoup. Je pensais qu’elle était parfaite. Je me voyais passer toute ma vie avec elle, en partie parce que je la croyais chrétienne. Jusqu’au jour où j’ai vraiment vu comment elle était et j’ai désenchanté. C’est alors passé en moi ce qui est arrivé à Amnon.

Regardez le reste de l’histoire, versets 3-17: « ... ». Je précise suite à cette histoire que je n’ai pas fait violence à la fille que je pensais que j’aimais. Mais j’ai développé de l’aversion pour elle, une aversion forte et durable. Comment passe-t-on d’un état où on est malade pour une fille à l’état d’aversion? Quand nous rencontrons une jeune fille (ou un jeune homme) que nous trouvons attirante, des pulsions fortes s’éveillent en nous. Nous nous endormons en pensant à elle ou à lui. Au réveil, nos premières pensées reviennent sur cette personne. Nous aspirons à la retrouver. On veut passer du temps avec elle. Et si on parvient à lui prendre la main, alors on sent le cœur qui bat à du 100 à l’heure. On se met à rêver de mariage et de bonheur éternel. Nos baisers s’éternisent et nos enlacements sont constants.

I. Le coup de foudre est idéaliste:

Amnon pensait que sa bien-aimée était parfaite. Il omettait le fait qu’elle était sa demi-sœur, que la loi de Moïse interdisait cette relation (Lév. 18.9), qu’elle ne lui convenait donc pas. C’est ainsi que nous pensons idéalement, aveuglément aussi au départ. Nous ramenons une jeune fille à la maison et notre mère voit tout de suite ses défauts. Elle dit: « Chéri, tu réalises qu’elle a été sous traitement psychiatrique pendant 5 ans, n’est-ce pas? » « Maman, laisse-moi tranquille! Mêle toi un peu de ce qui te regarde. Je suis un adulte maintenant, je suis capable de faire mes choix! De toute manière ça fait 3 mois qu’elle est tirée d’affaire! » Quand les amis nous mettent en garde et partage leurs inquiétudes, nous les ignorons. Presque rien ne peut entacher la belle, puisqu’à nos yeux, elle est parfaite. Nous nous disons que si nous parvenons à la marier, nous nous rendrons mutuellement heureux. Si d’autres couples se déchirent et se battent, ce ne sera pas notre cas! Elle est parfaite et nous nous aimons trop pour cela! » On sait qu’il y aura par moment des points de vue divergents et nous connaîtrons des tensions. Mais nous sommes certains que nous pourrons en discuter ouvertement et calmement, qu’un des deux sera toujours prêt à faire des concessions. Nous en arrivons à croire qu’aucun obstacle ne viendra donc entraver notre amour mutuel.

Le problème, c’est qu’on idéalise. On est euphorique et on ne pense plus clairement. La bible dit qu’Amnon aima Tamar. Mais attention, il y a différent type d’amour dans les Saintes Écritures. Son amour n’était pas le type d’amour décrit en 1 Corinthiens 13, l’amour agape qui caractérise Dieu. Il s’agissait pour Amnon d’un amour passionné, idéaliste, obsessionnel, lié à des pulsions sexuelles. Comment pourrions-nous paraphraser ce qu’il ressentit pour elle et ce que nous ressentons parfois de manière obsessionnelle pour certaines personnes que nous rencontrons et qui nous attirent dès le premier coup d’oeil? Il s’agit du coup de foudre! Nous devons vraiment différencier le coup de foudre de l’amour agape auquel le Saint Esprit nous appelle en 1 Corinthiens 13.

II. Le coup de foudre est temporaire:

Selon 1 Corinthiens 13.8: « l’amour (agape) ne périt jamais! » Il ne cesse pas. Le coup de foudre lui est temporaire.

Dorothy Tennov, une psychologue renommée, a procédé à des investigations poussées sur le coup de foudre. Elle a conclu, après maintes études, que la durée de vie moyenne du coup de foudre est de 2 ans. Parfois il dure un peu plus longtemps, mais éventuellement les couples finissent toujours par redescendre de leur nuage et par reposer les pieds sur terre. Les yeux s’ouvrent après cette période et on voit enfin les imperfections de l’autre. On finit par admettre que certains de ses traits sont irritants et certaines habitudes lassantes. Le conjoint est capable de nous blesser, de se mettre en colère, de prononcer des paroles dures et d’émettre des jugements critiques. Ces défauts qui paraissaient insignifiants au départ deviennent des montagnes. Les avertissements maternels ou amicaux reviennent à l’esprit et on se surprend à penser à comment on a pu être aussi stupide en mariant la personne. Bienvenue alors dans le monde réel du mariage:

C’est le monde dans lequel: Dans ce monde, un regard blesse et une parole anéantit. Les amoureux fous d’autrefois deviennent des adversaires et le mariage un champ de bataille. On se dit que tout avec elle ou lui n’était qu’illusion et beaucoup finissent par maudire le mariage et le conjoint dont ils pensaient être follement amoureux. Le problème, c’est que comme Amnon, ils n’ont pas fait la différence entre le coup de foudre et l’amour agape que Dieu nous appelle à avoir. Laissez-moi vous mettre en garde aujourd’hui, contre une mauvaise définition de l’amour. Le coup de foudre est temporaire.

Mais en un sens, c’est une bonne chose. Pourquoi? Je vois deux raisons.

  1. Parce que le coup de foudre limite de trop notre univers.

    Quand on est passionnément épris on a tendance à se concentrer uniquement sur la personne qui fait battre notre cœur et on délaisse les amitiés, le travail, les loisirs… L’étudiant qui tombe soudainement amoureux voit souvent ses notes dégringoler pour cette raison. Il est difficile d’étudier quand on est sous l’emprise du coup de foudre. Quelle importance ont les révolutions et les équations théoriques, quand on essaie de bâtir son présent avec une bien aimée? On ne désire que passer du temps avec elle ou parler au téléphone ensemble. Tout finit donc par passer au second plan, le travail, les affaires, nos engagements et le reste de la société. Amnon oubliait ses amis, ses responsabilités et son père. En 2 Samuel, il s’enfermait dans sa chambre pour penser uniquement à sa belle. Si nous restions sous l’emprise du coup de foudre toute une vie, qu’adviendrait-il de notre développement? Tout ce qui fait de nous des personnes équilibrées (le Seigneur, l’église, la famille, les amitiés, les loisirs), serait rayé de nos vies tôt ou tard.

  2. Le coup de foudre nous aveugle sur notre nature réelle. Il nous donne le faux sentiment que tout égocentrisme a été éradiqué en nous. On croit qu’on peut tout sacrifier pour notre bien-aimé(e), comme si on était mère Thérèse, alors que c’est faux! Si on donne librement, c’est parce qu’on pense que l’autre est prêt à faire pareille pour nous, que l’autre ne fera jamais rien pour nous nuire. Mais ce raisonnement est imaginaire, parce que par nature nous sommes des êtres égocentriques. Observez ce qui arrive lorsque le coup de foudre disparaît. Regardez les couples mariés depuis un certain temps. Après 24 mois, les conjoints recommencent à penser égoïstement. Le mari veut des rapports sexuels pour combler ses besoins, mais la femme se sent trop fatiguée et veut juste qu’il la tienne tendrement dans ses bras. Les deux sont frustrés et se disputent parce que leurs désirs sont différents. Le mari veut acheter une nouvelle voiture, mais elle pense que c’est insensé! Elle veut rendre visite à ses parents, mais il marmonne: « je n’aime pas passer du temps dans ta famille ». Il veut participer à un tournoi de foot, mais elle réagit en lui disant: « Tu préfères le foot plutôt que moi! Que se passe-t-il alors souvent? Les partenaires prennent leurs distances, se séparent, se divorcent et partent en quête d’une « nouvelle expérience amoureuse ».

    Amnon fit exactement cela avec Tamar dans l’histoire. Il pensait au départ qu’il était la personne rêvée pour la fille de David (Lév. 18.9 interdisait cette relation). Il se trompait sur sa nature. Il était complètement aveugle et avait vraiment besoin de travailler sur lui-même. Paul ne disait-il pas en 1 Corinthiens 13.5 que l’amour vrai qu’il nous faut travailler n’est pas égoïste? Il ne cherche pas son propre intérêt (comme dans le cas d’Amnon qui abusa sexuellement Tamar pour assouvir ses propres passions, puis se débarrassa d’elle comme un vieux mouchoir.

III. Le coup de foudre est du domaine des pulsions sexuelles:

Alors qu’est-ce que le coup de foudre? Ce n’est pas l’amour agape. Même les psychologues le disent. Le Dr Peck par exemple écrit que le coup de foudre ne peut être rattaché à l’amour pour 3 raisons:
  1. Il ne procède pas d’une décision volontaire.

    Ce sentiment s’empare de nous sans que nous le recherchions, souvent même au moment le plus improbable et de manière inexplicable. Par contre pour aimer à la manière de Dieu, il faut faire un choix conscient.

  2. Le coup de foudre n’est pas l’amour, parce qu’il ne nécessite aucun effort véritable.

    La conversation téléphonique longue et coûteuse, l’argent que nous dépensons en voyages pour nous rencontrer, les cadeaux que nous nous offrons, les projets d’avenir que nous échafaudons, tout cela ne représente rien de difficile pour nous.

    Quand un oiseau bâtit un nid, il n’est pas méritant. C’est un instinct naturel qui le pousse à le faire. C’est pareil quand on accomplit plein de petites ou grandes choses pour celui qui nous fait craquer. C’est un instinct sous-jacent qui nous pousse à agir ainsi. Mais aimer à la manière de Dieu, ça c’est différent. Il faut faire de vrais et gros efforts pour montrer de la bonté envers celui qui ne nous fait pas craquer.

  3. Le coup de foudre n’est pas l’amour, parce qu’on ne se soucie pas réellement du développement personnel de l’autre.

    Quel est l’objectif premier quand on ressent le coup de foudre? C’est de mettre fin à notre solitude et de s’approprier l’autre personne. Voilà ce qu’Amnon voulait. Et puisque le coup de foudre nous rend subjectif, on ne fait pas non plus tout ce qu’on peut pour que l’autre progresse vraiment, puisqu’on se dit qu’il est déjà de toute manière parfait.

Alors qu’est-ce que le coup de foudre? Selon le docteur Peck, il s’agit d’une composante instinctuelle génétique du comportement sexuel, qui sert à faire disparaître de manière temporaire les barrières de l’ego et à augmenter la probabilité des relations sexuelles pour favoriser la survie des espèces. En d’autre terme, c’est un comportement, un état d’âme qui provient de pulsions sexuelles internes et de stimuli sexuels externes.

Et malheureusement le coup de foudre court-circuite trop régulièrement nos facultés rationnelles et nos convictions. Il nous amène à faire et à dire des choses qu’on n’aurait jamais faites ou dites autrement en pleine possession de nos moyens. Voilà pourquoi quand on revient les pieds sur terre, on se demande quelle mouche à bien pu nous piquer avant pour nous pousser à agir comme on a agit avec une jeune fille ou un jeune homme.

IV. La fin du coup de foudre représente le début de l’amour agape:

En fait, il faut qu’en tant que chrétiens, nous réalisions que le véritable amour, l’amour agape, ne peut se mettre en place tant que l’amour obsessionnel, tant que le coup de foudre ne s’est pas estompé.

Suis-je en train de dire qu’il nous faut coucher avec quelqu’un pour retomber les pieds sur terre et finalement apprendre à aimer réellement? Non! Mais qu’il vous faudra probablement du temps avant de pouvoir dire vraiment à quelqu’un que vous l’aimez. Je suis en train de vous appelez à la prudence. Ne vous laissez pas prendre au piège par le coup de foudre. Réalisez ce qu’il est vraiment! Et si un jour vous vous réveillez, l’anneau au doigt en vous disant: « qu’est-ce qui m’a pris de marier celui-ci ou celui-là? », ne pensez pas au divorce. Comprenez que c’est à partir de ce moment que vous allez vraiment apprendre ce que ça signifie d’aimer!

Amnon aurait pu apprendre manifester de l’amour pour Tamar à partir de là, mais il ne le fit pas.

Conclusion:

En conclusion, gravez dans vos coeurs que l’amour réel appartient au domaine de l’émotion mais pas de l’obsession. Il associe raison et sentiments. Il implique un acte volontaire et exige de la discipline. Il reconnaît aussi la nécessité du progrès personnel. Notre besoin émotionnel le plus profond n’est pas de tomber amoureux, mais d’être authentiquement aimés. Recherchons donc un amour qui procède de la raison et de la volonté, non pas d’un instinct. Nous avons besoin d’être aimés par quelqu’un qui choisit de nous aimer et qui voit en nous quelqu’un digne d’être aimé. Cet amour là, l’amour agape fait intervenir l’effort et la discipline. Alors êtes-vous aimé ainsi aujourd’hui et aimez-vous ainsi aussi? « Le coup de foudre c’est voir avec un œil et l’amour c’est voir avec deux yeux! » Gizem