Citoyen du ciel ou de ce monde?

Série: Choisir entre deux mondes

Introduction :

Cette situation vous est-elle familière? C’est l’histoire d’un petit garçon qui rentre chez lui en courant. Il tient un gros rat par la queue. Il se tourne vers sa mère qui fait du café, sans réaliser que le prédicateur est de visite et est assis à table, juste à côté. Il a les yeux qui pétille et tout excité, il dit: « regarde maman ! Regarde ce que j’ai attrapé dans la grange. Je l’ai assommé avec une grosse pierre, puis je lui ai éclaté la tête avec une bèche. Pour être sûr qu’il était bien mort, je l’ai même écrasé avec mon pied plusieurs fois. Il est un peu gluant parce qu’on a aussi craché dessus et j’ai, j’ai… » Il vient de se tourner et d’apercevoir que l’évangéliste est là. Il s’étouffe presque en le réalisant. Il avale sa salive et puis dit : « Mais je vais maintenant prier Dieu pour son âme ! »

Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de faire une grosse boulette de ce genre devant quelqu’un de très croyant ? Je suis allé au magasin pour acheter des déguisements avant de venir à la colonie. Le patron a commencé a me montrer tout un tas de costumes… cochons (bonnes sœurs, prêtres, rabbins…) Tout un coup en parlant il m’a demandé ce que je faisais dans la vie et pourquoi j’achetais certaines choses… Il a changé de couleur. Il est devenu tout rouge…

Le monde dans lequel nous vivons est loin de nous influencer vers la pureté, n’est-ce pas ? Il n’est pas facile d’être chrétien et de trouver sa place dans la société qui nous entoure, parce qu’il y a un monde de différences entre la culture de Christ, à laquelle nous sommes appelés, et celle des belges ou des français.

Ce problème n’est pas nouveau si ça peut vous rassurer. Voici ce qu’un auteur anonyme du 2e siècle écrit sur la question dans un document intitulé l’épître de Diognetus: «Malgré le fait qu’ils vivent dans des villes grecques ou barbares et qu’ils suivent les coutumes de leurs lieux de résidence qui influencent leurs façons de s’habiller, de se nourrir et de s’occuper, les chrétiens garde une perspective bien particulière sur leur citoyenneté. Ils se considèrent comme des étrangers dans les pays où ils habitent. Ils considèrent tous les pays étrangers comme leurs patries, mais ils se décrivent comme des gens d’un autre monde. Ils se marient comme tous les autres, ils ont des enfants, mais ils refusent d’exposer leur progéniture à ce que les autres considèrent comme banal. Ils offrent l’hospitalité gratuitement, mais ils font tout pour préserver leur pureté. Leur lot est de vivre dans un corps fait de chair, mais ils ne vivent pas en suivant les désirs de la chair. Ils passent leur existence sur la terre, mais ils considèrent que leur vraie citoyenneté est dans le ciel. Ils obéissent aux lois, mais ils surpassent ces dernières en matière de justice.» Peu de temps après que ce document fut écrit, les chrétiens commencèrent à s’appeler la troisième race. Ils n’étaient pas juifs et n’étaient pas vraiment des païens. Ils peinaient à fonctionner et à rester en relation avec leur société décadente, sans compromettre leur citoyenneté céleste. Leur combat il me semble n’était pas bien différent du nôtre. Alors je vous pose cette question, quelle doit être notre relation avec le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ?

I. La nature de la relation que nous devons avoir avec le monde:

Deux mots nous aide à définir la relation que nous devons entretenir avec le monde. Le premier est sainteté, le second ministère.
  1. La Sainteté. Le Nouveau Testament parle régulièrement du mot saint. Qu’est-ce qu’un saint? Notre héritage catholique nous suggère certaines images lorsqu’on parle des saints. On pense tout de suite à des gens sur les fenêtres des églises, avec une auréole sur la tête. Pour les prêtres, les saints sont des personnes hyper spirituelles qui ont fait des choses extraordinaires dans la vie, qui ont surmonté tous les péchés, qui ont dépassé tous les autres en matière de foi. Nous croyons donc que ce sont des chrétiens qui ont mérité d’être mis sur un pied d’es talle. Mais dans la bible, il s’agit de gens ordinaires, de personnes qui faisaient des fautes et qui souvent laissaient beaucoup à désirer. Le Nouveau Testament qui tous ceux qui ont été appelés à suivre Jésus et qui ont été baptisés sont des saints (Phil 1.1, 1 Cor 16.1). Il ne s’agit pas d’un terme pour qualifier uniquement une élite. En Dt. 7.6 et 26.18, nous trouvons une des premières utilisations du mot Saint. 2 Thess 2.13 et Tite 2.14 présentent le même concept pour les chrétiens dans le NT. En 1 Jean 2.15 à 17 et en 2 Corinthiens 6.14 à 7.1, les apôtres parlent de la séparation qui devrait ensuite caractériser le chrétien. Nous ne pouvons pas nous souiller avec les pratiques du monde. Nous ne devons pas nous laisser influencer ensuite par les valeurs du monde.

    Je sais que c’est dur, particulièrement pour des adolescents, car les amis du même âge ne considèrent pas la pureté et la sainteté comme des caractéristiques désirables. Ils ont plutôt tendance à se moquer et à mépriser celui ou celle qui essaye de vivre comme un saint. (Exemple habillement, tricher à l’école ou faire du chahut) Pensez à comment vos compagnons réagissent quand vous ne comprenez pas les mots cochons ou les insultes qu’ils utilisent, quand vous êtes lents à rire des blagues malsaines qu’ils font aux autres, quand vous ne suivez pas les émissions tv qu’ils suivent, quand ils apprennent que vous ne voulez pas boire de l’alcool ou fumer ou essayer de prendre votre pied avec certaines drogues bien connues et soi-disant peu dangereuses. Pensez à comment ils réagissent s’ils apprennent que vous ne voulez pas sortir avec les filles ou les garçons avant un certain âge.

    Mais Christ nous appelle à être différent. Jusqu’à quel point, dans quelle mesure? 2 Corinthiens 7.1 dit que nous devrions nous débarrasser de tout ce qui contamine notre esprit et notre corps. Si nous ne le faisons pas, notre style de vie qui devrait être unique disparaîtra.

  2. Le ministère: Même si notre citoyenneté est au ciel, nous sommes appelés à résider quelques temps encore sur cette terre. Nous sommes des voyageurs, des pèlerins, mais pendant que nous sommes ici-bas, nous devons vivre avec d’autres personnes et Jésus nous demande de faire quelque chose pour ces gens. Que devons-nous faire ? Les convertir, les influencer, les servir. Pensons pendant quelques minutes au ministère de Jésus quand il était sur terre. Selon Marc 10.45, il était ici pour quoi faire ? Pour servir Selon Marc 2.17 ? Pour aider les pécheurs. Et il nous a demandé de faire pareil. Notre place n’est donc pas dans un monastère. Nous devons rester au milieu des hommes, parmi les foules, comme Paul l’était et servir comme ministres (1 Corinthiens 9.19-23).

    Pour être saints, nos valeurs et nos actions doivent donc être différentes de celles du monde. Et pour exercer notre ministère, nous devons être présents dans le monde et faire sentir notre influence en faveur du Christ.

II. Lorsqu’il y a déséquilibre…

Mais que se passe-t-il si nous avons la sainteté et pas le ministère ? Ou le contraire, si nous exerçons notre ministère sans maintenir notre sainteté ?
  1. Dans le premier cas, nous finissons par devenir des autruches spirituelles.

    Une telle personne rêve de quoi ? De vivre sur le sommet d’une montagne dans un temple, loin des tentations du monde. D’être entourée par des chrétiens qui pensent exactement comme elle. Mais elle espère ne pas devoir parler aux non-chrétiens de toute la journée. Peut-être, elle se force de temps à autre à faire une escapade aventureuse dans notre monde de pécheurs, mais elle revient au plus vite, dans les bras protecteurs de sa communauté.

    Ce phénomène n’est pas nouveau. Avant la venue de Jésus, des juifs assez conservateurs s’étaient retirés près de la mer Morte pour vivre en communauté fermée et mieux protéger leur pureté. Ils écrivaient des textes bibliques et philosophiques à longueur de journée qui sont devenus très renommés car on les a retrouvés en assez bon état (les rouleaux de la mer Morte). Ces rouleaux expliquent en long et en large leur rejet absolu du monde. Voici un extrait d’un de ces textes : «Voici la règle pour un membre qui veut faire partie de notre communauté. Il doit volontairement se détourner de tout mal et s’accrocher à tous les commandements de notre enseignant, peu importe ce qu’il demande. Il doit rester séparé de tout rassemblement où se trouvent des hommes pervers. Notre communauté est guidée uniquement par la Loi.»

    Certains parmi nous ont-il tendance à adhérer à la même philosophie ? Peut-être pas aussi radicalement, mais en partie ? Qui n’aime pas se sentir en sécurité auprès de personnes qui pensent comme lui ? Je pense que secrètement on voudrait tous faire uniquement des affaires avec des chrétiens, être éduqués seulement avec des chrétiens, se divertir uniquement avec des chrétiens. Mais si nous nous isolons uniquement avec des croyants comme nous, alors nous devenons en quelque sorte des autruches spirituelles, qui mettent leur tête dans le sable et qui ignorent se qui se passe autour. Nous finissons par oublier les gens qui sont perdus. Et pire nous devenons fragiles, parce que notre esprit n’est plus familiers avec les bactéries et les virus de ce monde. Si nous adoptons une telle perspective, nous perdons l’équilibre que nous devrions maintenir. Notre lampe finit par être cachée sous un boisseau. Peut-être que nous sommes fiers de cette lampe, mais les autres qui en ont besoin ne peuvent pas la voir.

  2. En ce qui concerne le chrétien qui connaît un déséquilibre en faveur du ministère, nous pourrions parler d’un chrétien caméléon.

    Vous savez tous ce qu’est un caméléon, n’est-ce pas ? C’est un genre de lézard qui peut changer de couleurs pour s’adapter à son environnement. Il le fait pour éviter d’être repéré trop vite et être protégé de tous les dangers. Les chrétiens caméléons insistent à mort sur le besoin de s’identifier avec le monde, pour mieux servir le besoin des gens autour d’eux. Mais ils vont tellement loin qu’ils finissent par perdre le caractère distinct du style de vie qu’un chrétien doit avoir. Ça n’arrive pas en un jour bien sûr, mais au fil des mois et des années. À la longue, ils finissent par tomber dans le même travers qui qualifiait les chrétiens de Rome, à qui Paul devait écrire en Romains 12.2 : « … »

    Je pourrais vous citer des tas d’autres exemples de chrétiens qui sont tombés dans ce piège. Prenez les chrétiens qui ont vécu au temps de la seconde guerre mondiale en Allemagne ou juste avant, dans les années trente. Il n’a pas fallu longtemps, après qu’Hitler accède au pouvoir en 1933, pour que des docteurs, des avocats, des théologiens, des pasteurs et des tas de chrétiens rejoignent le parti Nazi. En fait, c’était justement le moment où ils auraient dû briller et se différencier. Nous ne sommes pas appelés à suivre le courant culturel des gens qui nous entourent. Notre façon de penser doit être façonnée par la bible.

    Dans un cas d’un tel déséquilibre, la lumière du chrétien n’est pas cachée sous le boisseau. Elle est carrément éteinte. Ceux-ci font juste partie de l’obscurité. Les caméléons chrétiens infiltrent socialement le monde, mais ils ne sont plus distincts spirituellement. Or qu’a dit Paul en Philippiens 2.14 ? Nous devons faire quoi ? « … »

III. L’idéal: trouver le juste équilibre entre la sainteté et le ministère.

L’idéal est donc de trouver le juste équilibre entre la sainteté et le ministère. C’est l’exemple que Jésus a laissé à ses apôtres et qui a permis aux premiers chrétiens de changer le monde à leur époque. Dans cet état d’équilibre, je maintiens ma sainteté en continuant de vivre de façon distincte comme Christ voulait que je vive et je m’implique dans la vie des autres pour les amener à Dieu et à la foi. L’église doit donc s’infiltrer dans le monde sans laisser le monde trop s’infiltrer en elle. Jésus précisa que c’était sa volonté en Jean 17.13. Il s’apprêtait à quitter ce monde, c’était son dernier soir avec les apôtres. Voici ce qu’il dit dans une prière qu’il fit pour eux: « … »

Conclusion :

Notre but est d’être une lumière pour ce monde perdu. Quand j’étais un petit garçon, je me rappelle d’un jeune homme qui m’a invité à explorer une grotte avec quelques amis. Nous sommes descendus à Ensival près d’une falaise où il y a une toute petite ouverture. Nous sommes faufilés dans l’ouverture et tout est devenu très sombre. Après avoir fait quelques pas, on n’y voyait plus rien. J’avais un peu peur, mais quand il nous a dit de faire très attention et de ne pas nous écarter car on pouvait tomber dans des trous qui semblaient ne pas avoir de fond, j’étais pétrifié. La lumière était la seule chose qui me rassurait. Mais je souviens m’être demandé ce qui se passerait si nos lampes de poche venaient à manquer de piles. Rien qu’à y penser j’en avais des frissons. Je crois même qu’après quelques minutes, j’ai fait marche arrière.

Le fait de voir notre lumière s’éteindre doit nous effrayer. Nous devons penser aux conséquences pour notre âme et pour les gens qui nous entourent. . Alors aujourd’hui, je vous exhorte, ne perdons pas notre équilibre. Marchons comme Dieu nous appelle à marcher.