Quand on aime, on donne sans compter (Ch. 9.6-18)

Série: Solutions célestes pour une église (im)parfaite

Introduction:

Quand j’étais jeune, il y avait une chanson que j’aimais beaucoup. Il s’agissait d’un petit garçon qui allait trouver sa maman dans la cuisine. Elle préparait un repas pour lui. Le petit garçon lui remit un papier sur lequel il avait griffonné ceci:

Pour avoir fait mon lit toute la semaine, 3 francs
Pour avoir été aux commissions, 1 franc
Pour avoir surveillé le bébé pendant que toi tu allais aux commissions, 1 franc 25
Pour avoir descendu la corbeille à papiers, 75 centimes
Pour avoir remonté la corbeille à papiers, 1 franc et 10 centimes
Pour avoir arrosé les fleurs sur le balcon, 25 centimes
Total, 9 francs et 85 centimes.

Sa maman Marie Laforêt, le regarda. Il était en train de se tortiller en mâchant son crayon. Elle prit son crayon, retourna la feuille et écrivit à son tour ceci:

Pour neuf mois de patience et douze heures de souffrance, cadeau
Pour tant de nuits de veille, surveillant ton sommeil, cadeau
Pour les tours de manège, les jouets, le collège, cadeau
Et quand on fait le tour, le total de mon amour, c'est cadeau!

La chanson dit que quand le petit garçon eut fini de lire, il avait de grosses larmes dans les yeux. Il leva la tête et a dit: "M'Man, je t'aime très beaucoup!"

Il reprit son papier, le retourna, et en grosses, grosses lettres, marqua: "CADEAU". Puis la chanson se termine avec ces paroles un peu différentes du refrain: "Et quand on fait le tour, le total de l’amour, c'est cadeau!" Ça fait 35 ans que j’ai entendu cette chanson, mais je ne l’ai jamais oubliée, parce que son message est vraiment beau. Quand on aime, on donne sans compter. Pourquoi est-ce que je vous parle de tout ceci aujourd’hui? Parce que nous retournons en 1 Corinthiens 9, et nous voyons dans les versets 7 à 18, que c’est ainsi que Paul procédait avec ses frères et ses soeurs dans la foi.

I. Il donnait sans compter:

Lisez avec moi le verset 18, et constatez avec moi que c’était bien le cas: "...". Dans ce qui vient juste avant ce verset Paul établit le fait qu’il avait pourtant le droit de prélever un salaire. Regardez du verset 6 au verset 14: "..."
  1. Le droit de percevoir un salaire:

    Dans ce passage, Paul donne 5 raisons pour lesquels il aurait normalement dû percevoir un salaire de leur part.

    1. Verset 6, parce que c’est ce que les autres apôtres et évangélistes faisaient.

    2. Versets 7 et 8, parce que c’est ainsi que fonctionnent toutes les professions dans le monde. C’est ainsi que tous les chrétiens de l’assemblée subsistaient. Un soldat était payé par l’état, un fermier vivait grâce à ses récoltes et un éleveur grâce à ses bêtes.

    3. Versets 8b-10, parce que la loi de Moïse aussi affirmait que c’était un principe juste.
      En Deutéronome 25.4, elle disait que le fermier ne pouvait pas emmuseler le boeuf quand il foulait le grain. L’animal devait pouvoir manger librement quand il travaillait. Paul leur posa donc une question: “Dieu se met-il en peine des boeufs ou parle-t-il uniquement de nous?” En d’autres termes, Dieu avait-il ordonné cela pour le bien du boeuf uniquement ou pour enseigner quelque chose aux chrétiens. Dieu se met en peine pour les animaux aussi bien sûr. Des passages comme Matthieu 6.26 et 12.11-12 le montrent. Dans l’A.T il y a aussi Genèse 49.6 qui parle à ce sujet. La loi de Moïse protégeait les animaux aussi, comme en Dt 5.14 ou en Exode 23.19. Mais ce qui importait le plus pour Dieu selon Paul, c’était d’enseigner à ses enfants à travers ce commandement, que lorsque quelqu’un travaillait pour eux, l’individu méritait un salaire. Laissez-moi vous poser une question? Est-ce que prédicateur vaut plus qu’un animal? Si un animal travaillait pour vous, le nourririez-vous? Oui, c’est ce que Paul était en train de dire aux frères, alors il avait le droit de percevoir un salaire de leur part.

    4. Selon le verset 13, le système lévitique montrait aussi ce droit. Dieu lui-même laissait une portion des sacrifices et offrande à ses prêtres dans le temple.
      Si Dieu partageait avec ses prêtres, les prêtres de Dieu avait-il une grande valeur à ses yeux? Oui, car Dieu savait que son travail ne s’accomplirait pas sans eux. C’est pareil dans l’église. C’est pour cette raison qu’une partie de ce qu’on offre aux collectes devrait aller au prédicateur.

    5. Et le 5e argument enterre la chose. Il dit: "Car Jésus lui-même ordonne que ce soit ainsi!"
      S’il ordonne que ce soit ainsi, quel chrétien oserait s’opposer à ce principe?

    Paul avait le droit de percevoir un salaire de l’assemblée des Corinthiens, mais il ne le faisait pas. Pourquoi? Et comment parvenait-il alors à évangéliser Corinthe?

  2. Comment Paul subsistait:

    Au départ, la bible nous informe qu’il a trouvé un travail à temps partiel. En Actes 18.1-3 nous lisons qu’il s’associa à Priscille et Aquilas pour faire des tentes. Quand il terminait son travail, il allait prêcher aux foules. Imaginez-vous le nombre d’heures de travail que ça représentait. Combien de soirs la semaine dédiez-vous à Dieu après votre travail? Cette situation était loin d’être idéal pour Paul. Mais son besoin de manger et de gagner son pain ne changeait pas son désir d’oeuvrer aussi pour Dieu. Notez bien ceci. Paul savait ce qui était le plus important dans la vie. Ce n’était pas de se faire une petite maison confortable, mais d’évangéliser le monde et de faire progresser l’église. Et donc, dès qu’il en avait l’opportunité, il laissait ses aiguilles et ses ciseaux de côté pour oeuvrer à temps plein pour Dieu. Il ne faisait pas comme nous. Il ne laissait pas de côté son tablier pour regarder la TV, mais pour travailler d’avantage pour Dieu. En Actes 18.5, nous lisons que lorsque Silas et Timothée arrivèrent avec du soutient financier, il se consacra entièrement à la prédication de la Parole. D’où venait ce soutient financier que Silas et Timothée amenaient avec eux? D’autres églises qui avaient décidé par amour d’aider Paul dans son ministère. En Phil 4.14-19 nous lisons par exemple que celle de Philippes l’assistait. Mais ce qui motivait Paul n’était pas l’argent. Il sacrifiait ce droit au salaire. Regardez ce qu’il écrit ensuite en 1 Corinthiens 9.15-18: "...". Pourquoi Paul prêchait-il? Par obligation? Non c’est parce qu’il avait ce désir au plus profond de lui. Il ne pouvait se contenir en pensant aux âmes perdues. Il était un peu comme un autre prophète dans l’Ancien Testament qui écrivit ceci en Jérémie 20.9: "...". Ressentez-nous de la passion pour la Parole de Dieu aujourd’hui? Y a-t-il un feu qui brûle en nous de la même manière qu’en Paul? Nous savons maintenant en partie comment Paul faisait pour vivre sans percevoir de salaire de l’assemblée locale, là où il prêchait.

  3. Mais pourquoi refusait-il un salaire?

    La raison est expliquée en partie au verset 12: pour ne pas créer d’obstacle à l’évangile. Ainsi, personne ne pouvait dire qu’il était intéressé par le porte-monnaie des gens quand il allait frapper aux portes pour évangéliser.

    Deuxièmement, la petite église qui naissait à Corinthe pouvait ainsi se concentrer sur d’autres charges, comme peut-être le bâtiment où elle se rassemblait et l’aide qu’elle offrait aux gens. En fait derrière tout ceci, nous sentons que Paul faisait cela à cause du grand amour qu’il avait pour l’assemblée de Corinthe. C’est confirmé en 2 Corinthiens 12.13-18: "...". Nous voyons là que certains remettaient en cause la légitimité du ministère de Paul, parce qu’il refusait de percevoir un salaire. Il l’expliquait peut-être ainsi: "Si Paul ne prend pas votre argent, c’est parce qu’il sait qu’il ne le mérite pas. C’est parce que sa conscience est entachée. Il n’est pas un vrai apôtre!". Lui se défendait en disant que c’était par amour qu’il refusait de prendre l’argent des frères. C’est parce qu’il se voyait comme un père et c’est aux parents de prendre soin des enfants et non le contraire. Je vois toujours ce principe quand je vais en Belgique. Je gagne plus que mes parents, mais ils donnent toujours de l’argent pour m’aider. Quand j’essaie de refuser, ils sont attristés (j’ai vu un reportage cette semaine qui disait que c’était pareil avec Julien Clerc quand il est devenu une vedette. Son père continuait à lui glisser un petit billet tous les dimanches pour qu’il ait de l’argent de poche). Paul se voyait donc comme un père et par amour il essayait de faire les choses gratuitement pour l’assemblée de Corinthe. Arrêtons nous à présent ici et retirons les grosses leçons de ce passage.

II. Les leçons:

Pourquoi est-ce que j’insiste sur tous ces points? Est-ce parce que je veux un salaire de votre part? Est-ce pour cela que Paul parlait ainsi aux frères? Non, ne vous tracassez pas. Mais c’est bon à savoir pour plusieurs raisons.
  1. Ce que je vois ici c’est que ce n’est pas à l’État de payer les prédicateurs et pasteurs et autres conducteurs religieux. C’est aux membres de l’église.
    Et si je ne cherche pas un salaire pour moi-même, je veux rappeler qu’un jour ce sera votre responsabilité de pourvoir un salaire pour votre prédicateur.

    Cet été, j’étais aux USA et un de nos amis m’a dit quelque chose d’intéressant. Il vient d’un autre type d’église, et il ne comprend pas pourquoi dans l’église du Christ on ne paye pas les anciens. Savez-vous comment il a formulé son opinion? Il m’a dit qu’on ne doit pas beaucoup respecter et valoriser le travail des anciens, parce qu’on paye tous ceux qu’on apprécie et dont on a besoin dans le monde. Son commentaire était intéressant au vu de passage comme celui de 1 Timothée 5.17-18: "..." On paye tous ceux dans le monde qui oeuvrent pour nous n’est-ce pas? Si vous faites venir le plombier, le payez-vous? Si vous faites venir le réparateur pour votre lave-vaisselle, le payez-vous? Vous payez le docteur, l’enseignant de vos enfants, la femme d’ouvrage qui nettoie les toilettes au cinéma, alors pourquoi ne payons nous pas nos prédicateurs sur le champ missionnaire? Nous ne pouvons pas compter indéfiniment sur nos frères qui sont dans d’autres assemblées. Tôt ou tard, nous devons nous prendre en main et assumer nos responsabilités. C’est comme un jeune qui vit chez ses parents. Tôt ou tard il doit assumer financièrement ses besoins. Le plus vite il y parvient et le plus vite il peut être fier de lui-même.

  2. Deuxièmement, tous ces points sont importants car si nous ne réalisons pas cela nous n’aurons jamais de prédicateurs à temps plein dans nos églises.
    De nombreux chrétiens ne sont pas capables de se former et de choisir d’oeuvrer pour Dieu à temps plein dans son église comme ils le voudraient, car les églises n’ont pas compris l’importance de ces principes. Et si nous n’augmentons pas le nombre de nos prédicateurs, nous n’évangéliserons jamais vraiment la France.

  3. L’exemple de Paul nous rappelle que nous devons reconnaissance à nos conducteurs.
    Il y a quelques semaines Bruno m’a dit: “Je n’ai pas à dire merci quand tu prêches pour nous!” C’est faux. À chaque fois que je me lève et que je prêche pour l’assemblée, surtout si c’est mon occupation à temps plein, il est redevable, comme tous les membres de l’assemblée. Paul dira ceci en Galates 6.6-7: "...".

    Un cheval quand il laboure un champ, reçoit au minimum une caresse du fermier de temps à autres, et le fermier se montre reconnaissant envers lui.

    Quand Alex a pris congé pour faire ma maison pendant plus d’un mois, il m’a beaucoup impressionné. Je n’oublierai jamais le sacrifice qu’il a fait. Toutes les fois où il m’a prêté sa voiture pour faire nos colonies, où il m’a donné des pots de peinture. Je lui en serai toujours reconnaissant. De la même manière nous devons la reconnaissance à nos travailleurs. Savez-vous que pour présenter une seule leçon, ça demande une dizaine d’heures de préparations? Pour chaque étude que je donne, il faut 4 ou 5 heures de travail. J’ai fait un petit calcul pour vous aider à réaliser. Si on compte 24 heures de travail, rien que pour les leçons que j’ai présentées deux fois par semaine depuis que je suis à Strasbourg, c’est à dire depuis 14 ans, j’ai investi à ce jour 728 jours de travail pour vous ou 2 ans en continu (sans dormir, manger ou prendre de pause). Et ça ne prend pas en compte les colonies, les jours passés à gérer le site de l’église, à visiter les contacts, à faire le bulletin, les études pour les enfants, les démarches administratives, les retraites et encore bien de nombreuses choses. Tout ça c’est beaucoup de travail. Pour ma part je ne suis là que depuis 14 ans, mais certains prédicateurs sont là depuis 40 ou 50 ans. Le moins que les membres puissent faire, c’est d’être reconnaissants, c’est de se rappeler tout ceci quand ils ont des conflits avec leurs conducteurs (1 Thess 5.12-13). Et entre parenthèses, les conflits sont inévitables, parce que le prédicateur est homme, donc imparfait. Il va parfois faire des erreurs. Et puis son travail consiste à reprendre aussi. De temps à autres, il va dire des choses qu’on n’apprécie pas. Et vice versa d’ailleurs. Remarquez que peu importe les sacrifices de Paul, il y avait toujours des personnes qui trouvaient moyen de critiquer.

Conclusion:

Je suis à court de temps, mais j’en arrive à présent à ma conclusion. Que dire pour terminer ce sermon? N’oublions donc jamais que c’est par amour que les conducteurs de l’église oeuvrent parmi nous. De leur part, leur oeuvre pourrait se résumer à un petit mot au dos de votre bible. Savez-vous lequel? Cadeau. Ce mot résumerait d’ailleurs parfaitement aussi l’oeuvre du Christ et de Dieu le Père. Jean 3: 16 dit: "...". En d’autres termes: "Cadeau!" Remercions Dieu pour tous ces cadeaux que nous avons reçus de sa part aujourd’hui. Prions: “…”