Passages de base: Deut. 10.17-19 et Lév. 19.33-34
Introduction : Lorsque je suis parti à Genève le mois dernier, Doyle a raconté lors d’une soirée de l’église, ce qui lui était arrivé lors de son premier ministère dans une église du Texas. Il venait de sortir de l’école de prédicateurs et avait accepté de travailler pour une petite assemblée. Un jour il a voulu organiser des conférences pour évangéliser. Il venait juste de découvrir qu’il y avait une autre petite église de l’autre côté de la voie ferrée lorsqu’il a eu cette idée. On ne lui en avait jamais parlé, alors qu’il s’agissait de frères et de soeurs, mais d’origine afro-américaine. Il est donc passé pour les inviter à venir à la campagne d’évangélisation. Ils ont dit qu’ils y réfléchiraient. Le jour venu, quelques frères noirs de cette église sont venus se présenter au bâtiment. Quand les frères blancs les ont vu, ils ont couru vers l’entrée pour leur bloquer le passage. Quand Doyle a voulu intervenir, deux frères blancs plus âgés lui ont dit que s’il permettait à ces gens d’entrer, il perdrait son travail le soir même. C’est choquant d’entendre ce genre d’histoire, n’est-ce pas ? Surtout dans l’église. On comprend tout quand on apprend qu’il s’agissait des années 50, avant la venue de Martin Luther King. C’était l’époque où les gens de couleurs, comme on les appelait, ne pouvaient pas monter dans le même bus que les blancs ou boire à la même fontaine publique.
Les choses ont un peu évolué depuis, bien que le racisme reste présent. Dans les années 90, je me souviens que lors de mon premier ministère, dans le Sud des USA également, un jeune homme de notre église avait besoin d’aide pour s’installer dans son propre appartement. On a donc placé une petite annonce dans le bulletin de l’assemblée de 400 personnes pour laquelle je travaillais. Une sœur âgée est venue le lendemain pour proposer des affaires dont elle ne se servait plus. Mais elle a dit à la secrétaire: «Qui est ce jeune homme qui a besoin d’aide, j’espère bien que ce n’est pas un noir! » Incroyable, n’est-ce pas? Qu’aurait-elle fait s’il avait été noir? Probablement refusé de donner quoi que ce soit. Elle oubliait ce beau passage de Paul en Galates 3.27-28 qui dit: « Vous tous qui avez été baptisé en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a donc plus ni Juif, ni Grec, il n’y a plus ni esclave, ni libre, ni homme, ni femme car vous êtes tous un en Jésus-Christ. »
J’ai fait moi-même souvent l’expérience de préjugés. On ne peut pas vivre dans un pays différent que sa terre natale sans être au moins une fois la cible de racisme. Vu que je ne vis plus depuis mes 20 ans en Belgique, vous pouvez vous imaginer combien de fois, j’ai été ciblé. Avoir la même couleur de peau ne change rien, croyez-moi. Tout au plus on atténue un peu les jugements. Mais je me rappelle avoir été poser des CV et quand on entendait mon accent on me disait automatiquement, on n’engage pas. Je n’avais même pas l’opportunité de parler au gérant. Mon épouse allait au même endroit dix minutes plus tard pour postuler et elle on la recevait.
Les préjugés sont parfois exprimés par des blagues, par des traitements abusifs, par des regards méfiants ou un refus de certains droits. Ils peuvent être d’ordre raciaux, sociaux ou religieux. Combien de locations ne nous ont pas été refusées en France quand les gens apprenaient que j’étais pasteur. Vous auriez cru que j’avais la peste et que j’allais transformer mon appartement en temple d’idole. Beaucoup d’entre nous ont subi des préjugés raciaux ou religieux à un moment ou un autre. Peut-être vous y faites face encore aujourd’hui, ou peut-être pire… il est possible que vous abhorriez vous-même de tels préjugés dans votre coeur en ce jour.
J’aime comment un auteur définit les préjugés. Il écrit: « avoir des préjugés, c’est faire de son égal un homme inférieur. C’est dégradé l’humanité de quelqu’un et en essence lui retirer toute sa valeur. » On pourrait dire aussi que les préjugés raciaux sont des idées préconçues, des jugements hâtifs et prématurés contre un individu, un groupe ou une race, qui conduisent en général à des attitudes hostiles.
Laissez-moi d’entrée de jeux, vous montrer trois choses que j’ai apprises sur les préjugés.
I. La nature des préjugés:
Regardez les bébés qu’on met ensemble dans une pouponnière, ils n’ont aucun problème pour se coller les uns aux autres, peu importe la couleur ou la richesse des parents. Mais avec le temps, surtout lorsqu’ils grandissent dans des familles racistes, les enfants commencent à faire des différences et à rejeter ceux dont on leur a dit qu’il faut se méfier, qui ne sont pas aussi bien qu’eux. On acquière donc nos préjugés de nos familles, de nos amis, le plus souvent de ceux qui sont plus âgés que nous. Je le vois avec certains enfants qui ont grandi dans la classe de mes filles. Au départ, ils sont comme des disques vierges, sans préjugés. Mais certains grandissent avec des parents qui sont du Front National, qui parle souvent de ces sales étrangers qui viennent en France voler leur travail et profiter du système social. Et avec le temps, les enfants de ces gens adoptent le même discours et deviennent racistes eux aussi.
Ceci dit, les préjugés peuvent aussi naître suite à de mauvaises expériences et à une incompréhension d’une culture différente. Exemple: quand j’étais adolescent, si un ami avait le malheur de se disputer avec un marocain, il était attendu à la sortie de l’école par une vingtaine de personnes qui voulait le passer à tabac... Bon nombre de mes amis sont devenus racistes suite à cela (certaines culture ont des particularités, mais pas nécessairement mauvaises)
Aux besoins de l’autre, que ce soit d’abord physique ou émotif. Dieu ne voulait pas ça, il avait fait des règles pour empêcher son peuple de manquer de compassion envers l’étranger. Regardez en Deut. 24.21 : «...» et en Lév. 23.22 : «...» (idem avec la récolte des olives en Deut. 24.20). Pour éviter que l’étranger ne travaille de façon abusive, Dieu avait aussi dit qu’il devait bénéficier d’un jour de repos la semaine (le sabbat, voir Ex. 23.12).
C’est vrai aussi au niveau spirituel. Nous allons le voir dans un instant, mais pensez à combien de temps il aura fallu pour que les apôtres aillent vers les païens avec l’évangile. Il fallut une intervention de Dieu lui-même à trois ou quatre reprises (tout dépend comment on compte) pour les faire bouger. Suis-je étonné de voir cela dans les Écritures? Non. Pensez à comment les gens réagissaient face aux juifs durant la seconde guerre mondiale. Le manque de compassion était évident. C’est au point qu’on laissait même les enfants être maltraités parce qu’ils venaient d’une culture différente. Les préjugés rendent aveugle. Non seulement ça, mais ils mènent également à de la fierté mal placée. Ils nous empêchent de grandir en considérant objectivement d’autres pratiques, d’autres voies qui pourraient être meilleurs que les nôtres.
En Marc 7.21-23, Jésus disait ceci: «...». La fierté et la folie sont dans le cœur de celui qui est raciste. Ce sont de mauvaises choses selon Dieu et elles nous souillent, elles nous rendent impurs.
II. Jésus rejetait les préjugés.
C’est probablement pour toutes ces raisons que Jésus refusait de laisser de la place dans son coeur aux préjugés.
Y a-t-il un passage dans les évangiles qui me montre cela? Oui. Allez en Jean 4. Avant de lire ce passage, il faut savoir qu’à l’époque, les juifs détestaient en particulier les Samaritains. Qui était les Samaritains? Les habitants d’une région située au beau milieu de la terre promise, entre la Galilée au Nord et la Judée au Sud. Ils descendaient de juifs mélangés à des peuples étrangers que le roi d’Assyrie avait implanté dans la région au 7e siècle avant Jésus-Christ. Ils avaient une religion plus où moins semblable, ils adoraient Yahvé, mais dans un autre lieu que le temple de Jérusalem et ils avaient quelques points de doctrine différents. Les Juifs les haïssaient tellement, que lorsqu’ils voyageaient de la Galilée vers la Judée ou vice versa, ils préféraient faire un long détour qui leur permettait de contourner la Samarie. Ça doublait la durée du voyage, mais ceux qui détestaient jusqu’à la poussière de cette région pensaient que ça en valait bien la peine. Mais Jean nous laisse savoir que Jésus n’était pas ainsi. Regardez les versets 1 à 4: «...»
Attention à l’expression du v.4: « Comme il fallait qu’il passe par la Samarie. » Ce n’était pas obligatoire en soi. Jésus aurait pu contourner comme les autres ce territoire. Alors pourquoi fallait-il qu’il passe par là? Les versets qui suivent nous l’expliquent. Lisons du v. 5 a 10: «...». Il y avait là une femme et un village qui étaient attachés à Dieu, qui recherchaient la Vérité. C’est pour ça que Jésus devait passer par là et qu’il resta au puits quand ces disciples partirent acheter de la nourriture à la ville. Des cœurs étaient prêts pour la moisson. Et quand Jésus commence à parler à la femme adultère, elle s’étonne : « comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire moi qui suis Samaritaine? » Elle connaissait la chanson. Normalement les Juifs évitaient même de regarder les Samaritains. Ils les détestaient. Regardez en Jean 8.48, vous voyez que le terme Samaritain était une insulte: «...». Quand les disciples de Jésus ne furent pas reçus dans un autre village samaritain, quelle fut tout de suite leur réaction? Regardez en Luc 9.52-54: «...». Auraient-ils fait la même proposition pour un village juif? Certainement pas. Alors quand Jésus vit cette femme Samaritaine et qu’il ne l’ignora pas mais lui adressa la Parole, elle fut choquée. Pourquoi ce Juif devant elle se conduisait-il différemment ? Parce que Jésus n’était pas raciste. Les autres autour de lui étaient peut-être tombés dans le piège des préjugés géographique, culturel et religieux intenses, mais pas Jésus. Il protégeait son coeur contre cela, en voyant ces gens comme des enfants de Dieu ayant besoin d’être réconciliés au Père (v. 34 à 42). Et remarquez qu’à cause de ses bonnes dispositions, ces Samaritains le virent comme le Sauveur de quelle région? D’aucune en particulier, du monde entier. Si Jésus avait fait preuve de préjugés raciaux, en aurait-il été autrement? Ces gens n’auraient jamais cru en lui.
De même, Jésus n’avait pas de préjugés politiques, c’est pour cela qu’il avait un zélote dans son groupe d’apôtres, mais aussi qu’il ne rejetait pas les officiers romains qui venaient à lui (Matthieu 8 et Actes 10).
III. Christ fut victime de préjugés.
Christ refusait donc les préjugés. Mais en terminant je veux aussi vous montrer que Christ fut victime de préjugés. Nous l’avons vu lorsque en Jean 8.48, lorsque les juifs l’accusaient d’avoir un démon en lui et d’être un samaritain. Mais allons plus loin. Pourquoi a-t-il fini sur une croix? Parce que des Saducéens et des chefs juifs ne purent voir au delà de leur préjugés religieux. Ils influencèrent les foules qui finirent par crier devant Pilate: « Crucifie-le! » en Matthieu 27.23. Je suis sûr que les enfants qui se trouvaient là ne comprenaient pas tous se qui se passait, mais que des préjugés religieux leur furent transmis ce jour-là. La haine ne pouvait qu’être absorbée dans leurs petits coeurs et gravées dans leurs esprits. Voyez le Christ quelques heures plus tard, avec du crachat au visage, des lacérations sur le dos, des hématomes sur le corps, des clous dans les poignets et chevilles et vous comprenez la laideur des préjugés, mais aussi combien Jésus comprend ceux qui sont victimes de ces jugements hâtifs.
Comment le Christ a-t-il choisi de réagir face aux préjugés ? Il a gardé le silence. Il a enduré sans rendre insulte pour insulte. C’est pourquoi Pierre dit dans sa première épître au chapitre 2.21-23 : «...» et au ch. 3.9 : «...». Il faut apprendre à prendre sur soi quand on est chrétien et à s’en remettre à celui qui juge justement. Il a promis de ne pas nous abandonner, n’est-ce pas? Et il nous aidera si on ne nous donne pas un travail parce qu’on a une couleur de peau différente ou si on ne nous donne pas un appartement parce qu’on est un chrétien.
Conclusion:
Lui qui a dit: « Je ne t’abandonnerai point, je ne te délaisserai point » en Hébreux 13.5 nous invite donc à mettre notre confiance en lui, à trouver consolation auprès de lui.
Aujourd’hui je termine donc en vous posant la question, y a-t-il des préjugés raciaux ou sociaux ou religieux en vous? Que le Seigneur nous aide à ne pas nous croire supérieurs aux autres, à ne pas reléguer autrui au niveau d’un moins que rien et à ne pas être aveugles. Terminons en lisons Malachie 3.5-6, puis prions : «...»