Être un artisan de la paix

Série: Mariés et heureux

Introduction:

J’espère que cette série de leçon ne se fait pas longue et que vous l’appréciez toujours. Il est vrai qu’elle est de nature un peu différente que celles que nous voyons d’habitude. Elle n’est pas textuelle, basée sur un livre de la bible en particulier, mais plutôt thématique.

Nous avons beaucoup parlé du devoir des hommes jusqu’à présent. Christophe m’a demandé la semaine dernière quand nous allons parler de la responsabilité des femmes à nouveau. Le tour des femmes va venir, mais il est juste de commencer d’abord avec l’homme, car bibliquement parlant c’est lui qui doit initier les changements s’il est chrétien. Il doit conduire, voir Cantiques des Cantiques 1.4. L’homme doit aimer sa femme correctement. Pour aimer nos épouses comme nous le devons, il faut leur épeler le mot couple. Cet acronyme représente plusieurs devoirs du mari.
Le C indique qu’il doit être connecté avec elle.
Le O indique qu’il doit être ouvert avec elle.
Le U indique qu’il doit être ultra-sensible ou ultra-compréhensif.

Aujourd’hui nous nous concentrons sur le P. Le P représente le mot Pacificateur. Qu’est-ce qu’un pacificateur? Le dictionnaire dit ceci: « Un pacificateur est une personne dont la mission est de restaurer la paix dans une région. C’est une personne qui apporte l’apaisement. » La bible dit en Matthieu 5.9: « … ». Le chrétien qui œuvre pour amener la paix dans son foyer, dans son église, dans son voisinage, dans sa classe à l’école ou à son lieu de travail est donc apprécié par Dieu et détenteur d’une promesse : celle de connaître le bonheur. Bien sûr cette bénédiction n’est pas toujours instantanée. Il faut parfois un certain temps pour récolter les fruits d’une telle attitude. Mais tôt ou tard, Dieu promet à ceux qui procurent la paix qu’ils seront récompensés par le bonheur. Voulez-vous un mariage heureux? Alors il faut être un artisan de la paix, un pacificateur. Nous allons voir comment dans quelques instants, mais avant il me faut préciser certaines choses. Etre un artisan de la paix ne veut pas dire éviter les conflits à tous prix. Un chrétien aura des conflits ne serait-ce qu’en prêchant la Parole.

I. Le côté positif des conflits:

Il n’existe pas de couples sans conflits et les conflits dans nos relations de couple ne sont pas toujours une mauvaise chose. Une des premières questions qu’un conseillé prénuptial demande à un couple qui désire se marier est: « Est-ce que vous avez eu des disputes? » Pourquoi? Parce que deux personnes qui n’ont jamais eu de conflits ne se connaissent pas réellement. Soit ils n’ont pas passé beaucoup de temps ensemble, soit ils portent toujours un masque et n’ont pas révélé qui ils sont véritablement. Une absence de conflit indique que deux personnes ne se sont pas vues dans leurs mauvais moments et n’ont pas atteint un niveau d’intimité réel. Ils ne savent probablement donc pas dans quoi ils s’embarquent. (Ça peut marcher, mais ce sera dur et il risque d’y avoir beaucoup de déception). C’est quasiment inévitable pour deux personnes qui ont chacun leurs besoins, leurs propres habitudes, leurs propres convictions et façon de voir les choses de rentrer en conflit avant de trouver une voie commune qui satisfera les deux individus. Les conflits permettent donc parfois d’unifier un couple, de comprendre d’avantage son conjoint. C’est la première raison pour lesquels les conflits sont parfois une bonne chose.

La seconde raison c’est parce qu’ils indiquent une certaine dose de passion. Tous les conseillers matrimoniaux sont d’accord sur ce point. Si les membres du couple sont investis émotivement, alors il va y avoir des étincelles de temps à autres. Les meilleurs mariages ne sont pas ceux où il n’y a plus de conflits, mais ceux où les conflits sont gérés correctement. Il est certain que lorsque deux conjoints s’accrochent, ça peut aller dans deux sens. La petite étincelle peut produire un feu de forêt incontrôlable qui dévaste tout sur son passage ou elle peut produire un brasier qui réchauffe la maison et rend la vie plus confortable. Tous les couples mariés doivent donc réaliser qu’il va y avoir des étincelles et se poser cette question: « Comment allons-nous gérer pour être des pacificateurs quand nous entrons en conflit? »

II. Conseils pour gérer les conflits:

  1. La première chose qu’un artisan de la paix doit savoir faire pour maîtriser les conflits et éviter les dérapages, c’est de savoir gérer sa colère.

    La bible ne dit pas « Ne vous mettez pas en colère. » Jésus s’est mis en colère contre les vendeurs dans le temple, n’est-ce pas ? Mais cette colère était une colère juste et contrôlée. Remarquez que Jésus ne s’est pas fâché parce qu’on lui avait fait personnellement un affront. Il ne s’est pas mis en colère parce qu’il sentait que ses besoins n’avaient pas été pris en compte. Sa colère n’était pas égoïste.

    La bible ne dit pas de ne pas nous mettre en colère, mais elle dit : "ne soyez pas rapide à vous mettre en colère" (Jacques 1.19) et si vous vous mettez en colère, ne péchez point, que le soleil ne se couche pas sur votre colère (Éphésiens 4.26). Ça me rappelle ce que Martin Luther écrivait concernant les sentiments négatifs. Il disait: « Comme des oiseaux, nous ne pouvons pas les empêcher de voler au dessus de nous, mais nous pouvons les chasser s’ils essayent de faire un nid sur notre tête. » On ne peut pas toujours éviter les émotions que certaines situations créent en nous, mais nous pouvons donner des limites à ces émotions, notamment dans l’intensité et la durée. Il est capital pour nous d'apprendre à le faire.

    Avez-vous entendu parler du python géant qui a tué deux enfants au Canada, il y a quelques semaines? Quand les policiers sont arrivés, ils ont cru que le serpent s’était échappé d’un magasin d’animaux qui était au bas de l’immeuble. Mais au fur et à mesure de l’enquête, ils ont découvert que le serpent appartenait au papa et qu’il s´était échappé de son aquarium durant la nuit, qu’il était passé par les conduits d’aération pour arriver dans la chambre des enfants et qu’il les avait étranglé en sentant la chaleur qui émanait de leur corps. En voyant de tels reportages, je me dis que les gens sont un peu fous en adoptant certains animaux. C’est comme ceux qui adoptent un lionceau et qui s’étonne quelques années plus tard quand leur enfant se fait attaquer et dévorer par l’animal qui a grandi. Je ne pense pas qu’un de nous serait prêt à exposer ses enfants ou son partenaire à de telles bêtes. Mais en un sens, nous laissons parfois entrer un tueur tout aussi dangereux dans nos foyers. De quel tueur s’agit-il? De la colère non résolue. La colère non résolue peut semer le chaos dans nos ménages et détruire nos relations conjugales. Sans exagération, quand je permets à la colère de rester dans mon coeur un instant de plus que ce qui est raisonnable, c’est comme si je m’attachais une ceinture d’explosifs autour de mes reins. Et le plus je garde cette colère, et le plus je mets d’explosifs sur cette ceinture qui risque à tout moment d’exploser et d’emporter tout sur son passage. Si éventuellement cette colère n’est pas apaisée, elle finira par m'exploser au visage.

  2. Deuxièmement un artisan de la paix doit savoir évaluer correctement la magnitude des choses qui fâchent et y adapter ses réponses.

    Souvent nous répondons de manière disproportionnée émotivement à des situations qui ne sont pas si graves que ça. Par exemple, votre mari oublie de passer par la pharmacie pour allez chercher un médicament que le médecin vous a prescrit… quand il rentre et que vous l’apprenez, vous explosez... Un jour ne fait pas tant de différences que ça dans la plupart des cas et autrement il y a toujours la pharmacie de garde. Ou bien le dîner n’est pas prêt à l’heure que vous le souhaitez messieurs et vous avez très faim. Vous décidez de remonter les bretelles à votre femme et vous commencez à lui crier dessus. Le conflit est dû à de l’égoïsme et de l’égocentrisme. Dans les deux cas nous avons une situation peu stressante, qui donne lieu à des réponses émotives disproportionnées. Toujours avant de se mettre en colère, il faut essayer de se demander: « Est-ce que je sens la tension monter en moi à cause d’un gros ou d’un petit problème? » Un petit problème doit donner cours à une petite réponse émotive, seul les gros problèmes doivent mener aux grosses réponses émotives.

  3. Troisièmement, il faut apprendre à ne pas fuir les discussions quand nos épouses nous en veulent, messieurs.

    Être un artisan de la paix, ça ne veut pas dire frustrer sa femme en refusant de parler avec elle de ce qui ne va pas. C’est prendre le taureau par les cornes et essayer d’apaiser ses sentiments.

    Une des plaintes habituelles des hommes, lorsqu’ils parlent de leurs épouses, n’est pas qu’elles deviennent hystériques, mais des historiennes hors paires lorsqu’ils se disputent avec elles. Elles ont une mémoire presque surhumaine. Presque toutes les femmes peuvent se rappeler de qui a dit quoi, quand les événements ont eu lieu et qui portait quoi. C’est en partie parce que les conflits les marquent plus, mais aussi parce qu’elles sont conçues ainsi. Elles repassent les événements en boucle jusqu’au moment où elles trouvent une résolution et elles peuvent se sentir aimées dans la relation. Voilà pourquoi, leur dire de juste laisser tomber (que c’est bon, que c’est fini, de tout oublier) en cas de désaccord n’est pas la meilleure manière d’opérer. Ça marche peut-être bien entre hommes (car nous n’avons pas besoin de parler de nos sentiments…) mais elles ne le feront pas. Elles y penseront et penseront encore, jusqu’au moment où elles pourront clarifier les choses avec leurs maris. Elles se diront probablement que secrètement vous êtes toujours fâchés sur elles et que les problèmes ne sont pas résolus.

  4. Nous trouvons un autre conseil pour gérer les conflits en Proverbes 15, verset 1. La bible dit: « … ». Il nous faut donc choisir nos paroles avec soin.

    Lorsque nous montrons de l’amour et de la patience envers nos femmes en période de conflit, alors nous touchons plus facilement leurs coeurs. Elles ont aussi tendance à réciproquer. C’est pour cette raison aussi qu’il nous faut apprendre à demander pardon suite à un mauvais comportement ou à des mots pas très sensibles. Deux hommes n’ont pas toujours besoin de se le dire, c’est implicite. Mais pour une femme c’est important. C’est un signe d’amour. C’est le premier pas vers une réconciliation. Si nous nous excusons pour un mal que nous avons fait et que nous sommes sincères, nos femmes nous rencontreront habituellement à mi-chemin et s’excuseront pour la part de faute qui est la leur. Vous me dites que faire si ce n’est pas le cas? Persistez, gentiment avec douceur… persistez avec amour. Rappelez-vous ce que Winston Churchill a dit lors d’une de ses dernières conférences où les gens s’étaient assemblés pour l’honorer pour son rôle lors de la 2e guerre mondiale. Il s’est levé et a prononcé 12 mots qui sont devenus célèbres: N’abandonnez jamais… n’abandonnez jamais, jamais… N’abandonnez Jamais, jamais, jamais! »

  5. Il nous faut apprendre à pardonner et à supporter. Éphésiens 4.31-32 dit: « … »

    Savez-vous ce que signifie pardonner dans les Écritures? Le mot utilisé en grec signifiait: « libérer, dénoué les liens ». Quelle belle image! Quand nous nous fâchons contre quelqu’un, nous le faisons parfois prisonnier de notre colère. On le traîne derrière nous (comme dans l’histoire d’Achille avec Hector le prince de Troie, dont il traînait le cadavre derrière son chariot, en représailles pour la défaite et la mort de Patrocle, d’après Iliade d’Homer). Dieu nous demande de pardonner, même si l’erreur est récurrente (Mt. 18.21-22), de dénouer les liens. C’est seulement en agissant ainsi que Dieu dénouera nos propres noeuds.

Conclusion:

Savoir gérer adéquatement les conflits est important. En terminant, je voudrais vous montrer pourquoi avec une illustration. Regardez votre main droite. Placez-la bien en face de vous, la paume vers le haut et les doits écartés. Vous êtes à l’image de cette main. Votre esprit est comme les doigts qui bougent librement. Lorsqu’il est ouvert il vous permet de faire de belles découvertes, de saisir des tas de choses. Quand vous rencontrez quelqu’un, il est le premier à entrer en contact avec l’autre, tout comme votre main est la première à aller vers les personnes, à les toucher. Le problème est que lorsque nous nous mettons en colère, et que nous ne résolvons pas le conflit, la colère devient rancœur et notre coeur se ferme, tout comme notre esprit. Fermez votre main et replier vos doigts. Faites un poing bien serré. C’est marrant, un poing fermé est le symbole de quoi? De la colère et de la défiance. Imaginez une vie avec les mains ainsi en permanence. Auriez-vous difficile? Oui, parce que vous seriez handicapé. Vous ne pourriez plus faire tout ce que vous pouvez faire aujourd’hui. La seule chose pour laquelle vous seriez bon c’est pour boxer et frapper les autres avec force. Frères et soeurs, il faut retirer des leçons de cette illustration. Nous ne sommes pas fait pour fonctionner ainsi. Dieu a conçu notre esprit pour être ouvert. Faisons donc tout notre possible pour que nos paroles ou nos actions ne heurtent pas autrui. Et si nous faisons du mal sans le vouloir, alors corrigeons-nous afin que l’âme et le coeur des autres puissent rester ouverts et ne pas être remplis d’amertume. Il me semble que c’est être un artisant de la paix.

Prions...