Face à un frère qui s’écarte de la bonne voie
Série: Le chrétien face aux difficultés de la vie
Introduction :
Au fil des années dans mon ministère, j’ai remarqué qu’une chose terriblement difficile à faire est de reprendre les chrétiens qui pèchent. Les gens acceptent rarement d’être corrigés, même si l’intervention part de bons sentiments. C’est probablement pour cette raison que de nombreux problèmes ne sont jamais résolus et que certaines situations ne sont que rarement traitées dans l’église. On laisse aller les choses avec l’espoir que le temps fera son œuvre et corrigera certains comportements. Malheureusement le péché va souvent en s’empirant et non en s’améliorant. C’est un peu comme avec une pomme pourrie. Si on ne l’enlève pas du bol à fruits, il y a beaucoup de chance pour qu’elle abîme l’ensemble des fruits. Il est donc nécessaire d’intervenir pour corriger la situation. C’est pour cette raison que je voudrais parler aujourd’hui de la confrontation.
Quand nous pensons à la confrontation, nous associons presque automatiquement cette action à des sentiments négatifs. Peu nombreuse sont les personnes qui apprécient la confrontation. Pourtant la confrontation est la méthode utilisée par un professeur de musique, lorsqu’il dit à son élève qu’il ne place pas bien ses doigts sur les cordes de la guitare, ou qu’il ne fait pas bien ses accords. On ne pourrait pas pratiquer le sport correctement, s’il n’y avait pas des temps de confrontation entre nous et les entraîneurs. Quel athlète parvient à un très haut niveau sans avoir quelqu’un qui le corrige en permanence?
Alors pourquoi percevons-nous la confrontation comme quelque chose de négatif, de déplaisant, de douloureux? Serait-ce peut-être parce que trop de personnes dans notre entourage ont confondu la confrontation avec l’affront quand ils nous ont repris? Il y a un monde de différences entre les deux. Dieu nous appelle dans la bible à confronter, non pas à commettre des affronts (c’est à dire des actes ou des propos injurieux, méprisants et blessants). Nous allons donc essayer de voir aujourd’hui, comment mener à bien le processus de la confrontation, si possible en évitant de déraper.
La première chose à savoir est que dans la bible le terme confrontation n’apparaît pas tel quel. Mais Dieu utilise 5 synonymes pour nous expliquer ce processus.
I. Ce que la bible nous apprend sur la confrontation:
- Le premier synonyme est «correction».
Nous le trouvons en Proverbes 10.17: «…»,Proverbes 12.1: «…». Que nous apprennent ces deux versets ? Que la correction est indispensable pour obtenir la vie éternelle et qu’il nous faut l’accepter si nous voulons grandir. Proverbes 13.18 renforce ces pensées. Il est dit: «…»
- Le second synonyme est le terme «réprimande».
Nous le trouvons en Proverbes 17.10: «…» Nous connaissons tous des gens méchants et stupides, n’est-ce pas ? Pour certains vous auriez beau multiplier les claques jour après jour, mois après mois, année après année, vous n’auriez que peu d’effet. Ça rentrerait par une oreille et sortirait par l’autre. Mais la bible dit aussi qu’il y a des personnes qui ont de bonnes dispositions, qui sont sages, à qui il suffit de faire une réprimande avec tact pour qu’elles apprennent la leçon et fassent les changements appropriés. Quel type de personne êtes-vous aujourd’hui ?
- Le troisième synonyme de confrontation est «blessure» dans l’ancien Testament
Nous le trouvons en Proverbes 27.6: «…». La confrontation peut blesser. Elle peut faire mal. La bible nous dit qu'un ami est bien placé pour nous corriger. C’est probablement parce qu’il nous connait vraiment et parce qu’il a gagné le droit d’être écouté. S’ils nous aiment vraiment, nos amis nous reprendront lorsque nous dérapons. Ils ne feront pas semblant de rien.
- Le 4e synonyme est «reprendre».
Nous le trouvons en Matthieu 18.15: «…»
- Le 5e synonyme est censure.
Nous le trouvons en 2 Timothée 4.2: «…». Remarquez que deux des tâches d’un prédicateur sont liées au fait de confronter autrui. Il est impossible d’avoir toujours le rôle du gentil quand on opte pour le ministère. Mon travail et celui de Fred consistent à reprendre les chrétiens.
Corriger, réprimander, reprendre, censurer n’est pas facile à faire correctement. La confrontation est un art qui doit s’apprendre et être raffiné. Peut-être vous vous dites: «Moi, je n’ai pas besoin de leçons pour savoir comment remettre les autres à leur place. Je suis un naturel. C’est fastoche!» C’est facile de commettre l’affront, pas de confronter correctement. Il suffit de confronter, puis de se fâcher et de mettre l’autre en pièce en lui disant les 4 vérités. Le monde est plein de gens qui pensent avoir le don de la confrontation mais qui en réalité sont justes vicieux, critiques et incontrôlés dans leurs paroles. En étudiant ce que la bible enseigne sur la confrontation, voici comment Dieu définit une telle intervention: « Confronter, c’est chercher à mettre quelqu’un face à la réalité, mais avec douceur, sincérité et amour. »
II. Comment confronter à la manière de Dieu.
Galates 6.1 le confirme: «…». Deux, trois choses sur ce passage. Remarquez l’objectif de l’intervention, la manière et par qui elle doit être faite. Le but est de restaurer le pécheur, il ne s’agit pas de le punir. La manière, c’est avec douceur. Il y a un temps pour plus de fermeté, mais pas au début. La personne qui peut mener à bien le processus et celle qui est spirituelle.
Une confrontation ne doit pas être une attaque pour mettre en pièce quelqu’un. Il faut la gérer avec contrôle de soi, avec tact, avec le même esprit qui animait Christ. J’ai trouvé dans la bible au moins 4 principes que j’essaie de respecter lorsqu’il me faut confronter quelqu’un.
- Premièrement, il faut énoncer clairement et avec tact le problème. Ce n’était pas en tournant autour du pot que les apôtres ou Christ réglaient ce qui n’allait pas. Ils présentaient fermement, mais aussi clairement ce qui posait problème. L’approche en privé est en générale privilégiée dans les Écritures, sauf pour quelques rares exceptions.
- Deuxièmement, il faut donner des exemples précis, en évitant d’exagérer ou d’être trop émotif.
Une personne qui est reprise a besoin de voir précisément ce qu’elle fait de mal. Il faut lui montrer l’attitude qui ne peut pas continuer et lui donner les raisons. Parfois, il est nécessaire de revenir sur certaines habitudes dans la vie de l’autre qui montrent qu’il n’y a pas eu de vrais changements.
Il est vraiment important aussi d’éviter de donner libre cours à nos émotions. Pourquoi ? Parce qu’elles peuvent facilement le dessus et nous faire dire ce qu’on ne devrait pas ou nous pousser à compromettre. Le mieux quand il y a une situation ardue qui demande une confrontation c’est que vous laissiez passer un peu de temps pendant lequel vous demandez de l’aide à Dieu par la prière. Si je prie, ça m’aide à diffuser ma colère ou ma frustration et à examiner mes motifs.
- Troisièmement, n’hésitez pas à suggérer un plan d’action.
Parce que lorsque quelqu’un est confronté, il souvent perdu ne sachant comment corriger exactement son attitude. Il risque alors d’être frustré et fâché ce qui serait contreproductif. La meilleure des approches consiste à identifier le problème, puis à suggérer calmement comment le problème peut être corrigé.
- Quatrièmement, faites preuve de compassion et de compréhension.
Si j’oublie ces composants, mon intervention ressemblera plus à une accusation qu’à une confrontation. L’autre aura également plus envie de changer s’il ressent la compassion, la douceur et l’amour.
Christ a fait preuve de toutes ces vertus lorsqu’il a confronté des gens durant son ministère sur terre. Pensez à la femme prise en délit d’adultère qu’il géra magnifiquement en Jean 8.
III. Ce que les confrontations de Jésus nous apprennent:
Avant de terminer regardons certains incidents durant lesquels Christ a confronté des gens. Un premier incident qui me vient à l’esprit est celui en Matthieu 16, du verset 21 au verset 23. Lisons le ensemble: «…» Les disciples ne comprenaient pas que Jésus devait mourir sur la croix. Ils espéraient que le messie serait un messie conquérant à la tête d’une armée qui aplatirait celle de Rome et qui rendrait la gloire passée au royaume d’Israël. Quand Pierre repris Jésus, ses pensées étaient à 180 degrés à l’opposé de celles de Dieu. Jésus le reprit avec force, pas sans amour, mais avec force. N’oubliez pas que personne n’aimait autant Pierre que notre Sauveur. Personne ne voyait autant de potentiel en lui que le Fils de Dieu. Mais là Pierre allait dans une direction dangereuse.
En examinant cette histoire, j’apprends quand il me faut confronter mon frère ou ma sœur.
- Quand me faut-il confronter quelqu’un?
C’est quand il devient une pierre d’achoppement (risque de faire chuter quelqu’un) et une entrave à l’évangile. Mais c’est aussi quand il ne pense qu’à ses propres intérêts et pas à ceux de Dieu. Si mon frère ou ma sœur manifeste une de ces deux attitudes, alors j’ai le devoir de les reprendre.
- Pourquoi confronter quelqu’un?
Je voudrais maintenant aller en Luc 22.31 à 34. Lisons ensemble: «…» Jésus reprit Pierre devant tous les autres ce soir là. Mais pourquoi ressentit-il le besoin de le faire ? Qu’est-ce qui le poussa à confronter Pierre cette fois là? Je vois à nouveau deux choses :
- Parce que Pierre était trop confiant et aveugle à ses faiblesses.
- Parce que Pierre était vulnérable et qu’il fallait le fortifier.
Nous devons donc confronter pour protéger ceux que nous aimons contre les attaques de Satan et leurs ramener les pieds sur terre s’ils sont aveugles et trop confiants en leur propre force.
- Comment confronter ?
Pour répondre à cette question et ne pas répéter ce que j’ai déjà dit, nous pourrions lire Luc 22.47 à 62, ainsi que Jean 18.10. Dans ces versets nous voyons l’arrestation de Jésus dans le jardin de Gethsémané, comment Pierre sort son épée pour couper l’oreille du serviteur du souverain sacrificateur, comment Jésus l’arrête, puis comment Pierre renie Jésus 3 fois avant que le coq ne chante.
Quelles méthodes Jésus utilise-t-il pour confronter les gardes qui viennent l’arrêter, puis Pierre ?
- En Luc 22.51, il donne abruptement un ordre. Il dit : « Laissez, Arrêtez ! »
- Dans la même histoire en Mt 26.53, il pose une question : « Penses-tu que je ne puisse invoquer mon Père qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? »
- En Luc 22.52-53, il formule une analyse à la logique implacable : « J’étais tous les jours avec vous au temple et vous n’avez pas mis la main sur moi. Mai c’est ici votre heure et la puissance des ténèbres. »
- En Luc 22.61, il confronte Pierre qui vient de le renier pour la dernière fois avec un regard qui veut tout dire.
Conclusion :
Confronter n’est vraiment pas facile. Ça signifie souvent faire abstraction de ses propres sentiments, de ses propres besoins et ne penser qu’à ce qui est nécessaire à l’autre.
Dans son livre intitulé : « Se soucier assez de l’autre pour le confronter », David Augsburger décrit 4 approches qui au final sont nuisibles lorsque nous essayons de corriger quelqu’un. Il dit :
- la méthode agressive, celle faite dans un esprit de vengeance où l’on pense: « je vais t’avoir mon ami ! » ne fonctionne pas. Elle est motivée par de mauvaises intentions.
- Confronter avec de la peur ne donne rien de bon non plus. Nous ne parviendrons pas à bien nous exprimer et au lieu que l’autre ne se remette en question, il risque trop facilement de nous envoyer promener.
- La méthode du compromis, du donnant-donnant ne marche pas non plus.
- La méthode où j’accepte de jouer le paillasson est terrible aussi. Corriger l’autre ne lui donne pas le droit de me traiter sans amour.
Au lieu de cela, il nous faut confronter avec fermeté comme Jésus l’a fait, avec amour bien sûr. Mais il ne faut pas compromettre ce qui est juste. Rappelons-nous toujours que nos interventions sont pour glorifier Dieu avant tout.
En terminant je veux donner trois derniers conseils:
- Soyons sûrs que si nous sommes amener à confronter quelqu’un c’est pour les bonnes raisons. Celui qui nage dans la confrontation, qui en fait son pain quotidien, doit peut probablement se poser des questions sur ses motivations. Avant de confronter examinons avec soin nos motifs.
- Avant de confronter quelqu’un, clarifions dans notre esprit les raisons qui nécessitent notre intervention.
- Enfin gardons à l’esprit que chaque situation est différente et nécessite un temps de prière, de réflexion, voir même des conseils de la part de chrétiens plus mûrs. Si nous négligeons de faire ceci, nous risquons d’être vulnérables à une attaque de Satan qui ne va pas aimer ce que nous voulons faire. Choisissons également avec soin le moment de notre intervention, les mots que nous allons utiliser et prions avec ferveur. Confronter n’est pas simple, mais si vous aimez vraiment votre prochain, alors faites ce que Christ a fait avec Pierre : corrigez le avec amour.