Si vous avez une bible, veuillez l’ouvrir en 1 Corinthiens chapitre 11. Le passage que nous trouvons, à partir du verset 17 jusqu’au verset 34, est exceptionnel. Il est le seul dans le Nouveau Testament a nous donné autant de détails sur deux repas que les premiers chrétiens avaient l’habitude de prendre ensemble. Si vous lisez trop rapidement, vous penserez peut-être que nous n’avons ici que des enseignements sur le repas que Jésus institua avant sa mort. Mais ce n’est pas le cas ! Les premiers chrétiens accordaient beaucoup d’importance à la communion fraternelle et à l’entre-aide mutuelle. Au premier siècle, après la Pentecôte qui suivit la résurrection du Christ, nous trouvons que les nouveaux convertis passaient beaucoup de temps les uns avec les autres. Nous lisons en Actes 2.44-47: « … ». Le plus souvent, les dimanches après le culte, ils mangeaient ensemble avant de se séparer. Nous voyons cela dans divers passages, comme par exemple en Actes 20.11 et en 1 Corinthiens 11.
Comment appelaient-ils ces repas? Nous trouvons la réponse en Jude au verset 12, où nous lisons: « … ». Jude mettait en garde l’église contre les loups, qui venaient à l’église juste pour profiter des autres et semer de faux enseignements. Ces hommes étaient comme des récifs cachés dans la mer qui causaient le naufrage de bateaux. Ils venaient se remplir l’estomac durant les agapes, mais ils ne participaient pas pour faire du bien à autrui. La bible en français courant traduit le terme agape que nous trouvons ici par les termes repas fraternels. Il s’agissait effectivement de repas entre frères et soeurs durant lesquels chacun partageait sa nourriture avec les autres. Mais je préfère le terme agape (love-feast en anglais), parce qu’il donne une dimension particulière à ce repas. C’était un repas à travers lequel les chrétiens étaient supposés manifester de l’amour. Agape dans la bible est la plus haute forme d’amour, celui qui caractérise toujours Dieu le Père et son Fils Jésus Christ. Quand vous lisez en Jean 3.16, « Car Dieu a tant aimé le monde… », c’est une forme du mot Agape qui est utilisé. Quand Jean dit que Dieu est amour en 1 Jean 4.8, c’est à nouveau le même mot qui est utilisé. Les repas fraternels que les premiers chrétiens partageaient devaient donc illustrer l’amour de Dieu.
I. Le problème avec les agapes de Corinthe:
Le problème, c’est qu’à Corinthe, l’assemblée avait oublié ce principe. Paul commence donc à dire ceci au chapitre 11, verset 17: « … ». Leurs rassemblements étaient supposés les aider à grandir dans la foi, à devenir plus mûrs, plus à l’image de Dieu. Mais c’est le contraire qui se produisait. Pourquoi? Que faisaient-ils de mal?
Plus tôt dans sa lettre, Paul disait qu’ils se rangeaient derrière différents prédicateurs (1.10-4.21). Il les reprenait parce qu’ils se traînaient mutuellement en justice.
Mais leur manque d’unité se manifestait apparemment aussi lors de leurs repas en commun. Comment pensez-vous que c’était le cas? Pensez à ce qui se passe lors des repas en prison ou dans les écoles. Avec un peu d’imagination, on peut facilement se représenter ce qui arrivait. Probablement, ils avaient des petits groupes bien séparés quand ils s’asseyaient à table pour manger. Peut-être ils refusaient de faire de la place pour d’autres qu’ils n’aimaient pas.
Je parlais la semaine dernière à deux amies de Marilèna qui jouent badminton avec nous. Elles avaient été au repas de la nouvelle année que le club organisait et je leur demandais comment ça s’était passé. Elles m’ont expliqué qu’elles se sont beaucoup amusées et qu’elles étaient bien entourées. Elles se sont assises aussi loin que possible d’une famille qu’elles n’aimaient pas et tout le monde les a suivi. Cette famille s’est donc retrouvée isolée. Et les filles étaient fières de me dire que ce couple et leurs enfants étaient seuls sans personne à qui parler. Certes cette famille est compétitive, mais ce ne sont pas de méchantes personnes.
Mais le monde met vite à l’écart et érige facilement des murs:
- Tu n’as pas la même couleur de peau, donc tu ne manges pas avec moi !
- Tu es d’un milieu socio-économique différent, donc tu ne peux pas me
comprendre et je préfère ne pas traîner avec toi.
- Tu ne parles pas bien ma langue, donc je ne vais pas me fatiguer et je te mets de côté.
- Et si tu as le malheur de sentir un peu mauvais ou de ne pas être une personne qui rentre dans les normes vestimentaires, alors tant pis pour toi ! »
Nos agapes mes frères manifestent-ils ce genre d’attitude? Nous y reviendrons
Isolé de son contexte, ce verset est difficile à comprendre. Un des buts principaux de leurs rencontres les dimanches devait bien être de prendre le repas du Seigneur ensemble. C’est pour cela que Paul va parler à partir du verset 23 du repas du Seigneur que Jésus institua. Il leur réexpliquera quels étaient les éléments utilisés et les raisons pour lesquelles Jésus établit cette pratique. Les agapes étaient importantes pour l’église, mais elles ne devaient pas remplacer, ni être confondues avec le repas du Seigneur.
Ceux qui avaient des moyens financiers suffisants pour amener de la nourriture s’empiffraient, tandis que d’autres n’avaient rien et étaient tourmentés par la faim. Si vous relisez le livre des Actes, vous verrez que presque toujours une des raisons principales de manger ensemble pour les chrétiens était d’aider les moins aisés d’entre eux, les indigents et les pauvres. Ceux qui avaient en abondance étaient supposés partager avec ceux qui n’avaient pas. Mais à Corinthe, l’amour de Dieu n’était plus manifesté de cette manière durant leurs agapes. C’est le contraire qui se passait. Les différences socio-économiques étaient accentuées par leur égoïsme.
Le but des agapes n’était pas juste de se remplir l’estomac. Si c’était pour se conduire ainsi, ils n’avaient pas besoin d’organiser un repas fraternel. Mieux valait pour eux manger chez eux, plutôt que de faire honte à ceux qui ne pouvaient rien amener et de mépriser ceux que le Seigneur aimait. Ce sont des mots très forts ! Ils doivent nous faire réfléchir aujourd’hui.
II. Nos agapes reflètent-elles l’amour de Dieu?
Nous avons eu un repas en commun aujourd’hui. Pouvons-nous dire que c’était des agapes? Si Paul ou Jésus avait participé à ce repas, qu’auraient-ils pensé? Nous reprendraient-il ou nous féliciteraient-ils? Il est important de retirer des leçons de ces erreurs que commettaient les Corinthiens.
À quoi nos repas servent-ils? Vous êtes-vous déjà posés la question? Quand nous sommes venus voir la toute première fois cette salle pour savoir si nous allions la prendre, quel a été un des arguments que j’ai utilisé pour vous convaincre? La possibilité que nous aurions d’avoir des repas fraternels. Considérez-vous que c’est une chose importante? Elle l’était vraiment pour les premiers chrétiens. C’est pour cette raison, qu’ils partageaient très régulièrement leur nourriture les uns avec les autres. Au point que c’était vécu comme une vraie perte si quelqu’un ne pouvait plus participer. C’est pour cette raison qu’en 1 Corinthiens 5.11, Paul disait de faire ceci avec le frère rebelle à Dieu: « … ».
J’ai entendu pas mal de fois des chrétiens dire que pour eux ce repas n’est pas nécessaire. Ils préfèrent venir juste au culte. C’est le cas pour eux, parce qu’ils ne comprennent pas que c’est un moment où on a l’opportunité d’être à l’image de Dieu, de faire l’expérience de son amour et de le manifester à d’autres. Ce repas est supposé être une agape. Alors, si Jésus ou Paul était avec nous, le verraient-ils ainsi? Plusieurs choses sont importantes si je veux que ce repas soit significatif. Je dois faire attention à quatre choses:
Quand nous nous asseyons à table, choisissons-nous toujours les mêmes places, avec les mêmes personnes? Avons-nous chacun notre petit coin, avec notre petit groupe, duquel nous ne sortons pas? Si Paul était là, je pense qu’il ferait tout pour s’asseoir une fois avec certaines personnes, puis l’autre fois avec d’autres. Pour trois raisons:
Ceux qui passent en premier devraient toujours penser aux derniers. Y aura-t-il suffisamment pour tous. S’il n’y a qu’une pizza, est-ce que je prends quatre morceaux ou est-ce que j’essaie d’en prendre juste une toute petite tranche pour en laisser aux autres? Ce repas doit refléter le partage.
Mais allons plus loin. Cherchons-nous à travers ce repas à faire du bien à autrui, à nourrir celui qui est dans des difficultés financières? Ce repas est une belle opportunité pour nous d’aider les personnes qui ont de petits revenus.
Quand Tammy me demande ce que je veux qu’on fasse avec les restes du repas, je lui dis de donner à ceux qui n’ont pas grand chose. Nous savons tous qui a plus difficile durant la semaine de nouer les deux bouts financièrement et qui ne connaît pas ces difficultés. C’est eux qui doivent repartir avec le plus gros des restes. Mais pas seulement eux. C’est aussi une occasion pour aider les célibataires qui ont dur de cuisiner juste pour eux-mêmes. Ce n’est pas facile quand on est seul d’avoir envie de se faire à manger. Ceux d’entre nous qui sont mariés peuvent être sensibles à cela. Pareillement, les mamans avec beaucoup d’enfants, surtout celles qui travaillent toute la semaine et puis qui rentrent et sont débordées peuvent apprécier de recevoir un plat qu’elles peuvent réchauffer rapidement. L’idée de notre repas, c’est de trouver un moyen à travers lui de faire du bien à autrui et de montrer notre amour. C’est l’occasion pour les plus nécessiteux de recevoir de l’aide sans ressentir de la honte.
J’ai parlé des célibataires qui ont parfois plus difficile de cuisiner parce qu’ils sont seuls. Mais si vous êtes célibataires, essayez de ne pas être uniquement, repas après repas en commun du côté des receveurs. Vous avez aussi la responsabilité de montrer l’amour du Seigneur à travers ce repas. Si vous n’amenez rien, est-ce réellement parce que vous n’avez pas les moyens financiers ou le temps ou la capacité, ou est-ce parce que vous n’avez pas suffisamment d’amour?
Autre point, et je termine avec celui là. Je suis passé par certaines églises où lors de ces repas, les choses étaient faites comme dans une usine. On sert une louche sur chaque assiette, puis vite il faut s’asseoir, manger et avant qu’on aie finit les dames reprennent les assiettes et il faut y aller pour qu’on puisse fermer l’église avant qu’il ne soit trop tard. Ça devient mécanique. Il n’y a alors plus le temps de vraiment parler ensemble, de partager ce qu’on a sur le cœur et de parler de Jésus aux visiteurs éventuels. C’est triste quand c’est le cas. Il peut y avoir des circonstances inhabituelles où ça arrive, par exemple lors de conférences durant lesquelles il y a un horaire à respecter. Mais si ça se passe mois après mois, mieux vaut dans ce cas prendre du recul et ne pas avoir de repas en commun.
Conclusion:
Pour conclure, laissez-moi vous parler d’un conte perse qui fait partie du recueil des milles et une nuits. Peut-être l’avez-vous déjà entendu? Il s’agit de celui de celui de Yahya le Barmécide et de l’hôte indélicat. Yahya le Barmécide est un riche marchand. Il accueille chez lui un mendiant affamé. Pour honorer cet indigent, il lui propose de faire un repas somptueux. Les serviteurs commencent à apporter des plateaux, mais ils sont vides. Le pauvre n’y comprend rien parce que Yahya se sert une louche de rien du tout, puis il puise du vide dans un plat et il commence à faire comme s’il mangeait. En faisant semblant de manger, Yahya décrit tous les aliments succulents qu’il fait semblant de mettre en bouche. Au bout d’un long moment, le mendiant n’en peut plus. Toutes ces descriptions l’affament encore plus. Fâché, il demande donc que Yahya lui passe la carafe de vin, qui est vide, puis il fait semblant de se servir. Il porte le verre à sa bouche, puis boit d’un trait, se lève en titubant et fait semblant de piquer une colère d’ivrogne. Il gifle Yahya, qui réalise alors qu’il est pris à son jeu. Yahya éclate de rire et félicite son hôte pour sa vivacité d’esprit. Dans le conte, ils deviennent alors amis et Yahya lui fait servir un vrai repas. De cette histoire est sortie l’expression « faire un festin de Barmécide », qui signifie faire penser à quelqu’un qu’il va recevoir quelque chose de bien, alors qu’en fait nos promesses sont vide de substance.
Pourquoi est-ce que je vous raconte cette histoire aujourd’hui? Parce que Dieu ne veut pas que nos agapes deviennent des festins de Barmécide. Faisons donc tout notre possible pour qu’il n’en soit jamais ainsi.
Prions: « … »