Introduction :
Nous arrivons aujourd’hui au moment où David devient finalement roi. Depuis un bon bout de temps, nous avons vu le long chemin qu’il a dû parcourir pour en arriver là. D’après ce que je vous ai déjà dit, pouvez-vous deviner combien de temps s’est écoulé depuis le moment où il a été oint par Samuel et où il devient roi d’une partie d’Israël au verset 4 du chapitre 2 ? Vraisemblablement entre 15 à 20 ans. Plus ou moins deux décennies qui ont été pleines de défis et de mises à l’épreuve. Il a dû fuir Saül encore et encore. Mais finalement le roi qui lui en voulait tant est mort.
Dans quelles circonstances le roi d’Israël est-il décédé ? Lors d’une bataille contre les Philistins. Il s’est donné la mort en faisant harakiri, donc en tombant sur son épée, après avoir été blessé et avoir vu ses trois fils et son armée se faire massacrer. Normalement qui devait participer à cette bataille ? Selon 1 Samuel 29, David et ses hommes. Mais attention, ils étaient partis pour se ranger, non pas du côté de Saül, mais du côté du roi philistin qui les avait pris sous sa protection. Il aurait été opposé à Jonathan et à ses frères juifs. Par la grâce de Dieu, les autres rois philistins s’étaient opposés à la présence de David et il avait été renvoyé. Seulement à son retour, il avait trouvé que les Amalécites étaient tombés sur la ville où lui et ses hommes et leurs familles résidaient. Les Amalécites avaient tout détruit et emporté femmes, enfants, bétails et possessions. Durant le conflit entre Saül et les Philistins, David et sa troupe s’étaient donc mis en poursuite des pilleurs et avaient livré leur propre bataille. Ils avaient beaucoup mieux réussi que Saül. Puisque Dieu était avec eux, ils avaient battu des milliers d’Amalécites et repris tout ce qui leur appartenait. David ne savait donc pas ce qui s’était passé sur l’autre champ de bataille. Il va maintenant recevoir des nouvelles. C’est là que nous reprenons en 2 Samuel chapitre 1. Lisons les versets 1 à 10 : « … »
Arrêtons-nous ici pour le moment. L’homme qui vient parler à David est un Amalécite qui se battait du côté des israélites. L’histoire qu’il raconte est-elle vraie ? Non Nous le savons car l’auteur de 1 Samuel 31 nous dit ce qui s’est réellement passé. Alors pourquoi l’Amalécite raconte-t-il une telle histoire ? Parce que c’est un menteur et un opportuniste. Il espère tirer profit d’une nouvelle qui devrait réjouir David le futur roi d’Israël. Il est là non pas vraiment parce qu’il se soucie du pays d’Israël qui est ravagé, non pas parce qu’il cherche de l’aide pour les enfants de Dieu qui sont en déroute, mais parce qu’il pense pouvoir personnellement bénéficier de la situation. Les opportunistes sont des grands égoïstes qui n’hésitent pas à mentir ou à utiliser les autres pour arriver à leurs fins. Il y a des gens, comme lui, qui parfois graviteront autour de vous pour ce qu’ils peuvent retirer de votre amitié. Ils ne sont pas intéressés par vous ou votre famille, mais peut-être vous exercer un métier et vous avez des talents dont ils savent avoir besoin. Ou alors vous avez un peu plus d’argent qu’eux et ils aimeraient pouvoir vous en soutirer un peu. Parfois, c’est parce que vous avez un jardin et pas eux et ils voudraient un coin pour que leurs enfants puissent jouer, parfois c’est parce que vous avez une maison qu’ils pensent pouvoir emprunter quand ils vont en voyage, parfois c’est parce que vous avez des outils qu’ils voudraient pouvoir emprunter ou une fille qu’ils voudraient avoir comme petite amie. Je me dis parfois qu’il devient rare de trouver des gens qui sont désintéressés. Dans un sens, on commence tous nos relations avec autrui à cause d’un besoin que l’on voudrait satisfaire et c’est normal, mais il faut faire attention de ne pas utiliser les gens. Frères, les vrais opportunistes qui sont prêts à beaucoup pour obtenir ce qu’ils veulent. Dans cette histoire, l’Amalécite avait conçu un joli récit avec pleins de détails pour paraître plus vraisemblable Il savait qu’un menteur habile ne devait rien laisser au hasard, qu’il fallait éviter les incohérences, les trous dans le récit afin que ses interlocuteurs ne posent pas trop de questions. Il savait qu’il fallait donner une preuve ou deux, un bracelet, une couronne ou un autre objet ayant appartenu à Saül. Il savait qu’il devait aussi s’attirer la sympathie de David. Il se présenta donc comme celui qui avait achever le roi dans un élan de pitié. Bien sûr il savait que Saül et David n’étaient plus en bons termes. Et puis remarquez comment il s’adressa à David au verset 10. Comment l’appela-t-il ? « Mon Seigneur ». Il beurrait la tartine. Ça me fait penser à ceux qui viennent me voir parfois et qui utilisent la flatterie pour obtenir ce qu’ils veulent. Vous avez déjà connu ça n’est-ce pas ? Un Chrétien lui ne devrait pas utiliser ces méthodes. Surtout quand c’est malhonnête.
Tout ceci m’amène à un premier point cet après-midi.
I. L’ennemi de mon ennemi n’est pas toujours mon ami.
Peut-être vous avez déjà entendu cette expression : « L’ennemi de mon ennemi est mon ami ! » Nous y croyons souvent, mais ce n’est pas nécessairement vrai. Souvent l’ennemi de mon ennemi est juste quelqu’un qui aime parler dans le dos des gens. Je préfère mille fois quelqu’un qui prie pour son ennemi et qui essaye de ne pas dire du mal aux autres de celui qu’il n’aime pas, à celui qui essaye de faire de moi son ami en partageant des choses qu’il ne devrait pas. C’est déjà assez difficile de rester positif et de pardonner sans qu’en plus quelqu’un ne vienne rajouter de l’huile sur le feu.
Imaginez quel respect ce jeune Amalécite aurait gagné s’il avait pris le corps de Saül et l’avait enterré dignement, au lieu de juste lui voler sa couronne et son bracelet. En prenant ces choses, mais en laissant le corps de son monarque être récupéré par l’ennemi, pour être mutilé et pendu sur un mur, il venait de démontrer quel genre d’homme il était vraiment. Si cet Amalécite s’était retourné si facilement contre son roi et l’avait abandonné à l’ennemi, alors que savons-nous qu’il aurait pu faire lorsqu’il se serait retrouvé dans une position semblable avec David quelques temps après ? La même chose. Celui qui trahit un, trahira l’autre. Attention donc à ne pas croire que les ennemis de nos ennemis sont naturellement des gens qu’il faut considérer comme amis. Et attention aussi de ne pas nous faire avoir trop facilement par des gens qui racontent de belles histoires et donnent quelques preuves et de belles flatteries juste pour obtenir quelque chose de nous.
II. La fin de notre ennemi n’est pas une occasion pour se réjouir.
Ce qui m’amène à une seconde leçon tout aussi importante. La chute de notre ennemi n’est pas une occasion pour glousser et se réjouir. Aussitôt que l’Amalécite termine de raconter son histoire, il va apprendre cela. Car que fait David ? Lisons ensemble, versets 11 à 16 : « … » Que fait David ? Il ne réagit pas comme le jeune homme pourrait s’y attendre. Il commence à se lamenter. Il déchire ses vêtements et lui et tous ses hommes se mettent à pleurer. L’Amalécite doit être confus. Il doit se demander s’il ne rêve pas. La mort de l’ancien roi n’était-il pas la fin des ennuis de David et sa troupe ? Si, mais ils ne se sont pas mis à célébrer. Je vois deux raisons à cela au moins. Premièrement parce que Dieu nous dit que ce n’est pas bien. Deuxièmement parce que ça ne veut pas dire que tous les problèmes sont finis. Vous avez déjà entendu l’histoire de la petite veuve qui priait tous les jours pour le duc de Milan ? Le duc de Milan était un homme méchant et cruel. Presque tout le monde le détestait, sauf ceux qui bénéficiaient de sa position. Mais dans le pays, il y avait une petite veuve qui tous les jours allait à l’église pour prier pour lui. Le duc l’apprit et il décida d’aller rencontrer la femme à l’église et lui demander pourquoi. « Je n’ai rien fait pour mériter ça ! » dit-il. « C’est vrai ! » elle répondit. « Alors pourquoi le faites-vous ? » « Parce que lorsque j’étais une jeune fille, sous le duc de Milan qui régnait alors, nous souffrions et j’espérais de tout mon cœur qu’il soit renversé. Il l’a été. Mais le roi l’a alors remplacé avec un autre duc qui était pire que lui. J’en ai pleuré. J’ai souhaité sa mort et qu’il disparaisse aussi. Dieu m’a entendu et il est décédé. Mais en suite vous êtes venu, et vous, seigneur, êtes encore plus cruel et méchant que les deux précédents. Je suis donc terrifiée que si vous mourriez la malédiction continue et que nous nous retrouvions avec pire que vous. Tous les jours, je demande donc à Dieu de vous garder en vie. » Le tyran en entendant cela fut choqué, mais aussi trop honteux pour mettre cette petite femme à mort. Cette histoire vraie illustre parfaitement pourquoi il ne faut jamais se réjouir de la mort de son ennemi. Parce que ce qui suit peut-être pire. On dit en anglais mieux vaut le vilain qu’on connaît que celui qu’on ne connaît pas. À la mort de Saül la tribu de Juda fit de David son roi, mais le reste des tribus choisirent de se rallier à Ish-Boscheth, le fils de Saül qui les mena dans une guerre civile pendant 7 ans. David n’organisa donc pas de réjouissance, de danses et de repas pour célébrer l’occasion, mais il pleura la perte de son ennemi et ce qu’elle signifiait pour le pays. Lui et ses hommes jeunèrent toute une journée (v12). Enfin il punit celui qui avait déclaré avoir osé tuer le roi.
Un homme de Dieu ne félicite pas ses enfants ou ses amis quand ils font du mal à un ennemi, il les corrige et il se met en peine du mal que l’autre peut souffrir. Il continue à traiter son ennemi avec respect même après son décès. Regardez d’ailleurs le chant funèbre que David composa pour honorer Saül. Lisons ensemble les versets 17 à 27 : « … » C’est un beau chant n’est-ce pas ? David n’oublia pas dans celui-ci de rendre honneur aux accomplissements positifs de son ennemi. Il ne vit pas le besoin de rappeler comment Saül avait presque tué son propre fils Jonathan, comment il avait privé Mical, sa fille, d’être avec David son époux et comment il avait traité son propre beau-fils et ses sujets. Il laissa aux historiens le soin de rappeler la vérité. Lui parla juste en bien du roi décédé (Il l’appela « l’oint de l’Éternel » v. 14, « l’élite d’Israël » v.19, « un héros » v. 21, « un homme vaillant » v.22, « un aigle », un « lion » v.23)
Ce qui m’amène à mon dernier point.
III. Il faut remporter nos victoires avec honneur.
À la mort de Saül, David ne monta pas s’emparer directement du trône. Il aurait pu, mais il attendit que le pays fasse son deuil et choisisse qui il voudrait suivre. Regardez au chapitre 2, versets 1 à 7 : « … » David donna le temps à ses ennemis de se ranger de son côté. Personne ne pourrait dire par la suite qu’il avait acquis sa position par un jeu de force. Dieu lui avait promis la victoire et c’est Dieu qu’il laissa agir dans la situation.
Ça me rappelle ce qui se passa lors du tour de France de l’été 2003. Vous rappelez-vous qui était en tête cette année là ? Celui qui avait remporté les 4 tours de France précédents, Lance Armstrong. Mais il était suivit de très près au classement par Jan Ullrich (15 secondes de différences), un tout petit rien pouvait donc faire basculer la balance. Et ce petit rien arriva. Alors qu’il passait près d’un groupe de spectateur, la lanière d’un sac s’accrocha au guidon de Lance Armstrong et il fit une chute spectaculaire. Que fit Jan Ulrich, vous vous en rappelez ? Et surtout qu’auriez-vous fait ? La plupart d’entre nous en aurait profité pour partir en trombe et gagner la course. « Le malheur des uns fait le bonheur des autres ! », juste ? Pas pour Jan Ullrich. L’allemand refusa de partir en trombe. Il ralentit sa cadence jusqu’à ce que Lance se remette sur son vélo et puisse le rattraper. Il observa une vieille tradition du cyclisme et repaya une dette qu’il avait envers Armstrong. Voyez-vous, deux ans avant cela, un incident similaire s’était passé entrainant la chute d’Ullrich et c’est Armstrong qui avait attendu. La tradition est ainsi. D’ailleurs lors de la troisième semaine durant l’étape la plus longue, lorsqu’un homme du peloton de tête a besoin de faire un arrêt pipi, là aussi tous les autres ralentissent et attendent son retour. En commentant sur cette journée, voici ce qu’Ullrich a dit plus tard aux journalistes : « Bien sûr j’ai attendu. Si j’avais gagné cette course en tirant profit de la malchance d’un autre, alors cette course n’en aurait pas valu la peine. De toute ma vie, je ne suis jamais passé à la vitesse supérieure lorsque quelqu’un a chuté. Ce n’est pas comme ça que je fais de la compétition. » Savez-vous comment le journal Los Angeles Times a intitulé cette interview lors de sa parution, le 23 juillet 2003 ? « En cyclisme, gagner avec honneur est le plus important ! »
Conclusion :
Quelle belle conclusion pour cette étape de la vie de David. Gagner avec honneur pour lui signifiait tout. Et pour vous, en tant que chrétien aujourd’hui, est-ce que ça signifie autant ? Si oui, rappelons-nous que la fin de notre ennemi n’est pas l’occasion pour nous réjouir et que la victoire se remporte en laissant Dieu nous mener là où nous voulons être.
Prions ensemble.