Invité à sa table (ch.11. 23-34)

Série: Solutions célestes pour une église (im)parfaite

Introduction:

Avez-vous vu le film Hook avec Robin Williams? C’est la version de Peter Pan qui a été produite en 1991. C’était un film extraordinaire, qui m’a fait beaucoup rire. Une de mes scènes préférées dans le film est le moment où tous les enfants abandonnés de Never Land s’asseyent autour d’une table, puis commencent à manger de la nourriture imaginaire. Ça met l’eau à la bouche quand le gros garçon fait semblant de manger un hamburger. Robin Williams qui est affamé, et qui est le seul adulte dans la scène, en meurt d’envie. Mais les plats sont vides. Certains l’encouragent alors de faire plus d’efforts avec son imagination. Il se prête au jeu et tout d’un coup la nourriture apparaît dans toutes les assiettes. Les plats sont alors remplis de choses plus succulentes les unes que les autres. Et là on veut vraiment se transporter dans le film et se joindre à eux. C’est encore plus vrai quelques minutes plus tard, quand ils commencent à faire une bataille géante avec de la crème chantilly et des muffins. L’ambiance est hilarante.

Est-ce que vous avez déjà eu l’occasion de faire un repas comme ça? Moi oui! À une colonie quand j’étais gamin. Le personnel du château nous avait servi des cerises en dessert. Je raffole des cerises et en plus nous avons fait une bataille géante de noyaux de cerise lors du dessert. Ça crachait de partout! Gardez-vous le souvenir d’un repas comme ça, qui vous a beaucoup plu et que vous aimeriez pouvoir refaire un jour? Était-il extraordinaire à cause de ce qu’on vous a servi uniquement ou parce qu’il a eu lieu dans des circonstances exceptionnelles?

Il y a des repas extraordinaires, qu’on referait volontiers toutes les semaines, à cause du contexte dans lequel ils sont pris. S’il y a bien un repas qui, selon la bible, devrait entrer dans cette catégorie, c’est le repas du Seigneur. Ce repas n’est pas comme les autres. Il porte d’ailleurs plusieurs noms qui montrent un peu cela. Quels sont les noms qu’on lui donne? (Et pensez à leur signification, qu’indiquent-ils?)

Pour que le repas du Seigneur prenne tout son sens quand nous le prenons le dimanche, nous sommes appelés à faire un peu ce que Robin Williams devait faire dans le film. Nous devons écarter toute distraction et nous représenter certaines choses dans nos esprits. Autrement, ce repas perd toute sa valeur et risque de devenir ce qu’il était devenu pour les Corinthiens : quelque chose de banal et juste un snack pour nous rafraîchir un peu (comme quand on va rendre visite à un ami et qu’il nous sert des cacahouètes et une gorgée de coca durant la soirée). Qu’est-ce que les Corinthiens devaient se représenter et comprendre en prenant le repas du Seigneur? Allons voir ce que Paul avait à leur dire en 1 Corinthiens 11.

I. Le repas du Seigneur est une commémoration :

Tout d’abord au verset 23, nous lisons: « car j’ai reçu du Seigneur, ce que je vous ai enseigné… ». Premièrement Paul rappelle ici que le repas du Seigneur n’est pas une invention humaine. C’est une pratique que Christ a révélée à ses apôtres et qu’ils nous ont transmise par inspiration divine.

C’est une occasion pour nous de nous rappeler Jésus Christ! Regardez le verset 24: « ... ». En prenant le pain et le fruit de la vigne, nous nous rappelons quelque chose de particulier concernant le Christ. Est-ce sa naissance, dont nous devons nous souvenir? Non! La bible ne dit rien concernant le fait de célébrer sa naissance, d’avoir une fête qu’on appelle la Noël. Nous devons nous rappeler sa mort sur la croix, selon ce passage. Quand devons nous faire cela? Bientôt, les catholiques célébreront la Pâque. Est-ce durant la Pâque que nous devons nous souvenir de la mort du Christ? Dans la bible, ce n’est pas la Pâque que les apôtres ou les premiers chrétiens utilisaient pour se rappeler de la mort de Jésus. Dans le Nouveau Testament, jamais une fois nous ne voyons un passage qui nous appelle à célébrer la Pâque. C’est le repas du Seigneur que les chrétiens observaient pour se rappeler de la mort de Christ. L’eucharistie est donc une commémoration, non de la naissance, mais de la mort et de la résurrection de Jésus.

Alors quand on parle de commémoration, ce qui vient souvent à l’esprit, c’est les commémorations du 11 novembre (armisitice de 1918) ou du 8 mai (victoire des alliés en) 1945. Durant ces fêtes, les enseignants aiment amener leurs élèves à des monuments où d’habitude presque personne ne s’arrête, pour entendre des discours qui le plus souvent laissent indifférents. Je me rappelle ces sorties à l’école primaire et secondaire. La seule chose qui nous intéressait c’était de rater des cours. 1918 était bien loin de nous et 1945 aussi. Dans mon esprit autant célébrer ceux qui étaient morts sous Napoléon. Ça n’avait pas beaucoup de rapport avec nos vies d’alors. Je me disais pourquoi ne célébrons-nous pas aussi la mort de ceux qui ont combattu sous Charlemagne ou sous Charles Martel en 732 (victoire à Tours et Poitiers sur musulmans)? Donc les commémorations n’avaient pas beaucoup de valeurs dans mon esprit. Pourtant, il y a quelque chose de différent avec cette commémoration de la mort de Jésus pour moi. Parce que c’est quelque chose de très personnel que Jésus a fait. Quand il est mort sur la croix, il l’a fait vraiment pour moi. Il savait qu’un jour je serais sur cette terre et que j’aurais besoin de son sacrifice pour aller au ciel. D’ailleurs si j’avais été le seul à vivre sur cette terre, il serait descendu de mon temps pour donner sa vie pour moi. J’aime ce qu’un prédicateur a dit à ce sujet. Il dit: « la mort du Jules César me laisse indifférent. Il est mort violemment, mais il n’est pas mort pour moi. La mort de l’explorateur Robert Scott, me laisse indifférent. Il a payé un prix élevé en explorant l’Arctique, mais il n’est pas mort pour moi. La mort de Martin Luter King ne me concerne pas. Il est mort pour le droit civil des afro-américains, mais il n’est pas mort pour mes péchés. Jésus, lui, est mort en héro et en martyre, en sacrifice pour mes péchés. » Imaginez-vous que quelqu’un rentre ici et annonce: « Quelqu’un a versé une grosse somme d’argent a à la banque aujourd’hui! » Est-ce que vous seriez tout excité? Non! Vous seriez peut-être curieux, mais c’est tout. Mais si quelqu’un rentre et dit: « Quelqu’un a versé une grosse somme d’argent à la banque pour vous aujourd’hui! » Là vous seriez extatiques! Pourquoi? Parce que ces deux petits mots « pour vous! » font toute la différence. Jésus a dit selon Paul au verset 24: « ceci est mon corps qui est rompu pour vous! » Jésus est mort pour nous procurer le salut. Un salut très personnel. Il a payé le prix pour nos péchés et grâce à lui nous pouvons aujourd’hui nous présenter à Dieu, malgré nos imperfections, sans crainte, car nous sommes revêtus de sa justice.

II. Le repas du Seigneur est une proclamation :

2e chose que je dois garder à l’esprit en prenant le repas. Regardez au verset 26: « ... ». C’est une proclamation. À chaque fois que vous êtes ici le dimanche et que vous prenez ce repas, vous annoncez, vous prêchez de manière silencieuse, à tous ceux qui vous connaissent (à vos amis, à votre famille) que Jésus est mort pour les péchés du monde, y compris les vôtres! Par conséquent, quand vous n’êtes pas présents, c’est aussi une proclamation.

Beaucoup disent: « j’aimerais évangéliser d’avantage! Mais je ne sais pas comment ou quand » ou « j’aimerais pouvoir prêcher! » Mais ils ne sont pas là pour le repas du Seigneur. Prendre ce repas, quelque part c’est évangéliser. C’est faire passer un message sur vos convictions aux autres. Et pour le faire il suffit de prendre un bout de pain et un peu de fruit de la vigne. Même pas besoin de parler ou d’avoir des masses de connaissances sur la Bible à partager avec autrui. C’est une prédication à la portée de tous.

Mais regardez ce que vous annoncez, ce n’est pas uniquement sa mort, c’est aussi quel événement? Son retour futur. Vous annoncez en prenant la coupe et le pain qu’il reviendra juger le monde un jour, mais que vous l’attendez vous pour pouvoir aller au ciel. Quelqu’un a dit que le repas du Seigneur, c’est jeter un regard en arrière (sur le passé, sur la mort du Christ), mais c’est aussi jeter un regard vers le futur. Et c’est regardez vers l’intérieur, en soi.

III. Le repas du Seigneur est un examen de soi :

Regardez ce que Paul dit aux versets 27 à 31: « ... ».

« C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur… » Le début de cette section est souvent mal compris. Vous est-il déjà arrivé de ne pas prendre le repas du Seigneur parce que vous aviez péché durant la semaine? Je sais que souvent je ne le prenais pas quand j’étais jeune, parce que je me sentais indigne quand venait le dimanche. Et puis à l’école de prédicateur, j’ai appris des choses que je ne savais pas. Laissez-moi vous demander ceci. Prenez-vous ce repas aujourd’hui parce que vous êtes pécheur, ou parce que vous n’êtes plus pécheur? Pourquoi Jésus est-il mort sur la croix? C’est bien parce que par vous même vous êtes incapables d’aller au ciel, n’est-ce pas? Tous nous sommes indignes de Dieu, voilà pourquoi Jésus a donné son corps et son sang pour nous. Il ne faut donc pas refuser le repas simplement parce qu’on a péché durant la semaine. Si je refuse de prendre le pain et le fruit de la vigne, en un sens je risque d’ajouter à mes péchés, puisque Jésus me demande de le faire chaque dimanche.

Si vous avez un doute si vous devez le prendre, posez-vous ces trois questions:

  1. Êtes-vous désolé des péchés que vous avez commis?
  2. Essayez-vous toujours de lutter contre le péché?
  3. Ce repas est-il plus qu’un rituel pour vous, vide de tout sens?
Si vous répondez non à l’une de ces trois questions, alors il faut vous abstenir. Ce repas est saint, il ne faut pas le manger n’importe comment. Il ne faut pas être à l’image de Judas, l’hypocrite. Il a mis la main dans le plat, en même temps que Jésus, en ayant l’intention de ne pas lui être fidèle. Tout ce qui l’intéressait, c’était l’argent qu’il pouvait se faire sur le dos de Christ. Agir comme lui, avec le cœur d’un hypocrite c’est être coupable envers le corps et le sang. Pour éviter que notre cœur ne s’endurcisse, Jésus nous invite à nous examiner. Ça veut dire qu’en le prenant, je dois vraiment penser à comment je vis et comment je dois agir pour m’améliorer et mieux marcher dans ses voies. Je ne peux pas le prendre si je vis toujours en accord avec ma vieille nature, (dans l’adultère, le mensonge, l’addiction…) et si je ne fais aucun effort pour m’en sortir. C’est un moment de réflexion très important, ce qui explique le calme dans lequel on le prend et la fréquence de ce repas Si Dieu nous demande de le prendre 52 fois l’année, c’est parce qu’il connaît bien notre tendance à tomber facilement dans le péché.

Paul insiste sur l’importance de cet examen, en écrivant au v.29 que si quelqu’un mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, alors il prend un jugement contre lui-même. Ne pas discerner le corps, c’est agir comme si le corps de Jésus était le corps d’une prostituée. Mais son église n’est pas une maison close! Paul ajoute que c’est parce que les corinthiens ne s’examinaient pas et ne se remettaient pas en question, que beaucoup étaient malades et infirmes parmi eux. Fait-il ici référence à des maladies spirituelles ou physiques? Le mot infirme (« Arostos » en grec) est utilisé 5 fois dans la bible. Toutes les fois où on le trouve ailleurs qu’ici, il fait référence à des maladies physiques. Alors il n’y a pas de raison de penser autrement pour son utilisation ici. Pareille avec le mot malade et mort (koimao). La bible dit dans d’autres endroits que la maladie est parfois une conséquence du péché. Par exemple en Jacques 5.13 et 15. La mort physique est aussi un moyen que Dieu utilise pour punir le péché (voir Actes 5.1). Si les corinthiens s’étaient remis en question lors du repas du Seigneur, Dieu ne les aurait pas puni ainsi. Ça fait réfléchir, n’est-ce pas?

IV. Le repas du Seigneur est une communion :

Enfin les Corinthiens devaient comprendre que le repas du Seigneur était une communion, un signe d’unité.

Avec qui? 1 Corinthiens 10.16-22 nous donne la réponse: « ... » Selon le verset 17, le pain est un signe d’unité entre tous les chrétiens. Voici comment la Didachè conseillait donc (dans son 9e chapitre) de rendre grâce ainsi en prenant l’eucharistie: « Nous te remercions ô Père pour… Ce pain qui est fait de blé ayant poussé éparpillé sur les montagnes, mais qui a été rassemblé pour produire un seul pain. Pareillement, que tes assemblées soient aussi rassemblées de tous les coins de la terre pour former ton royaume ». C’est une belle illustration. Ce pain que nous prenons aujourd’hui est fait de plusieurs épis de blé, mais il est une masse homogène dans le plat que nous allons bientôt faire passer. Frères, nous formons un seul corps grâce à Jésus, localement mais aussi nationalement et internationalement, ne l’oublions jamais. Voilà pourquoi Paul disait au chapitre 11, verset 33: « ... »

Le repas du Seigneur doit être une communion entre nous, mais aussi une communion avec notre Seigneur. (10.16). Quand nous prenons la coupe, nous sommes un avec Jésus. Le repas du Seigneur c’est donc c’est jeter un regard en arrière (sur le passé, sur la mort du Christ), c’est jeter un regard vers le futur, c’est regardez vers l’intérieur, en soi. Mais c’est aussi regardez autour de soi et vers le ciel.

Conclusion:

Pensez-vous à tout ceci en prenant l’eucharistie ou est-ce devenu un repas banal pour vous? J’espère que vos yeux sont toujours concentrés au bon endroit. Prions ensemble: « ... »