Introduction:
Je voudrais commencer en vous posant cette question : « êtes-vous capable de vous réjouir du succès des autres ? » Et si oui, à quel point ? Aujourd’hui, je vais tacher de mettre en lumière certains préjugés que nous avons, qui nous empêche parfois de nous réjouir du succès des autres et donc d’être de bons amis pour ces personnes, voir de bons guides dans la foi. Mais revenons à cette question du départ. Sur une échelle de 1 à 10, dans quelle mesure soutenez-vous les performances et les réalisations de ceux qui aux yeux du monde sont couronnés de succès ? Et de ceux qui ont obtenu une promotion ? Êtes-vous contents pour eux ? Les applaudissez-vous ou bien vous semblent-ils suspects parce qu’ils ont réussi à obtenir plus que vous n’avez jamais obtenu ? Avec le temps, je me suis rendu compte que la plupart des gens parviennent plus facilement à pleurer avec ceux qui pleurent qu’à se réjouir avec ceux qui se réjouissent. Pourtant les deux sont des actions que nous devons faire. Regardez en Romains 12 : 15 « … » N’est-ce pas difficile de mettre en pratique la deuxième partie de ce commandement parce que la jalousie est souvent éveillée quand nous voyons les autres réussir ? L’envie nous saisit alors et nous acceptons des raisonnements stupides concernant la prospérité. Aujourd’hui, je parlerai de ceci, mais pour ce faire, je voudrais revenir à notre histoire de Joseph.
Lorsque nous l’avons laissé la semaine dernière, il venait d’être récompensé par Pharaon pour son interprétation et ses bons conseils. La bible nous dit, en Genèse 41 : 38 à 43 « … » Arrêtons-nous ici. Imaginez la scène si vous êtes un paysan qui travaille dans les champs ou un ouvrier qui construit des pyramides. Vous ne savez rien de ce qui s’est passé dans le palais, rien de la vie antérieur de Joseph. Mais tout d’un coup, alors que vous peiner pour faire des sillons dans le sol ou pour déplacer une énorme pierre, un jeune parvenu ayant obtenu les grâces des Pharaon passe tout près de vous et vous êtes obligé d’arrêter votre travail et de plier le genoux. Quelle serait votre réaction ? (« Un jeune fanfaron ! Pour qui se prend-il ? Qu’a-t-il trafiqué pour en avoir tout cela ? Qui sa famille avait-elle dans sa poche à la cour pour en arriver là ? ») Nous réagirions sans doute ainsi, n’est-ce pas ? Parce que nous avons une perspective limitée qui nous empêche de voir que c’est Dieu qui a œuvré pour que le jeune homme en arrive là, que ces choses sont aussi une récompense, suite à des années de fidélité dans la souffrance, dans le bol à raffiner de Dieu.
La jalousie est souvent une émotion qui nous aveugle. Je ne pense pas que nous en sommes exempts dans les églises. Supposez un instant que l’histoire de Joseph se passe aujourd’hui. Il entre dans une de nos assemblées, au moment où il est vient d’être rejeté par sa famille et mis de force au service d’un homme politique travaillant dans une ambassade. Le travail qu’on lui donne pour le moment est des plus vils. Aurions-nous compassion de lui, s’il nous racontait ses mésaventures ? L’accueillerions-nous les bras ouverts ? Son nom figurerait-il en bonne place sur la liste de prières dans nos bulletins ? Je pense que oui, parce que nous avons facilement compassion de ceux qui sont maltraités et souffrants. Ils touchent notre cœur. Nous essayons de leur venir en aide. Le nom de Joseph aurait figuré en tête de n’importe quelle liste de prière ! Mais imaginez-vous maintenant qu’il vienne dans nos assemblées le jour où il a reçu une promotion. Je voudrais reprendre la liste des bénédictions qui lui furent accordées. D’abord, d’après ce que nous avons lu, il reçut la gouvernance du pays le plus prospère de l’époque. Les historiens disent que l’empire Egyptien n’avait pas son pareil à l’époque. C’était un lieu d’influence remarquable, où on pouvait recevoir la meilleure éducation au monde. La puissance militaire et la richesse étaient incomparables. Selon Genèse 41 :1, Joseph fut mis à la tête de TOUT le pays. Il avait maintenant le pouvoir, l’autorité et la richesse. Son apparence reflétait sa position (avec le collier d’or, son anneau royal et son char gouvernemental). Il avait des soldats pour l’entourer et lui fournir un cordon de sécurité. D’autres criaient devant lui : « A genoux, du respect devant le gouverneur ! » Que diriez-vous si Joseph était un membre de votre église et cela se produisait ? Vous serait-il facile d’encourager ce genre de succès ? Le regarderions-nous de travers en disant : « Qu’a-t-il vraiment compromis pour en arriver là, pour obtenir ce genre de pouvoir et d’influence ? Pour qui se prend-il de nous faire ainsi courber la tête ? » Pourtant, rien ne dit dans le texte que Joseph souhaitait que les gens s’agenouillent devant lui ! Il était peut-être gêné de ce protocole inhérent à sa position. Il lui fallut probablement s’habituer à vivre dans ce genre d’abondance. Alors, comment le traiterions-nous ? Son nom resterait-il sur nos listes de prières ? Essaierions-nous d’être un ami pour lui (de façon désintéressée) ?
Regardons aux autres bénédictions que Joseph reçut. Le verset 45 dit : « … » Pharaon lui donna aussi un nouveau nom. Une fois de plus, Joseph n’en prit pas l’initiative. Ce nom comportait la syllabe « nath », qui faisait référence à une divinité de l’Egypte (à savoir la déesse Neith). Son nom signifiait donc : « le dieu parle et vit ». On lui donna aussi une femme, qui s’appelait Asnath. Dans ce nom aussi nous trouvons la syllabe « nath ». Son nom signifiait : « celle qui appartient à Neith ». Peut-être est-ce parce que son père était un prêtre égyptien. Je me dis donc que Joseph n’aurait pas choisi de lui-même cette femme. Toutefois, remarquez qu’elle et Joseph eurent deux enfants, qu’ils nommèrent comment ? Regardez en Genèse 41 : 50 à 52 « … » Les noms signifient quelque chose. Manassé vient du mot hébreux oublié et Éphraïm du terme : « deux fois fécond ». En nommant ses enfants ainsi, Joseph proclamait que Dieu lui avait fait oublié toutes ses épreuves (y compris celles infligées par sa famille) et qu’en plus le Seigneur l’avait rendu plus que fécond dans un pays où il avait été mené contre son gré. Imaginez-vous Joseph souriant alors qu’il soulève son premier né dans les airs et qu’il dit : « Dieu m’a manassé ! » Il m’a délivré de l’aiguillon de mes souvenirs ! » Puis sa joie devait être au comble avec son second. J’imagine que la femme de Joseph a approuvé ces noms. Son mari a dû l’influencer avec sa grande foi dans de telles circonstances. Joseph était un homme juste. Il ne prit pas d’autres femmes pour avoir d’autres enfants. Il géra les richesses de l’Égypte avec honnêteté. Dieu lui accorda de multiples bénédictions. Le pays prospéra sous sa main, à un point que la bible dit ceci en Genèse 41 : 49 « … » Et que fit-il de toute cette abondance ? Les versets 53 à 57 disent : « … » Quand vint la famine, Joseph ne garda pas les réserves acquises juste pour lui, sa famille et la cour de Pharaon, mais il ouvrit ses greniers et en fit profiter tous ceux qui étaient dans le besoin, y compris, nous dit le texte, aux gens des autres pays.
Arrêtons-nous ici pour retirer quelques leçons.
I. Suivre Dieu ne signifie pas nécessairement vivre sans prospérité matérielle.
Il y une mauvaise compréhension du christianisme dans ce monde. On assimile suivre Christ à vivre dans un monastère sans aucune possession. N’est-ce pas ce que ta prof vous a enseigné Candice ? Les vrais chrétiens sont ceux qui sont pauvres. Mon voisin me l’a dit aussi. Si quelqu’un est un vrai serviteur de Dieu, il ne recevra pas un salaire convenable ! Mais la bible est pleine d’exemples de serviteurs de Dieu qui ont prospéré. Joseph est l’un d’entre eux. Mais il y avait aussi David, Salomon, Corneille, Théophile… Paul ne dit-il pas lui-même en Philippiens 4 : 10 à 14 « … » Il est facile de nous représenter Paul dans la pauvreté, en train de gagner sa vie en fabriquant des tentes, tout en se consacrant corps et âme à l’évangélisation. Mais nous avons plus difficile de l’imaginer dans l’autre extrême dont il parle aussi, de l’abondance dans laquelle il vivait parfois. Pourquoi en est-il ainsi ? N’est-ce pas parce que les journées de souffrance et de larmes, nous paraissent plus spirituelles que les journées de prospérité ? On a l’impression que vivre dans l’abondance, c’est synonyme d’être charnel. Pourtant Paul a connu les deux conditions et a appris à les gérer. Je peux compter sur les doigts d’une main, les messages que j’ai entendus défendant une position exaltée, les récompenses terrestres ou la richesse que Dieu accorde, alors que j’ai lu ou entendu des quantités d’enseignements contre la prospérité et les biens de ce monde. Et pourtant, les deux postions peuvent être voulue par Dieu et ont tous deux leurs lots de bénédictions et de tentations. Où serions-nous aujourd’hui, sans le don de libéralité de certains chrétiens qui ont reçu la prospérité ? Avez-vous une idée de l’état où seraient de nombreuses églises, travails missionnaires, ou œuvres de bienfaisance, sans ces hommes et ces femmes riches et généreux que Dieu a donné à l’église ? (Voir exemple de Corneille en Actes 10 : 1 et 2 ou celui de Marc et Marie en Actes 12 : 12-13) Je dis donc être un chrétien, ce n’est pas être pauvre mais avoir du contentement peu importe sa situation, c’est être généreux et considérer que tout ce qu’on a appartient au service de Dieu. Alors rappelons-nous que ce n’est pas l’extérieur d’un homme qui compte, mais ce qu’il est à l’intérieur. Nous ne devrions pas juger les gens dans un sens ou l’autre, à cause de leurs habits, des bijoux qu’ils possèdent, des voitures qu’ils conduisent ou de leur notoriété, mais à cause de ce qu’ils sont intérieurement.
II. Mais attention si Dieu nous bénit avec une situation semblable à celle de Joseph.
La tentation peut-être grande. Peu savent gérer la prospérité. Comme J. Ostwald l’a dit : « Tous les hommes ne peuvent pas endurer une coupe pleine. L’élévation mène souvent à l’orgueil et à la chute. Le test le plus difficile est celui du succès, celui de la prospérité. » Plutarque, qui a vécu au premier siècle, a écrit ceci après avoir observé l’abus de pouvoir parmi ses concitoyens romains : « L’autorité et le rang élevé mettent à l’épreuve le tempérament des hommes, en excitant toutes les passions et en dévoilant toutes les failles… Aucune bête n’est aussi sauvage que l’homme qui détient le pouvoir »
Il est vrai que le pouvoir présente de grandes tentations. L’histoire le prouve. Peut-être à cause de cela, nous regardons d’un œil soupçonneux ceux qui le détiennent le pouvoir. Et pourtant, il y a des Joseph dans ce monde. Par la grâce de Dieu, certains peuvent toujours endurer de telles bénédictions sans faillir à leurs convictions. N’oublions pas que Dieu a travaillé dans certains d’entre eux pour qu’ils puissent rester droits. Peut-être ils sont riches et puissants aujourd’hui, au prix de grandes souffrances et pertes. Oui, ceux qui sont puissants et influents connaissent de grandes tentations. Et souvent, ils ont le désavantage d’être des personnages publics et quand on fait partie de cette catégorie, les fautes ou les erreurs qu’on peut commettre, sont de suite publiées et exposées. Mais sont-elles vraiment plus lourdes que celles des autres ? Pas toujours. Rappelons-nous que seul Jésus est parfait. Les riches peuvent imiter Joseph, mais Joseph a surement fait aussi des erreurs. Ça ne veut pas dire pour autant que le pouvoir et l’argent l’avait corrompu.
III. Dieu peut nous aider à oublier la douleur des épreuves passées.
Je le vois avec ce que Joseph déclara en nommant ses fils comme il le fit. Certes les souvenirs de ce qui lui était arrivé étaient toujours là, mais Dieu lui avait ôté ce que nous pourrions appeler l’aiguillon du passé. Joseph pourrait nous dire, s’il se tenait ici aujourd’hui : « J’ai nommé mon fils Manassé, parce qu’il symbolise la libération de tout ce que j’ai dû souffrir jusqu’ici. » Tout ceci n’est pas sans évoquer les paroles du prophète Joël, qui faisait allusion à la capacité du Seigneur a remplacer les « années qu’ont dévorées la sauterelle, le jélek, le hasil et le gazam » en Joël 2 : 25) Si nous avons vécu des épreuves tragiques, peut-être il est temps pour nous de donner naissance à un Manassé, de demander au Seigneur de nous débarrasser de notre amertume du passé. Alors nous pourrons aussi donner naissance à un Éphraïm, c’est à dire à de la reconnaissance pour tout ce que Dieu a malgré tout fait pour nous bénir abondamment. Nous pourrons dire : « Dieu m’a aussi rendu fécond ! »
Je me doute que certains de vos souvenirs sont douloureux et désagréables, mais pourquoi vivre dans les endroits marécageux et sombres des mauvais souvenirs ? Choisissons de ne pas laisser les sauterelles nous vaincre. En fait, dans la vie, nous décidons ce qui nous rend otages. Nous pouvons décider ce qui va nous déprimer ou pas. Peut-être il vous faut de l’aide d’un ami, d’un professionnel ou d’un parent pour surmonter et cicatriser les vieilles blessures, mais nous ne sommes pas obligés de nous laisser abattre par les mauvais souvenirs.
Conclusion :
En conclusion je dirai que depuis trop longtemps, nous laissons planer une ombre de suspicion sur ceux que le Seigneur a choisi de faire prospérer. Plutôt soyons reconnaissants, disons merci à Dieu pour eux. Béni soit-il d’avoir permis que certains soient élevés pour sa gloire afin d’être employé dans des lieux que je ne pourrais jamais atteindre ! Que ceux qui prospèrent dans l’église, prospèrent de plus en plus et que leur générosité augmente en conséquence. Que leurs oreilles ne se ferment jamais aux cris des plus pauvres. Les Joseph moderne sont aussi indispensables aujourd’hui qu’ils l’étaient hier.
Alors sur une échelle de 1 à 10, où vous situez-vous, par rapport à la question du départ ? Revêtez Joseph d’un complet veston. Imaginez qu’il occupe un poste élevé. Faites-lui porter des vêtements de marque et logez-le dans une immense maison bien meublée. Dotez-le d’un budget illimité et d’une puissance presque sans borne, d’une voiture luxueuse, d’une femme ravissante et de deux fils en parfaite santé. Mais il marche humblement avec son Dieu. Il a le pouvoir terrestre, mais il n’a rien perdu de son intégrité et il partage généreusement ses biens avec ceux qui sont dans le besoin. Vous réjouirez-vous toujours de son succès ? Le soutiendrez-vous toujours par la prière ?
Je termine en disant que je souhaite aux Joseph de cette génération ou de la prochaine, de continuer à marcher avec Dieu. Qu’ils emploient sans compter leurs ressources financières et leur autorité pour sa gloire et leur influence pour faire connaître sa Parole. Nous avons besoin d’eux ! Les gens qui sont riches sont souvent vides et creux spirituellement, mais ce n’est pas toujours le cas. Dieu peut se servir de notre autorité, de notre abondance et de notre position élevée comme il l’a fait avec Joseph. Mais avant qu’il le fasse, peu importe notre richesse ou position, il faut que nous nous humilions sous sa puissante main et que nous disions : « Jésus, j’ai besoin de toi ! S’il te plaît emploie-moi comme tu le voudras ! »
Rappelons enfin que l’autorité doit s’accompagner du sens des responsabilités, la popularité d’humilité et la prospérité d’intégrité. Joseph a passé ces trois tests haut la main, qu’en sera-t-il de nous si nous sommes bénis de la sorte ?