Quand la confiance disparaît

Série sur Joseph (Genèse 42.29 à 44.34)


Introduction:

Aujourd’hui, j’arrive à un endroit dans la bible où il me faut parler sur la confiance. C’est marrant comme Dieu fait les choses, parce que je ne me sens pas la meilleure personne pour le faire. Hier, …

Il est difficile de fonctionner dans un couple quand il n’y a pas de confiance. Je dirais d’ailleurs que la confiance est un des ingrédients principaux qu’il faut pour que n’importe quelle bonne relation humaine puisse exister. Quand la confiance disparaît alors les mariages s’effondrent, les familles se désintègrent, les églises se divisent, les amitiés régressent.

Le problème, Didier, c’est que nous sommes encore loin de la perfection et que de temps à autres, je vais faire des erreurs avec toi et toi avec moi. Et ça va résulter en une plus ou moins grande perte de confiance selon l’ampleur de la faute. Tu te demandes alors si notre relation n’est pas condamnée à s’effondrer ? Et puis celles avec les autres aussi ? Est-il possible après une grosse faute de regagner la confiance et de repartir comme si de rien n’était ?

C’est deux bonnes questions auxquelles je vous propose de commencer à répondre, après avoir étudier la section sur la vie de Joseph que nous allons voir aujourd’hui. Si vous avez une bible, prenez-là et ouvrez-là en Genèse 42. Nous nous sommes arrêtés au verset 29 la semaine dernière. Vous savez que pour en arriver à la position de premier ministre d’Égypte, Joseph a dû souffrir le pire des rejets de la part de sa famille et de Potiphar. Et dans ce chapitre, ses frères qui l’avaient vendu en esclavage se retrouvaient devant lui à le supplier de leur vendre du grain et de croire à leur honnêteté de cœur.

Joseph avait dur d’y croire, je n’ai pas besoin de vous expliquer pourquoi. Mais pour que Joseph puisse parvenir à vraiment rétablir une relation correcte avec eux, il avait besoin de deux choses :

  1. de voir qu’ils étaient maintenant vraiment honnêtes et sincères,
  2. et qu’ils regrettaient vraiment ce qu’ils avaient fait envers lui, aussi bien qu’envers Dieu.
Parce que dire la vérité, c’est bien mais quelle est la motivation derrière une honnêteté soudaine ? Est-ce juste parce qu’ils voulaient avoir de la nourriture, plaire au premier ministre ou parce qu’ils s’en voulaient vraiment pour avoir fait du mal à Joseph et à Dieu ? Et au fond, étaient-ils tous toujours contrôlés par la jalousie ? Étaient-ils tous toujours aussi insensibles aux sentiments de leur père Jacob ? Leurs consciences étaient-elles toujours endurcie par rapport à Dieu et sa volonté.Avant de se révéler, Joseph avait besoin de connaître les réponses à ces questions.

Lisons les versets 29 à 35 « … » Entre parenthèses, le mot hébreux pour peur ici est Yare. Il décrit vraiment des émotions négatives intenses. Ils étaient secoués. La terreur avait sa main sur leur cœur. Ce qui explique la réponse suivante de Jacob, verset 36 « … » Ruben va donc prendre la parole. Vous vous rappelez qui est Ruben, juste ? C’est le 1er fils de Léa, donc l’aîné de la famille. C’est lui qui a fait quoi ? Genèse 35.22, c’est lui qui a couché avec Bilha, la concubine de son père.

Regardez aux versets 37 ce qu’il dit « … », puis v. 38 « … » Je ne pense pas que Jacob était un homme à prendre la vie de ses petits-enfants, mais la déclaration de Ruben montre 2 choses :

  1. combien il se sentait désespéré avec la situation de famine et
  2. qu’il ressentait que son père ne lui faisait plus confiance. Il fallait pour mettre du poids dans son offre que Ruben joue la vie de ses enfants.

Pourquoi ? Parce que vraisemblablement la faute grave qu’il avait commise avait endommagé la confiance que son père lui portait. Et malheureusement, ça ne fut plus jamais pareil. Jacob alla jusqu’à son lit de mort avec des sentiments négatifs envers son fils aîné (Ge 49.3-4). Offrir à son père la possibilité de prendre la vie de ses fils était un effort désespéré de la part de Ruben, pour regagner la confiance de son père. Mais ça ne fonctionna pas. « Mon fils n’ira pas avec vous ! » dit Jacob.

Ceci est une illustration tragique et réelle de ce qui arrive quand parfois nous faisons des fautes graves envers nos bien-aimés. C’est aussi une mise en garde, car nous pouvons pousser les choses à un point où la marche arrière n’est plus possible dans nos relations humaines. Parfois, si nous commettons certains péchés, les autres ne pourront plus retrouver leur confiance envers nous, peu importe nos efforts. Est-ce que Dieu veut qu’il en soit ainsi ? Non, mais c’est la réalité car tout le monde n’est pas chrétien. L’histoire de Ruben est un avertissement !

Il fallut l’intervention d’un autre fils pour débloquer la situation. Continuons à lire. Ge 43. 1 à 25 : « … » Était-ce sage pour les frères, en arrivant en Égypte, d’aller tout de suite parler à l’intendant de Joseph pour lui rendre l’argent et lui expliquer la situation ? Oui, ils marquaient ainsi, sans le savoir, un premier point pour prouver leur changement de cœur. Ils venaient de montrer leur honnêteté, ce qui reviendrait aux oreilles de Joseph. Je vous rappelle que c’est justement un des points de leurs personnalités sur lesquels Joseph se posait des questions. Mais, avez-vous bien lu la réponse de l’intendant de Joseph ? v23, « Ne craignez rien ! C’est votre Dieu, le Dieu de votre père, qui vous a donné un trésor dans vos sacs. »

Je me demande si les frères de Joseph se sont regardés étonnés ? Pourquoi un Égyptien polythéiste parlerait-il de leur Dieu ? Dans tout ce qu’on lit en Genèse, le nom de Dieu fut mentionné plus souvent par les Égyptiens que par eux toutes ces années. Mais ça ne m’étonne pas, car moi aussi j’ai difficile de mentionner le nom de Dieu ou de prier quand j’ai commis un péché. Pas vous ?

Lisons les versets 26 à 30 (ch. 43) « … » N’oubliez pas que ça fait 23 ans que Joseph n’a plus vu son petit frère. Il devait à peine le reconnaître puisque Benjamin n’avait qu’un an quand Joseph avait été vendu. L’émotion devait être grande. Mais ce n’était pas encore le temps pour Joseph de se révéler. Voilà ce qu’il fit, versets 31 à 34 « … »

Petite précision, dans la culture de l’antiquité, les princes et les rois recevait des portions supplémentaires à table. Les spartes par exemple doublaient les portions pour un roi, les Crétois la quadruplaient. En donnant 5 fois plus de nourriture à Benjamin, Joseph traitait le petit frère comme un roi, alors que les autres ne recevaient qu’une vulgaire portion. Pourquoi Joseph faisait-il cela ? Parce qu’il aimait particulièrement Benjamin ? Probablement, mais pour le montrer pas besoin de quintupler les portions. Deux portions de toutes choses auraient suffi. Je vous rappelle que Joseph a des questions sur quoi ? Il veut savoir si le cœur de ses frères est vraiment différent. Un moyen parfait c’est donc de traiter un comme un roi et de voir comment les autres qui n’ont pas le même privilège réagissent. Joseph devait probablement examiner attentivement leurs réactions, leur langage corporel, leurs visages. Étaient-ils jaloux comme ils l’avaient été envers Joseph et sa robe auparavant ?

La bible dit qu’ils ne s’aigrirent pas, mais ils s’égayèrent. Bien sûr le vin y était aussi pour quelque chose. Alors Joseph fit un autre test. Lisons le chapitre 44, du verset 1 à 13. Arrêtons-nous ici. S’ils sont jaloux, ils tiennent finalement l’opportunité de faire quoi ? De se débarrasser de Benjamin comme ils l’ont fait avec Joseph. Joseph leur donne une opportunité en or de se débarrasser du petit frère s’ils sont encore jaloux comme avant. C’est un test !

Imaginez la joie que Joseph doit ressentir quand il les voit tous revenir sur leurs petits ânes, avec leurs robes déchirées, leurs mentons baissés et les traces de larmes sur leurs joues poussiéreuses. Ils sont maintenant des hommes plus soucieux de la santé morale de leur père et du bien-être de leur jeune frère que d’eux-mêmes. Ils sont différents, ils viennent de réussir ce test aussi. Lisons le reste. Versets 14 à 16 : « … » Juda dit que Dieu a trouvé leur iniquité. De quelle iniquité pensez-vous qu’il parle ? Ça c’est des mots qui montrent un cœur transformé, un cœur contrit devant Dieu ! Pourtant Joseph pousse la chose, verset 17 « … » Juda lui dit que ce sera donc de trop pour la santé de leur père, les versets 30 à 34 résument le discours : « … »

Joseph a maintenant la réponse finale à ses questions. Devant lui se trouve cet homme qui des années plus tôt à suggéré à ses frères que Joseph soit vendu en esclavage, cet homme qui alors n’avait aucun souci pour ce qu’il causerait avec sa proposition sur la santé moral de son père. Et maintenant il a tellement changé, il se soucie tellement de son papa, qu’il est prêt à échanger sa place avec Benjamin et devenir un esclave à vie. Que son frère retourne ! Ça c’est la repentance ! En entendant cela l’émotion de Joseph est si forte qu’il ne peut plus se contenir. Il se met à pleurer et révèle son identité.

Arrêtons-nous ici dans cette histoire. Quelqu’un demande : « pourquoi Dieu n’a-t-il pas tout simplement révélé dans un rêve à Joseph que ses frères étaient maintenant différents ? » Parce que Joseph et ses frères avaient apparemment besoin de passer par ces événements pour se repentir entièrement et guérir, parce qu’ils avaient besoin de grandir en vivant tout ceci. Et je retire 4 leçons de l’histoire.


I. La confiance est précieuse et il faut faire tout ce qu’on peut pour qu’elle continue à régner dans nos relations.

Fait-on confiance du jour au lendemain ? En général pas. Il faut des années pour développer une relation de confiance avec quelqu’un.Malheureusement, comme je l’ai dit au début, une seule action peut parfois détruire ce qu’on a mis des mois, des années, une existence à construire. Un acte d’immoralité sexuelle peut par exemple tout emporter. Il faut donc faire attention Jean-Claude, parce que lorsque la confiance disparaît, on perd une des choses les plus précieuses, qui cimente nos relations.


II. Donc si nous faisons quelque chose qui effrite la confiance, alors nous devons rebâtir en faisant preuve d’honnêteté totale et de vraie repentance.

Prenez à nouveau l’exemple d’un couple où l’un des partenaires est tombé dans l’immoralité sexuelle. Quel est le seul moyen de pouvoir y survivre, alors que l’autre se sent trahi au plus profond de lui-même ou d’elle-même ?C’est d’être honnête. La pire des choses qu’un homme puisse faire dans ce cas, c’est de mentir quand la femme le confronte et dit : « Combien de fois est-ce arrivé ? » Pour atténuer le coup, certains répondent : « Ce n’était qu’une relation d’un soir ! », alors que ça a duré plus longtemps. Ils veulent minimiser pour ne pas faire plus de mal. Mais que se passe-t-il le jour où la femme découvre que c’était bien plus régulier ou qu’il y a eu plus d’une autre partenaire ?

Et pour rebâtir, il faut alors prendre des mesures exceptionnelles. À partir de là, il faut devenir plus transparent, être ouvert sur son emploie du temps, être joignable à tout moment, il faut répondre de ses choix. Beaucoup d’hommes ne veulent pas ça. Mais quand quelque chose est cassé dans un corps, que faut-il ? Si le bras ou la jambe est cassée ? Il faut un plâtre pendant un temps. Le plâtre restreint, il n’est pas plaisant. Mais il est nécessaire pour réparer et solidifier de nouveau ce qui est brisé. Souvent la raison pour laquelle on ne veut pas devoir dire tous ses choix à quelqu’un, c’est parce qu’on n’est pas vraiment repentant. On dit alors à l’autre qu’il est comme la Gestapo. Mais c’est une attaque qui masque le vrai problème, le cœur non repentant. La tristesse semble être là, mais ce n’est que des sentiments causés par la peur de ce qui va résulter. Et s’il n’y a pas de repentance, il n’y aura pas de retour de la confiance.

Ce que je dis est valable pour tout acte qui résulte en un effritement de confiance, que ce soit dans le mariage ou à l’église ou dans une amitié, même si bien sûr ce qu’un ami demande à voir en nous peut être moins poussé que ce qu’une épouse veut voir dans un mari.


III. Si la confiance ne peut pas être rétablie, alors allons de l’avant en faisant ce qu’on peut pour maintenant agir juste dans notre relation avec Christ.

Il y aura des fois où des gens ne nous pardonneront pas, malgré notre honnêteté. Alors que faire ? Se fâcher, retourner les tables, dire aux autres que nous sommes maintenant une victime ? Non quelqu’un de vraiment repentant qui veut faire les choses correctement doit accepter et réaliser que certaines choses ne peuvent être refaite. C’est la vie. Mais nous pouvons avancer en travaillant alors sur notre relation avec Dieu.


IV. Toujours en tant que chrétiens, nous devons offrir à l’autre une chance de réacquérir notre confiance.

Parlons maintenant de la confiance dans l’autre sens. Il y a des fois où on va être blessé, où quelqu’un va faire quelque chose qui nous fait perdre confiance en lui. En ce sens nous serons alors dans le siège de Joseph ou de Jacob. Comment devrons-nous réagir ? Un chrétien se doit de tout faire pour pardonner et offrir à l’autre une chance de réacquérir la confiance.

D’accord, ce n’est pas facile ! Ce ne fut pas facile pour Joseph non plus ! Mais il le fit. Nous ne pouvons pas faire semblant que rien ne s’est brisé en nous, mais nous devons conduire les autres vers une démarche qui leur permettra de regagner notre confiance. C’est ainsi que Joseph le fit, n’est-ce pas ?

Mais attention quand nous faisons passer les autres par une démarche. Il y a une fine ligne que nous pouvons franchir aisément. Tester le cœur de quelqu’un, le faire passer par des tests peut aussi devenir une occasion de se venger. Il faut faire attention à nos motifs. Il faut garder à l’esprit que nous ne sommes pas Dieu non plus. Le meilleur moyen de s’assurer de la justesse de sa démarche est d’en parler avec quelqu’un de mûr dans la foi. De plus, n’oublions pas les paroles de Galates 6.1-2


Conclusion :

Je termine aujourd’hui en vous demandant : Avez vous fait par le passé quelque chose qui est une violation de la confiance de quelqu’un ? Si oui, vous êtes vous repenti ? Vous êtes vous excusé ? Avez-vous changé ? Et puis aujourd’hui, avez-vous donné la chance à ceux qui vous ont par le passé blessé de réacquérir votre confiance ? Si non, alors comment pouvez-vous y remédier ?

Soyons toujours des Joseph et non des Jacob. Que Dieu vous garde !