Savez-vous pardonner ?

Série sur Joseph - Genèse 42: 1 à 28


Introduction:

Dans la vie, on se dit parfois qu’il y a des gens dont on pourrait se passer, que certains ne nous manqueraient pas s’ils venaient à disparaître. Si je vous donnais quelques minutes pour y réfléchir, serait-il difficile de faire une liste de personnes que vous voudriez ne plus voir exister ? Je sais que sur ma liste figurerait le dernier policier qui m’a mis un procès pour avoir conduit 5 km/h au dessus de la vitesse autorisée. J’y mettrais aussi ceux qui déterminent les prix pour l’utilisation de l’eau (la dernière facture que je viens de recevoir était pour 383 euros. J’y mettrais mon voisin qui n’arrête pas de donner le reste de ses frites à mon chien ! Ça vous fait probablement sourire, mais je pense que tous nous pourrions faire ce genre de liste et qu’elle pourrait s’avérer longue. Mais les raisons pour y inscrire certaines personnes seraient-elles vraiment valables ? Bien sûr, certains nous ont blessé et mériteraient de recevoir la pareille. Mais en tant que chrétien nous n’avons pas ce luxe. Lorsque nous sommes offensés l’Esprit de Dieu doit agir en nous et effacer nos mauvais sentiments. Nous devons prier pour nos ennemis (Matth. 5 : 43 à 48) et nous devons oublier le mal qu’ils nous ont fait, même s’ils n’ont pas admis leur tort ou demander notre pardon. Oui, mais voilà ce n’est pas toujours facile. Nous nous souvenons souvent de ce que nous ferions mieux d’oublier, nous nous raccrochons à la rancune et nous ajoutons secrètement des noms à une liste que nous tenons dans le cœur, attendant ce moment où nous pourrons prendre notre revanche. Parfois la séparation physique arrange un peu les choses, mais le moment où les personnes qui nous ont fait du mal sont remises en notre présence, les sentiments négatifs reviennent. Alors puisque c’est le cas, je crois que nous avons besoin de voir des exemples positifs de pardon dans la bible et de constamment parler des bénéfices de cet acte de grâce. Aujourd’hui, je vous propose donc de retourner étudier la vie de Joseph et d’apprendre de lui comment pardonner.

Si vous avez une bible, ouvrez-là en Genèse 42. Le texte que nous étudierons aujourd’hui va du verset 1 au verset 28. Mais laissez-moi tout d’abord vous rappeler où nous en sommes. Joseph a été libéré de prison et nommé premier ministre d’Égypte pour gérer une famine de 7 années. Au moment où nous l’avons laissé la semaine dernière, la situation de tout le Moyen Orient était catastrophique. Les gens mouraient de faim dans tous les coins. Seul l’Égypte avait de quoi manger, grâce à la main de Dieu sur Joseph. La bible nous dit que les habitants des autres nations commencèrent à descendre vers l’Égypte pour supplier qu’on leur vende de la nourriture. C’est à ce moment que la caméra des Saintes Écritures vient se braquer sur le lieu où Joseph avait passé son enfance, sur la famille qui l’avait trahi 20 ans auparavant. Lisons ensemble Genèse 42 : 1 à 2 « … » La famine était sérieuse. Jacob savait que si quelque chose n’était pas fait, après que leurs animaux périssent, c’est eux-mêmes qui mourraient. Il secoua donc ses fils pour qu’ils fassent le nécessaire plutôt que de se tourner les pouces. Il envoya donc ses dix fils les plus âgés en Égypte, mais remarquez qu’il garda Benjamin avec lui à la maison. Le verset 4 nous dit : « … » Ça faisait 20 ans que Joseph était supposé avoir été tué par un animal sauvage et nous voyons que Jacob avait reporté son amour et affection sur le plus jeune de ses fils. Il ne voulait pas que quelque chose lui arrive aussi.

Lisons à présent les versets 5 à 8 : « … » Je voudrais que vous imaginiez un instant ce que Joseph dut ressentir quand il vit ses 10 frères se prosterner devant lui. La bible nous dit qu’il les reconnut tout de suite, eux pas. N’oublions pas que Joseph n’avait que 17 ans quand ils l’avaient vu la dernière fois. Maintenant il en avait 40. Son apparence reflétait probablement les coutumes égyptiennes. Il devait porter une coiffe, des vêtements royaux, il devait être rasé de près, alors que les bergers portaient le plus souvent la barbe et les cheveux longs. De plus, dans leurs esprits comme l’indique le verset 13, Joseph avait certainement trouvé la mort. Or, on ne s’attend pas à trouver un homme mort ou un ancien esclave dans un palais. De plus Joseph s’adressait à eux à travers un interprète selon ce que nous voyons au verset 23. Que pensa Joseph au moment où il les reconnut ? Il avait probablement un bataillon de sentiments en lui, des sentiments partagés. D’un côté, il voulait probablement leur révéler son identité, leur laisser savoir qu’il était vivant et en bonne santé. D’un autre il voulait des réponses avant de savoir comment agir pour le mieux avec eux. Se révéler trop vite ne lui fournirait peut-être pas ces réponses. (Quelle était à présent le comportement véritable de ses frères ? Avaient-ils changés ? Leur cœur était-il devenu plus sensible à la volonté de Dieu ? Quelle était leur relation avec leur père et Benjamin, le petit frère ? Pourquoi n’était-il pas avec eux ? Subissait-il la même hostilité de leur part ?) Et puis, il devait revoir des événements du passé. Le verset 9a nous dit d’ailleurs : « … ». Vous vous rappelez les songes dans lesquels il avait vu les gerbes de blé de ses frères se prosterner devant la sienne, puis la lune, le soleil et les étoiles se prosterner devant lui ? (ch. 37 : 7-9). Ces rêves lui avaient valu tellement de jalousie et de haine. C’est en partie ce qui avait conduit ses frères à vouloir le tuer. Et maintenant, ces songes se transformaient en réalité. 22 ans plus tard, Joseph voyait leur accomplissement. Il était en position d’honneur et d’autorité par rapport à eux. J’imagine que cet événement dut être comme une clé qui lui permit d’ouvrir une porte dans son esprit et de comprendre les voies de Dieu C’est pour ça que l’Éternel avait permis qu’il soit vendu en esclavage en Égypte. Et à présent, Joseph avait l’occasion de se venger, de leur rendre la pareille pour leur méchanceté passée. Ses frères n’avaient aucune chance de s’en sortir. Joseph était celui aux commandes et ils étaient à sa merci. Joseph avait plusieurs possibilités à ce moment. J’en vois au moins trois :

Mais il n’a choisi aucune de ces options. Je pense que discerner les desseins de Dieu l’a aidé à dissiper la colère qu’il aurait naturellement ressentie à leur égard. Il a vu en sa position la main de Dieu pour leur faire du bien à toute sa famille. (Nous reviendrons à ce point plus tard, dans quelques semaines)

Il ne s’est donc pas vengé, mais il ne s’est pas précipité non plus pour se réconcilier n’importe comment. Comme je l’ai dit, il voulait trouver certaines réponses et aider ses frères à être repentant. Le texte nous dit donc ceci dans les versets suivants : « … » (v. 9b à 17). La peur que ses frères devaient ressentir devait être énorme, car au final être un espion signifiait être torturé, puis exécuté. Joseph maintint la pression sur eux, car il savait que ses frères pouvaient être menteurs. Ils avaient menti à son sujet toutes ces années à leur père, n’est-ce pas ? Les trois jours en prison permirent aussi à Joseph de prendre un peu de recul pour réfléchir. Dans des circonstances qui sont hautement émotives, nous avons besoin de prendre du recul et de réfléchir pour avoir une bonne perspective de la situation. À priori, Joseph conclut que sa première décision était trop sévère, puisqu’il modifia son plan. Peut-être était-ce parce que si son père ne voyait qu’un seul de ses frères revenir, ce serait de trop émotionnellement pour lui. Peut-être était-ce parce qu’il voyait qu’un homme seul ne pouvait ramener suffisamment de nourriture pour tout le camp. Joseph ne voulait pas faire de mal à sa famille. Il voulait tester le cœur de ses frères et agir correctement avec eux. Ce n’était pas une question de pardon, mais il semblerait qu’il ne voulait pas conforter ses frères dans des mauvaises attitudes s’ils n’avaient pas changé. Je suis convaincu par le reste de l’histoire, que Joseph pensait qu’en se révélant trop rapidement et en les aidant comme si rien ne s’était jamais passé entre eux, ça n’aurait pas accompli la justice de Dieu. D’ailleurs comment Joseph les rassura-t-il sur ses intentions au verset 18 ? Regardez « … » Il manifesta sa foi dans le même Dieu que celui que ses frères adoraient. Il l’appela à témoin de ses bonnes intentions. Il dit donc ensuite : « … » (v. 19-20). Quel bon moyen de voir ce qui était en eux. Abandonneront-ils l’un des leurs, dans leur égoïsme, pour éviter de vivre dans le futur une situation qu’ils ne désiraient pas ? Oublieraient-ils un autre de leurs frères ?

J’aime ce que la bible dit ensuite. Regardez aux versets 21 jusqu’à 24 « … » J’aime ceci car ça me montre comment une conscience endurcie se réveille et se ravive finalement. Dans le texte original, le « nous » de leur conversation est emphatique. « Nous avons été coupables… nous avons vu l’angoisse de son âme, nous ne l’avons pas écouté…! » Ils ne blâmèrent pas : - leur père pour sa passivité - Joseph pour son arrogance passée. Ils ne minimisèrent pas leur faute en prétendant qu’ils étaient trop jeunes pour vraiment comprendre la portée de leurs actions quand ils vendirent Joseph. Ils convinrent qu’ils étaient responsables, qu’ils ne pouvaient que s’en prendre à eux-mêmes pour la punition que le Seigneur leur infligeait à présent. De plus ils admirent avec cette déclaration que ce qu’ils avaient fait à Joseph, que l’angoisse qu’ils lui avaient fait subir, que ses regards ce jour-là les hantaient toujours. Comme quelqu’un l’a dit : « Lorsque nous faisons du mal à quelqu’un et que nous ne prenons pas la peine d’arranger les choses avec lui et avec Dieu, alors nous finissons par souffrir presque autant que notre victime. L’angoisse que nous avons lu sur son visage devient nôtre ! »

Ça me rappelle l’histoire d’Edgard Allan, « Le cœur révélateur ». Dans cette histoire, le meurtrier ne peut plus dormir parce qu’il entend sans arrêt le cœur de sa victime battre dans son sous-sol. Mais en fait, il réalise à la fin que ce n’est pas le cœur de sa victime qu’il entend, mais le sien, qui bat dans sa poitrine et raisonne à ses oreilles. Sa culpabilité le tenaille tant qu’il finit par avouer que c’est lui le meurtrier. Le crime des frères de Joseph avait été commis 20 ans auparavant, mais ils en ressentaient encore l’angoisse. Le temps n’avait pu effacer certaines choses. L’aiguillon de la culpabilité est tenace. Quel soulagement Joseph a dû en partie ressentir à ce moment là. Le cœur de ses frères avait en partie changé. Mais il ne savait pas encore à quel point. La bible nous dit qu’il fit malgré tout enchaîner Siméon, le second plus âgé après Ruben. Pourquoi le second né plutôt que le premier ? Peut-être parce que Ruben était intervenu en faveur de Joseph pour ne pas que ses frères le tuent. Peut-être Joseph s’en rappelait toujours. Enfin Joseph renvoya les autres chez eux. La bible dit ceci du verset 25 à 28 « … » Joseph leur fit du bien, mais Dieu l’utilisa comme une occasion de plus pour toucher et briser leur cœur. Pour la première fois, les frères mentionnèrent le nom de Dieu. Ils avaient admis qu’ils étaient punis à cause de leur mauvaise action passée, mais pas encore admis à voix haute qui était la source de leur punition. Voilà qu’ils reconnaissaient à présent que Dieu était vivant et jugeait les actions des hommes. Ils avaient pensés s’en être sorti avec un mensonge pendant des années, mais à ce moment ils réalisaient que tôt ou tard, Dieu règle ses comptes.

Arrêtons-nous ici et retirons rapidement quelques leçons. J’en vois quatre.

I. Quand quelqu’un nous a fait du tort, nous devons pardonner sans y mettre des conditions, même s’il n’a pas admis qu’il a mal agi ou s’il n’a pas demandé pardon.

Nul part dans la bible nous ne voyons que notre désir de pardonner doit être influencé par le fait que la personne s’est excusée ou non ou par le fait a été disciplinée ou pas. Nous devons être comme Jésus sur la croix qui s’écria en Luc 23 : 34 « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Jésus a dit qu’il nous faut aimer nos ennemis et prier pour eux. Matthieu 5 : 44. Joseph n’a pas attendu que ses frères lui demande pardon avant de pardonner. Il aurait pu les tuer sur le champ, mais il n’a pas choisi cette option. Il leur a donné de la nourriture et n’a pas pris leur argent. Joseph fut en tout cela un exemple, un imitateur de ce que Jésus fit des siècles plus tard, lorsqu’il se retrouva sur la croix. Et nous le sommes-nous ?

II. Toutefois quand nous pardonnons, ça ne signifie pas que nous n’aurons plus en nous d’émotions négatives, lorsque nous nous retrouverons devant ceux qui nous ont fait mal.

De nombreux Chrétiens sont confus sur ce point. Refuser de pardonner, ce n’est pas ne plus avoir mal quand on pense à ce qui est arrivé. C’est choisir de ne pas mal agir sur base de ces émotions envers notre prochain. C’est un acte de la raison qui tôt ou tard doit peser sur les émotions, mais qui ne le fait pas toujours dès le départ. Les émotions prennent du temps pour se calmer. Je pense que c’est pour cette raison que Jésus nous a dit de prier pour ceux qui nous ont fait le mal. Parce que cet exercice incline nos cœurs vers des émotions plus clémentes. Le vrai test du pardon n’est donc pas si nous n’avons plus de sentiments négatifs, mais si nous permettons à ces émotions de nous empêcher de faire le bien envers celui qui nous a blessé. Avec le temps, ces émotions se dissiperont si nous faisons ce que Dieu nous recommande. La question est donc le faisons-nous?

III. Accorder le pardon et espérer que Dieu œuvrera pour la justice dans la personne, allons plus loin, prier pour cela n’est pas une contradiction.

Bien sûr, il faut faire attention à nos motifs quand nous prions. Paul a dit que le désir de revenge ne doit pas être en nous. Romains 12 : 17 et 19 « … » Mais désirer qu’une personne ne continue pas à faire le mal à d’autres n’est pas un tort. Je pardonne à quelqu’un s’il me vole, je prie pour que Dieu m’aide à l’aimer malgré tout, mais je ne veux pas qu’il aille voler ailleurs. Je ne commettrais donc pas un péché si je demandais à Dieu de le confronter de façon assez puissante pour l’amener à la repentance. Joseph voulait que ses frères deviennent justes dans cette histoire. Dans son cas, Dieu l’avait établi à une position où il pouvait s’en assurer. Espérant que le cœur de ses frères avait changé ou changerait, il fit le nécessaire pour s’assurer qu’il en soit ainsi. Il alla même jusqu’à les mettre en prison. Je dis donc aimer, prier pour quelqu’un qui a fait le mal et lui pardonner n’est pas incompatible avec certaines actions fortes pour la justice.

IV. Quand quelqu’un nous a fait volontairement du tort et ne l’a pas admis ou demandé pardon, il faut avant tout nous soucier pour la nature de sa relation avec Dieu.

À nouveau Joseph illustre ce point. Comme nous l’avons vu, Joseph se souciait de la relation de ses frères avec Dieu. S’étaient-ils repentis ? Étaient-ils vraiment désolés du mal qu’ils avaient fait ou simplement des conséquences immédiates de leurs actions parce qu’elles étaient découvertes ? Rien n’est plus important que la relation entre un homme et Dieu et si nous pouvons être utiles pour que Dieu réveille la conscience d’un frère ou d’une sœur, alors soyons près à faire ce qu’il faut.

Conclusion :

En conclusion, tenons-nous une liste noire aujourd’hui? Avons-nous laissé nos cœurs s’endurcir et se blinder avec les années ? Si c’est le cas, je vous invite à revenir à la croix de Jésus et à vous rappeler comment il a effacer votre nom de la liste des non pardonnés. Il nous a donné ses faveurs alors que nous méritions la mort. Alors ferons-nous pareil que lui et changerons-nous des vies comme lui ?