Un cadeau fantastique

Série: Romains (ch 4.4-9)

Introduction :

Si vous avez une bible, veuillez l'ouvrir en Romains 4. La semaine dernière nous avons commencé à étudier ce chapitre et nous avons vu que Dieu tient dans le ciel des livres de comptabilités. Il y inscrit chaque choix que nous faisons, en vue du jugement qu'il va un jour prononcé lorsque nous serons morts. Des personnes pensent qu’elles seront sauvées sur base de toutes les bonnes œuvres qu'elles auront commises. Si je fais dix bonnes actions chaque jour, alors Dieu enregistrera d'avantage dans la colonne des crédits que dans la colonne des débits, réservée à mes mauvaises œuvres. À ma mort, la balance penchera donc en faveur de mon salut. Le solde de tous les bons choix que j'aurais fait forcera Dieu à m'offrir le paradis! Vous connaissez beaucoup de personnes qui pensent ainsi? Cette semaine, je reconduisais des enfants après nos activités du mercredi et ils me demandaient pourquoi Dieu ne sauverait pas leurs amis et proches qui ne croient pas? Ils avaient du mal à concevoir que Dieu pourrait refuser au ciel, ceux qui autour d'eux ne croyaient pas, mais qui pourtant se comportaient bien dans la plupart des domaines de la vie. Dans les troisième et 4ième chapitres de Romains, Paul répond à ce genre de raisonnement. Il dit d'abord que personne n'est bon aux yeux de Dieu. Tous ont péché. Un seul péché suffit bien sûr à nous séparer de Dieu, qui est parfait et ne peut être souillé. Mais il va plus loin. Il contraste deux systèmes de justification.

Vous comprenez ce que je veux dire par justification, n'est-ce pas? Quand on est en retard à l'école, qu'est-ce qu'on doit faire? Aller montrer son cahier de correspondance au bureau du surveillant pour qu'il puisse voir si l'absence est légitime. Si c'est le cas, il signe et vous remet un petit coupon à montrer au professeur, pour signifier que votre absence est justifiée. En d'autres termes, vous êtes excusés. On ne vous en tiendra pas rigueur. Être justifié, c'est synonyme d'être pardonné. Paul contraste donc dans ce chapitre deux systèmes de justification. Le premier est un système de mérite personnel, le second un système de grâce. On peut les représenter ainsi:

Le système de mérite personnel
est basé sur les œuvres approuvées de la Loi
sur un accomplissement personnel
présente le salut comme un dû
(il a une dette envers nous)
Et il mène à la vantardise ou la glorification de soi.

Le système de grâce
est basé
sur le sacrifice de Christ
sur la foi ou la confiance en Dieu
présente le salut comme un cadeau
(nous avons une dette envers Lui)
Mène à l'humilité et la glorification de Dieu

I. Le salut est par la foi, sans œuvre de mérite

Pour prouver ce point, il cite un passage de l'Ancien Testament, relatif à Abraham, qui dit que lorsque le patriarche fit confiance au Seigneur (au sujet de sa postérité), Dieu porta à son crédit sa foi de telle manière à ce qu'elle le justifie. Puis il continue au verset 4 en disant ceci: « … » Ce principe est évident. Quand une personne travaille pour une entreprise, et qu'elle reçoit son chèque en fin de mois, elle ne considère pas que son patron lui fait un cadeau par simple gentillesse. Elle lui dit peut-être merci, mais elle sait qu'il lui doit cet argent. Elle a gagné son pain à la sueur de son front et le patron est obligé de la payer.

Si le salut était basé sur un tel système, alors Dieu serait obligé de nous donner le salut en fin de vie. Il serait comme un patron dans l’obligation de nous récompenser pour ce que nous avons mérité par nos efforts. Mais au verset 5, Paul insiste sur le fait que le salut ne vient pas ainsi. Regardez : « … » Il ne veut pas dire ici que nous ne devons rien faire du tout si nous voulons être sauvé. Attention de bien comprendre les mots : « Quand à celui qui ne fait pas d’œuvre ». Le contexte est important, Paul n’enseigne pas que nous n’avons aucune obligation envers Dieu ou ça annulerait le reste de la bible. Alors que signifie ces mots, « quand à celui qui ne fait pas d’œuvre » ? Ça veut dire, que celui qui ne s’appuie pas sur un genre d’œuvre qui cherche à mettre Dieu dans l’obligation est celui qui trouve le salut. Comme un théologien le dit : « Le contraste n’est pas entre celui qui travaille et celui qui ne travaille pas, mais entre celui qui met sa confiance en son œuvre et celui qui place sa confiance en Dieu. »

Je peux le schématiser ainsi :
Confiance en soi-même → Dans le système de mérite personnel basé sur la loi et les œuvres
Confiance en Dieu/Christ → Dans le système de grâce basé sur la foi

Nous ne travaillons donc pas pour mettre Dieu dans l’obligation à notre égard, mais nous proclamons que nous sommes des impies, des pécheurs de la pire espèce, irrévérencieux, dignes de l’enfer. Mais avec la foi, nous faisons appel à Dieu pour qu’il nous justifie, pour qu’il nous fasse cadeau de ce que nous ne méritons pas et qu’il ne nous donne pas ce que nous méritons, pour qu’il change ses livres de compte et qu’il fasse comme si nous n’avions que des choses à notre crédit.

Il l’a fait pour Abraham, n’est-ce pas ? Mais Paul ajoute un autre exemple, d’un homme impie qui reçut aussi le pardon ainsi. De qui s’agit-il ? De David. Regardez aux versets 6 à 8 : « … » David est un peu le contraire d’Abraham. Abraham était l’exemple d’un homme que nous appellerions bon, mais qui ne pouvait être assez bon pour remporter le gros lot, le paradis. David était l’image de l’impie qui avait fait des choses qui méritait la mort, la colère divine, la punition, mais qui ne reçut pas ce qu’il méritait. À cause de sa foi, Dieu lui fit le cadeau de retenir sa foudre et il lui offrit malgré tout le paradis. En quelques semaines, David avait enfreint au moins quatre des Dix Commandements (« tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne déroberas pas et tu ne mentiras pas ») Deux péchés auraient dû lui valoir la lapidation, l’adultère (Dt 22.22-24) et le meurtre (Lv 24.17). Mais quand Nathan l’a confronté, a-t-il appelé le peuple à le traîner ensuite hors de la ville, pour le rouer de pierres ? Non ! Lorsque David a plaidé pour le pardon (Psaume 51), Dieu lui a fait cadeau de sa grâce.

En Psaumes 32, celui que Paul cite ici en Romains 4, nous découvrons toute la joie que David a ressentie en trouvant la justification. Il a dit : « Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées ! » verset 7a, ce qui signifie littéralement ceux dont les iniquités sont enlevées, emportées.

Il a ajouté : « et dont les péchés sont couverts » le terme grec est epikalupto, c’est à dire couvert par dessus, de manière à ce qu’ils deviennent invisibles aux yeux de Dieu, comme si le péché n’avaient jamais eu lieu. On a l’idée de ce que le papier liquide peut faire avec une erreur dans une phrase. Le sang de Jésus joue la même fonction que le papier liquide. Il recouvre la faute, pour qu’elle soit invisible, et même si quelqu’un pouvait discerner une tâche inhabituelle dans le livre de compte de Dieu relatif à David, même s’il commençait à gratter pour voir ce qu’il y a en dessous, il ne trouverait rien car l’iniquité a été emportée par le sang. C’était en effet une bonne raison pour David de se dire heureux (Makaria). Le terme faisait référence entre parenthèses au bonheur que seul un chrétien peut ressentir.

Et puis Paul continue avec sa citation au verset 8 et montre que David aussi comprenait le principe du livre de comptes, puisqu’il ajouta : « Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute pas ou ne compte pas son péché. » Le terme pour compter est de nouveau « logizomai », ce mot que les comptables utilisaient quand il entrait une donnée dans le livre des comptes. David dit heureux celui pour qui Dieu choisit de ne rien retenir dans la colonne des débits sur le livre des comptes.

Dans cet exemple de David, Paul ne mentionne pas la foi. Mais ses lecteurs juifs connaissaient le Psaume 32 et savaient par quelles paroles il se terminait au verset 10. David avait fini son exaltation de Dieu en disant : « Celui qui se confie en l’Éternel est entouré de sa bienveillance. » Se confier en l’Éternel voulait dire avoir la foi. C’est par la foi que David fut donc justifié.

II. Le salut par la foi et la conversion

Le message de base de Paul est donc clair. Nous sommes sauvés par la foi et non une obéissance parfaite. Mais malheureusement les paroles de Paul sont parfois tordues pour faire dire ce qu’elles ne disent pas. Certains disent par exemple que le salut exclut toute œuvre, peu importe sa nature et ils lient le baptême à une œuvre qui doit être exclue. Si un homme est sauvé par la foi sans œuvre, le baptême pour eux est donc une contradiction si on le lie au pardon des péchés.

Deux choses en réponse à cela. Déjà, Paul ne parle pas de la conversion. Ces exemples font référence à des personnes qui appartenaient déjà à Dieu. Il n’examine donc pas le processus par lequel ils devinrent en premier lieu enfants de Dieu, même si la façon de procéder de Dieu ne change pas. Un homme n’est jamais sauvé sur base de ses mérites. En cela Luther avait tout à fait raison. Mais Paul ici n’a pas traité la conversion initiale, pour qu’on comprenne le processus de l’adoption en relation avec la foi. S’il l’avait fait, nous aurions un exposé plus détaillé. Mais pour les premiers chrétiens le baptême n’était pas contradictoire avec le salut par la foi. Le catholicisme n’avait pas encore fait un sacre du baptême (une œuvre de mérite indépendante de la foi qui donne à Dieu certaines obligations à notre égard vis à vis du salut).

Sur le point de la conversion, je vais donc aller un peu plus loin, puisque certains lient ce point aux paroles de Paul en Romains 4 pour exclure le baptême. Au chapitre 4 Paul enseigne bien que nous ne sommes pas sauvés par nos œuvres. Pourtant en Romains 10, il n’hésite pas à dire que la confession de la bouche a quel résultat ? Regardez au verset 10 : « … » En Romains 6, aux versets 17 et 18, il dit aussi que les chrétiens romains avaient été affranchis comment ? En obéissant à la règle de doctrine, qui comprenait le baptême « … » Y a-t-il contradiction entre Romains 4 et Romains 10 et 6 ? Non. Mais aux yeux de Paul demander le salut à Dieu n’était la même chose que de faire des bonnes actions pour mériter le pardon et mettre Dieu dans l’obligation.

Je voudrais vous donner une illustration pour vous aider à comprendre. Un homme frappe à la porte d’une maison et demander de la nourriture. Le propriétaire lui répond qu’il a du bois à couper et si l’homme veut bien le faire, il recevra un repas. L’homme coupe le bois, puis il revient et demande son dû, un bon repas chaud. Dans un autre coin de la ville, un homme frappe à une autre porte pour dire qu’il a faim et demander de l’aide. Le propriétaire lui dit : « Vous tombez à pic, je viens de préparer un grand repas et il y a assez pour ma famille et vous. Entrez pour manger avec nous ! » L’homme entre, il se met à table et se régale du bon repas chaud qu’on lui offre. Quelle est la différence entre ces deux mendiants ? L’un a travaillé pour gagner son repas, mais pas l’autre. Pourtant ils ont tous les deux dû faire quelque chose, pas vrai ? Le second a du entrer dans la maison, se mettre à table et utiliser sa fourchette et son couteau pour amener la nourriture à sa bouche. Mais son repas n’est pas consommé dans le même état d’esprit. Un se dit qu’il l’a bien mérité et l’autre pas. De la même manière pour obtenir le salut, il nous faut faire certaines choses. Nous devons ouvrir nos cœurs à sa parole, nous devons placer notre confiance en Dieu, tout le monde est d’accord sur le fait que nous devons nous repentir et confesser le nom de Jésus de notre bouche. Laissons le baptême de côté pendant un instant. Nous pourrions appeler ces choses des œuvres, n’est-ce pas ? Certains commentaires disent que non, parce qu’ils ont peur de suggérer que l’homme doit faire quelque chose pour être sauvé. Mais une œuvre est bien une action que l’on fait, n’est-ce pas ? La clé pour réconcilier le tout, c’est de comprendre qu’il y a différents types d’œuvres. Il y a les œuvres méritoires et les œuvres de la foi. Et presque tout le monde sait que la confession et le repentir ne constituent pas des œuvres méritoires. Alors pourquoi serait-ce différent avec le baptême ? C’est surprenant de voir que les théologiens représentent la foi comme étant le fait de tendre une main vide vers Dieu, mais qu’ils ne définissent pas ça comme une œuvre. N’oublions pas que tendre une main est un acte en soit. C’est quelque chose que l’homme doit faire. Il est vrai toutefois, que ce n’est pas une œuvre de mérite. En un sens, il faut réaliser que la prière du croyant pratiquée dans beaucoup d’assemblées est plus une œuvre que le baptême, puisque celui qui prie doit un sujet actif, mais celui qui est baptisé est un sujet passif. Il subit ce que quelqu’un d’autre lui fait. David Limpscomb, un grand prédicateur a dit ceci à ce sujet : « Le baptême est parfois désigné comme une œuvre de la personne baptisée (…), mais le baptême est moins une œuvre que la foi ou la repentance. Le baptisé se livre entre les mains de celui qui baptise. Il est enseveli par un autre, il est ressuscité en Christ (…) Quand un homme meurt et ses amis prennent son corps pour l’ensevelir, personne ne dirait qu’il s’agit de l’œuvre du défunt. »

Quand on parle de la relation de la foi avec les œuvres, c’est vraiment épineux. Exclure trop vite les œuvres a mené les théologiens à bien des problèmes par le passé. Aujourd’hui les chrétiens dans les différentes confessions ne comprennent pas la portée qu’ont eu de telles conclusions. Quand William Temple dit, dans le commentaire de la NIV, « que la seule chose (…) qu’on puisse faire pour contribuer à notre rédemption, c’est de pécher », il présente un raisonnement incomplet. C’est à cause de tels enseignements qu’il y a eu des guerres entre les calvinistes et les luthériens. Les calvinistes refusant la possibilité de toute œuvre humaine pour le salut ont créé la doctrine de la prédestination. Si un homme répondait à l’appel de Christ, ce n’était pas parce qu’il l’avait décidé, c’est parce que Dieu l’avait choisi et élu. S’il croyait, c’est parce que Dieu mettait la foi dans son cœur. Par extension, si un homme était perdu, c’est parce que Dieu arbitrairement l’avait décidé ainsi et ne lui avait pas fait le même cadeau. Comprenez-vous où de tels raisonnements mènent ? De nos jours, presque plus personne ne croit au calvinisme. La plupart des commentaires enseignent que le salut dépend de notre propre choix. Tout ceci pour dire que le baptême est une œuvre de foi et qu’il est au même titre que la repentance et la confession un moyen par lequel nous tendons notre main vers Dieu pour implorer son pardon.

Conclusion :

Je termine ici car je suis à court de temps. Mais pour terminer je vous demande encore une fois de regarder au schéma qui reprend les deux systèmes de justification et leurs caractéristiques. Quel système Paul a-t-il prêché ? Dans quel système choisissez-vous de placer votre confiance ? Le salut est un cadeau de Dieu, un don de sa grâce qu’il nous faut saisir dans la foi. Remercions le ensemble par une prière.