Introduction :
Avez-vous déjà entendu des parents dire à leur fils : « Un homme ne pleure pas ! Sois fort ! » ? Moi oui. Je dirai même que c’est une pensée courante. Êtes-vous d’accord ? Par contre, j’ai rarement entendu dire à une fille, qu’une femme ça ne pleure pas. Mes dames, êtes-vous d’accord ? La société nous a programmé de telle façon qu’aujourd’hui, en tant qu’homme on a difficile d’être ouvert avec nos émotions. C’est dommage, car nous avons besoin de pleurer sans honte de temps à autres. Nous en avons besoin tout d’abord pour nous-mêmes (pour être stable, spirituel et psychologiquement équilibré, j’y reviendrai). Et puis, il y a des personnes autour de nous qui ont aussi besoin de voir nos larmes pour jauger ce qui est en nous, pour savoir ce qu’est la maturité en Christ, pouvoir grandir elles-mêmes, pour dépasser de mauvais événements ou pour réparer certaines relations.
Aujourd’hui, je voudrais aborder ce thème en retournant étudier la vie de Joseph. Lorsque nous avons terminé notre sermon la semaine dernière, nous avons vu que Joseph avait enfin obtenu des réponses sur l’état spirituel de ses frères, 23 ans après qu’ils l’aient vendu en esclavage. En Genèse 45 : 1 et 2, nous lisons donc ceci : « … »
Imaginez la scène et n’oubliez pas que les frères ne savaient pas devant qui ils étaient vraiment. Dans leurs esprits, ils se tenaient devant l’homme le plus puissant du monde de l’époque (après Pharaon) et ils attendaient de connaître le verdict, car la coupe de ce dirigeant venait d’être retrouvée dans le sac de Benjamin (44.5). Je me demande si en voyant le visage du premier ministre se décomposer, leur cœur a flanché ? Quand ils ont vu les larmes commencer à couler et l’homme commencer à gémir, se sont-ils dits : « le premier ministre est fou ! On se tient devant un fêlé ! Qu’est-ce qu’on va faire ? On ne s’en sortira jamais ! »
Puis imaginez Joseph quand il chasse tout le monde, avec des cris, puis qui se retourne et qui leur dit, verset 3 : « … » Ils doivent être bouche bée, ne croyant pas vraiment entendre ce qu’ils entendent. Est-ce Dieu qui joue une mauvaise farce en envoyant l’esprit de leur frère défunt (42.13) dans cet homme ? Mais non, il parle l’hébreux, il leur dit de s’approcher, verset 4 « … »
À ce moment, leur trouble doit se muer en peur plus grande encore. Si c’est vraiment leur frère, que fera-t-il après les avoir fait approcher ? Ils l’ont vendu en esclavage. Ils ont voulu le tuer ! La punition risque maintenant d’être dix fois pire que celle pour une coupe volée.
J’aime ce que Joseph dit ensuite, verset 5 « Ne vous affligez pas ! Ne soyez pas fâché de m’avoir livré ! » Oh, ils doivent se morfondre, se battre la poitrine, s’en vouloir de leur stupidité passée ! Mais le caractère de Joseph brille à ce moment. Il essaye de dissiper leur crainte, il veut les rassurer. Il ne leur en veut pas. Regardez le reste de ses paroles dans le passage : « … » (45.5c à 8)
Remarquez-vous ce qu’il répète plus de 3 fois dans ce passage ? « Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais Dieu. C’est Dieu ! » Soulignez cette expression ! « Dieu m’a envoyé ». Joseph était un homme qui considérait constamment sa vie dans une perspective divine.
Grâce à sa théologie, Joseph a pu éclipser ses émotions humaines négatives, telles la colère, la rancœur ou l’amertume. Grâce à sa foi, Dieu l’a changé. Tu vois Jean-Claude, quand nous avons une mauvaise attitude face à des événements difficiles, c’est parce que nous regardons la vie d’un point de vue humain. Mais quand nous regardons aux choses comme Joseph, alors notre attitude change et nous brillons dans les ténèbres.
Frères, si nous voulons rester droits et positifs, il nous faut apprendre à discerner le plan de Dieu. Il faut se dire : « C’est Dieu qui m’a envoyé là où je suis. C’est Sa main qui m’a mis dans cette situation. Il a voulu tout ceci pour que du bien ressorte de cette expérience. » Ainsi, je n’ai pas besoin de commencer ma journée en grinçant des dents et en demandant à quoi bon ! Je peux fleurir là où Il m’a planté, je peux m’épanouir là où je suis, jusqu’à ce qu’il décide de me mettre ailleurs. C’est aussi le secret pour rester positif avec ceux qui m’ont fait du mal : « Dieu a voulu tout ceci afin que… ! »
La bible dit ensuite ceci, versets 9 à 15 « … » Remarquez à nouveau que Joseph versa énormément de larmes durant ces moments. Je vous laisse réfléchir à pourquoi. Pourquoi Joseph pleurait-il ainsi ?
L’histoire continue en disant, aux versets 16 jusqu’à 24 « … » Ainsi Pharaon apprend que Joseph et ses frères viennent d’être réunis. À votre avis, pourquoi la nouvelle se répand t’elle aussi vite ? Il vient d’y avoir un remue-ménage chez Joseph. Tout le monde vient d’être chassé. Les pleurs de Joseph étaient tellement forts, qu’ils ont attiré l’attention de qui (selon le verset 2) ? Des Égyptiens et de la maison de Pharaon.
Or Pharaon connaît l’origine de Joseph (ch. 41.11-13 et 40.15). Je ne sais pas s’il a entendu toute l’histoire de comment Joseph est devenu esclave, mais pour savoir comment réagir à la nouvelle que les frères de Joseph sont là, sur quoi doit-il se baser ? Sur la réaction de Joseph. Or ses pleurs viennent d’envoyer un message clair sur comment Joseph prend la chose. Pharaon sait à présent que Joseph est profondément attaché à sa famille peu importe ce qui s’est passé.
Quelle leçon sur le pardon, si Pharaon était au courant de tout! Sinon quelle leçon sur la place qu’un homme de Dieu doit accorder à ses frères et ses parents !
La famille de Joseph reçoit donc le privilège de vivre dans une des meilleures régions d’Égypte et de bénéficier de ce que le roi a de mieux à offrir. Les frères repartent avec des chariots, des provisions, des ânes et Benjamin quitte avec trois cents sicles d’argent, ce qui représente 15 fois le prix que les frères de Joseph retirèrent quand ils le vendirent en esclavage. Ils reçoivent juste cette exhortation : « Ne vous querellez pas en chemin ! » Ironique, n’est-ce pas ? Mais Joseph savait que la prospérité amène parfois de drôles de réactions.
Je termine ici cette histoire, mais pas sans préciser que Joseph est la personne qui pleura le plus souvent dans le livre de la Genèse. La bible rapporte 7 moments où il versa des larmes. Vous rappelez-vous de certains de ces moments ? Quand pleura-t-il ?
Ainsi donc, cet homme qui était un personnage puissant, qui avait un prestige incroyable, une autorité incontestable, une foi solide versait des larmes. Rien de ce qu’il vécut ne lui enleva sa capacité d’être tendre, de montrer de la compassion, d’aimer profondément et de savoir pleurer.
Après être passé par de nombreuses épreuves, il ne ressortit pas froid comme de la pierre et ayant « versé les dernières larmes qu’il avait en lui », incapable d’encore ressentir quelque chose.
De tout ceci j’apprends des leçons importantes.
I. Être un homme de Dieu ne signifie pas perdre sa capacité de ressentir des choses et de pleurer.
Que du contraire, d’ailleurs comment être spirituels si d’abord nous n’apprenons pas à pleurer à cause de nos fautes ? Jacques dit dans son 4ième chapitre, versets 8 à 9 que si nous voulons nous approcher de Dieu, que nous faut-il ? Sentir le deuil et être dans les larmes. Pensez à la pécheresse qui mouilla les pieds de Jésus avec ses larmes en Luc 7.38
Et puis avez-vous remarqué combien de passages dans le Nouveau Testament nous exhortent à devenir des personnes sensibles ? Romains 12. 15 – Actes 20. 31 et 37 – 2 Cor 2.4 ; 7.7 - Phil. 3.18 et 2 Tim. 1.4
Oui, les hommes pleurent, surtout ceux qui sont spirituels. Jésus pleura, n’est-ce pas ?
Nous devrions verser des larmes quand les autres souffrent, quand nous les voyons aller sur une voie qui mène à la perdition, mais aussi quand nous avons fait du tort à quelqu’un, car nos larmes peuvent ouvrir alors une porte pour la réconciliation ou pour parler ouvertement. Notre interlocuteur sait alors combien nous nous soucions de lui et il n’a plus de doutes sur nos motifs. Savoir pleurer est un signe de force et non de faiblesse. Alors, ne permettons pas à notre fierté de nous empêcher de faire ce que Dieu dit être normal, ce qui est saint, ce que Dieu a mis en nous pour relâcher parfois une tension émotionnel et épurer ce qu’il y a de troublé à l’intérieur.
II. Mais attention, il ne faut pas que ça devienne une arme manipulatrice.
Bien que pleurer résulte d’une émotion légitime et nécessaire, il ne faut pas que ça devienne une arme manipulatrice.
Ce n’est pas un secret que certains ont développé l’art de pleurer. Ce sont de grands acteurs qui savent comment incliner le cœur de leurs auditeurs, qui autrement ne leur accorderaient pas certaines faveurs. Joseph ou Jésus n’étaient pas ainsi. Dieu ne veut pas que nous agissions malhonnêtement, soit pour éviter une punition ou pour obtenir ce que nous n’avons pas travailler honnêtement pour avoir.
Quand nous utilisons une expression légitime des émotions que Dieu nous a donnée avec de mauvais motifs, alors nous finissons par faire du mal et par amener la confusion dans l’esprit de ceux qui nous entoure. Tôt ou tard, ils remarqueront nos efforts pour manipuler et nous détruirons alors peut-être ce que nous ne pourrons plus reconstruire, leur confiance en nous !
Conclusion :
Je termine donc ici en vous demandant de réfléchir un instant. Quand avez-vous pleuré pour la dernière fois ?
Si vous ne pouvez pas vous en rappeler ou si ça fait trop longtemps, peut-être il est temps de demander à Dieu de réparer quelque chose en vous. Car embouteiller ses émotions résulte tôt ou tard en une perte d’équilibre et une incapacité d’être l’homme ou la femme que Dieu veut que vous soyez.
Enfin, lorsque vous avez pleuré la dernière fois, pour quelle raison était-ce ? Si c’est pour des raisons semblables à celles qui ont fait que Joseph pleure tant mieux. Mais si c’était pour manipuler quelqu’un, alors aujourd’hui demandez à Dieu de vous aider à devenir plus honnête et à ressentir de nouveau les choses comme vous devez les ressentir.
Que Dieu vous garde et vous aide à être de véritables hommes !