Introduction:
Si je vous dis Dietrich Bonhoeffer, ce nom invoque-t-il quelque chose à votre esprit ?
Il s’agit du fameux prédicateur protestant allemand, qui fut exécuté par les Nazis en 1945, pour s’être dressé publiquement contre les actes de barbarie du Fur heur. Mais c’était aussi un écrivain hors norme. Il a produit un grand nombre de livres qui sont encore très appréciés aujourd’hui. Parmi eux, il y en a un sur la tentation et j’aime ce qu’il dit dans celui-ci. Ecoutez : « En nous, il y a un penchant pour les choses que nous ne devrions pas faire ou avoir. Le désir se réveille parfois de façon subtile et aiguë. Avec une force étonnante, il tente de dominer la chair. C’est comme une étincelle cachée qui jaillit brusquement. Alors la chair s’enflamme et brûle qu’il s’agisse de désir sexuel, d’ambition, de vanité, d’une envie de se venger, d’une soif de renommée, de puissance ou de gain. Alors, la joie de Dieu s’éteint, et on cherche sa joie dans la créature. À ce moment-là, Dieu devient irréel à nos yeux, il perd toute sa réalité, et seul le désir de ce qu’on convoite reste présent à l’esprit. Mais en réalité, c’est Satan qui s’empare de notre cœur. Il ne nous remplit pas dans ce cas de haine pour Dieu, mais il nous amène à l’oublier. La convoitise est enflammée et elle a plongé l’esprit et la volonté de l’homme dans d’épaisses ténèbres. Alors, ce dernier n’a plus le pouvoir de faire les bonnes distinctions et de prendre des décisions claires. À ce moment, tout se dresse en lui contre la Parole De Dieu. »
Super texte, n’est-ce pas ? Qui ici peut dire qu’il n’a jamais été tenté ? Même Jésus a subi la tentation. Mais il n’y a pas cédé, alors que nous nous laissons souvent aller.
Il y a de nombreux types de tentations.
Pourquoi est-ce que je vous parle de tentation aujourd’hui ? Parce que le texte sur lequel nous allons nous concentrer présente Joseph face à ce troisième type de tentation.
Mais avant de le voir, laissez-moi remettre le chapitre 39 dans son contexte.
Les frères de Joseph se sont ligués contre lui par jalousie.
Alors que Joseph venait s’enquérir de leur santé et de celle des troupeaux, ils se sont jetés sur lui, ils lui ont arraché sa belle tunique et l’on précipité dans un puits. Finalement, persuadés de ne pas lui ôter la vie par Ruben, ils ont décidé de le vendre comme esclave à une caravane d’Ismaélites passant par là. Mais ils se sont assurés par un mensonge que leur père ne partirait à sa recherche. Ils ont présenté son manteau trempé dans du sang, pour faire croire à Jacob que leur frère avait été déchiqueté par une bête sauvage.
I. La tentation de Joseph
Le chapitre 39 verset 1 dit alors ceci : « … »
Joseph arriva donc dans la maison du plus important des gardes du corps personnels de Pharaon. Ca signifie que cet homme était un combattant d’élite, un conducteur respecté, un haut militaire en qui le roi plaçait toute sa confiance.
Nous savons également par d’autres sources historiques (notamment grâce aux recherches de l’historien Alfred Edersheim) que Potiphar avait la responsabilité d’exécuter ceux que le roi condamnait. Il était le chef des bourreaux. On ne plaisantait donc pas avec lui. C’était un homme puissant et craint dans toute l’Égypte.
Maintenant la bible nous dit ceci, aux versets 2 à 6 « … »
Plusieurs choses au sujet de ce passage.
Premièrement, remarquez que rien n’est dit sur la durée du séjour de Joseph chez Potiphar, avant qu’il n’arrive à impressionner son maître et avoir charge de tout. En toute vraisemblance, quelques années avaient dû s’écouler entre le moment où il avait été acheté et promu.
Deux, trois éléments m’inclinent à penser ainsi. Premièrement, dans le texte nous avons l’indice qu’il habita dans la maison même de Potiphar, après que Dieu ait béni son travail. Il ne commença donc pas à dormir là. Si Joseph suivait le parcours normal d’un esclave, il avait probablement commencé son service avec les tâches les plus basses, entassé avec les autres serviteurs dans une espèce de dortoir.
Deuxièmement, pour pouvoir communiquer avec son maître et se faire connaître pour ce qu’il était vraiment, il devait apprendre l’Égyptien. Il lui fallait un certain temps pour le faire (ca met deux ans minimum pour nos assistants missionnaires). Imaginez-vous Joseph se battant avec ses frustrations pour apprendre à communiquer et pour comprendre la culture du peuple parmi lequel il était captif.
Tout ça est passé sous silence dans ce passage. Mais ça a dû être très difficile. Joseph venait d’une famille où il était traité par son père comme un prince, il n’avait probablement jamais dû travailler aussi dur.
Les changements qu’il a dû subir et les efforts nécessaires pour y faire face ont dû être phénoménaux. Mais la bible nous dit que Dieu fut avec lui. Progressivement, il grimpa donc l’échelle. Il y a là une illustration de ce que Jésus enseigna des siècles plus tard, lorsqu’il disait à ses disciples que celui qui était fidèles dans les petites choses était récompensé par la responsabilité de grandes choses (Matthieu 25 : 21). Joseph utilisa ses talents du mieux qu’il le put et Dieu récompensa ses efforts. La bible nous dit que Joseph fut un témoignage si exceptionnel, que Potiphar, un égyptien typique qui adorait les divinités de son pays, fut amené à croire que l’Éternel existait et bénissait de façon inhabituelle les efforts du jeune homme et par extension sa propre maison.
Avez-vous déjà pris du temps pour réfléchir à ceci ? Un idolâtre qui en toute logique ne savait probablement rien de Jéhovah avant de connaître Joseph, fut amené à la foi. Comment cela est-il possible ? Joseph devait non seulement avoir eu un comportement exceptionnel et inhabituel, mais il avait aussi dû partager verbalement sa foi.
Potiphar avait-il vu Joseph s’agenouiller et prier, comme Daniel l’avait fait en captivité babylonienne des centaines d’années plus tard ? Je ne sais pas, mais puisque je lis que Potiphar fut amené à la foi, je sais que Joseph ne gardait pas ses convictions secrètes, il ne cachait pas qu’il adorait Dieu. En contraste, combien de chrétiens aujourd’hui hésitent à baisser la tête et à rendre grâce en public ? Souvent ne sommes-nous pas gênés et n’avons-nous pas honte à manifester ouvertement notre foi ? Ce serait merveilleux si de nos jours tous les chrétiens pouvaient fournir de tels efforts, manifester une telle foi qu’ils seraient des témoins puissants et vibrants pour Jésus Christ, partout où ils évolueraient, n’est-ce pas ? Le comportement de Joseph était si irréprochable et inhabituel, si digne de confiance et de respect que Dieu le bénit et qu’il devint le premier assistant de Potiphar. Tout lui fut confié dans la maison. Ca veut dire que Joseph gérait probablement les finances, les serviteurs, les terres, les étables, les cuisines, peut-être même les enfants de son maître. La bible dit que Potiphar n’avait à se tracasser de rien, sauf de ce qu’il voulait sur son menu pour manger.
Mais Potiphar ne fut pas le seul à remarquer le côté inhabituel du jeune homme. La bible dit en Genèse 39 : 7 que l’épouse de Potiphar le vit aussi. Joseph était beau de taille et de figure, nous dit la bible. La Français courant traduit ainsi : « il était beau et charmant. » Cette expression n’est retrouvée que 4 fois dans les Écritures. Elle est utilisée une fois pour décrire Joseph, une fois pour décrire Saül, puis David et Absolom.
Non seulement, Joseph était beau mais selon ce qu’on a vu, il avait du succès dans les affaires et il acquérait une certaine prospérité.
Comme l’a dit quelqu’un de sage, nous pouvons nous attendre à être tentés au moment où nous prospérons et où nous avons du succès. Pour les gens qui nous entourent, nous devenons alors un genre de trophée à conquérir, une marque à ajouter sur un tableau de chasse, ou une occasion pour être propulser en haut de l’échelle.
Il y a des femmes et des hommes qui le verront ainsi si nous sommes beaux, charmants, prospères et en ascension sur l’échelle sociale. Marquez mes mots ! C’est à ce moment que la tentation va venir frapper à notre porte.
La femme de Potiphar commença donc à faire des propositions à Joseph. « Couche avec moi ! » disait-elle (v.7) C’était très direct, n’est-ce pas ? Il faut se rappeler de deux, trois choses sur sa culture. D’abord, les Égyptiens n’avaient pas de grandes valeurs morales. Leur système de valeurs était très permissif. Mais en plus, à cette époque les mariages étaient souvent forcés. Les hommes importants prenaient de jolies jeunes filles souvent des dizaines d’années plus jeunes qu’eux. Ces jeunes dames n’avaient pas grand chose à dire sur leur avenir.
Il est très possible que la femme de Potiphar ait été dans un mariage sans grand amour. Il est plus que probable qu’elle était aussi une très jolie femme. Son mari ne devait pas avoir beaucoup de temps pour passer avec elle. Il travaillait pour le roi et sa position demandait beaucoup de temps et d’énergie. Il accompagnait le roi dans presque tous ses voyages. Son épouse devait donc être une femme assez seule et négligée.
Est-ce pour cela qu’il avait spécifiquement donné des instructions la concernant à Joseph ?
Si quelqu’un emménageait chez vous pour vous aider, vous viendrait-il à l’esprit de dire que votre femme ne doit pas être réjouie par des soins particuliers ? Je ne penserais jamais à douter de la fidélité de ma femme. Mais Potiphar lui en doutait. Il devait y avoir une raison particulière, quelque chose qui ne le mettait pas en confiance de ce côté-là.
La bible dit ceci, aux versets 8 à 10 « … »
Joseph refusa de coucher avec elle. La résistance décrite dans ce passage est remarquable. N’oublions pas que Joseph vivait dans une culture où tout le monde dormait avec tout le monde. L’immoralité était plus que courante.
Il venait aussi d’une famille où son père et ses frères n’avaient pas été de grands exemples de vertu dans ce domaine. Son frère Ruben avait couché avec la concubine de son père.
De plus, le texte dit que l’épouse de Potiphar le tentait ouvertement chaque jour (verset 10). Pas besoin d’être une mouche sur le mur pour savoir que ses avances devaient être plus que verbales. Elle utilisait probablement tous les moyens de séduction qu’elle connaissait (que ce soit les vêtements trop révélateurs, les parfums, les sourires, le maquillage, les cheveux rabattus constamment en arrière, les clins d’œil ou que sais-je encore…). Ca devait vraiment être très dur.
Et puis Joseph avait une connaissance réduite de Dieu et de sa volonté. Les 10 commandements n’avaient pas encore été donnés. La bible n’existait pas comme aujourd’hui
Toutefois, je vois dans le texte 3 raisons pour lesquelles Joseph résistait :
Alors Joseph résista et tint ferme. Il parvint à maintenir un semblant de normal, jusqu’au jour où la femme de Potiphar alla beaucoup plus loin. Nous lisons aux versets 11 à 18 : « … »
La femme de Potiphar se débarrassa de toute présence gênante pour offrir encore d’avantage la possibilité à Joseph de dire oui. Ca devait être une position hyper tentante pour Joseph. S’il avait dit oui, personne autour de lui ne l’aurait su, sauf Dieu bien sûr. C’était bien là le problème.
J’aime ce qu’un auteur écrit à ce sujet :
« Joseph n’était pas une statue, ni une momie, mais un jeune homme plein d’ardeur, qui approchait la trentaine. Une ancienne légende raconte que lorsque Joseph se mit à parler de Dieu à cette tentatrice, elle jeta sa robe sur l’idole en pierre qui ornait la pièce en s’écriant : « maintenant, Dieu ne verra plus rien. A qui Joseph répondit : « Oh si, mon Dieu voit tout ! » (Ed Macartney)
La femme le coinça donc en l’agrippant par ses vêtements. Tout ce qu’elle voulait c’était assouvir son désir sexuel immédiatement. Elle le tira si fort à elle, que lorsque Joseph résista son vêtement se défit et resta dans la main de la femme.
Comment Joseph pouvait-il résister ? À cet instant, le Seigneur était plus réel pour lui que n’importe quoi ou n’importe qui d’autre sur la terre. Et il prit ses jambes à son cou pour éviter de pécher.
Quelle belle image !
Elle se retrouvait là, abandonnée, frustrée et folle de rage. Quelqu’un a dit que rien n’est pire que l’amour qui se transforme en haine et que nul n’est plus furieux qu’une femme ridiculisée. C’est vrai, n’est-ce pas ? La convoitise de madame Potiphar se mua en fureur. Après avoir convoité le jeune homme, elle le méprisa tant qu’elle se mit à l’accuser de viol. En réalité, ses cris et ses pleurs étaient ceux d’une femme vexée de voir qu’un homme séduisant avait résisté à ses avances.
En lisant ces lignes, nous nous disons : « oh Seigneur, récompense cet homme ! Récompense-le d’avoir su dire non jour après jour et d’avoir préféré fuir que de succomber. » Pourtant Dieu permit que Joseph soit jeté en prison. Nous lisons aux versets 19 à 20 : « … » Comment accepter ce déroulement ? Pourquoi les choses allèrent-elles de mal en pire pour lui.
J’aurais été Joseph, j’aurais probablement perdu courage. Mais il faut se rappeler que Dieu n’est pas comme nous. Il œuvre fidèlement et patiemment de façon que nous avons difficile à comprendre. Joseph n’était pas abandonné. Sa récompense viendrait mais plus tard. Il y avait quelque chose de plus par laquelle il lui fallait passer pour arriver là où Dieu voulait le récompenser.
Potiphar n’avait pas le choix, il devait punir Joseph ou perdre la face. Mais on pourrait penser qu’il fit malgré tout preuve de clémence. Il ne mit pas à mort Joseph, mais il le mit dans une prison, réservée aux ennemis du roi.
Arrêtons-nous à présent ici et retirons quelques leçons.
II. Les leçons :
La tentation est souvent difficile à surmonter et pour y parvenir il nous faut :
Conclusion :
En conclusion, les leçons que nous laisse Joseph sont valables pour chacun d’entre nous que nous soyons marié ou célibataire, divorcé ou remarié, homme ou femme, jeune ou vieux.
Quelle que soit votre situation, même si l’hameçon semble tentant, alléchant et momentanément délicieux, ne vous attardez pas. Réclame la force surnaturelle qui vient de la connaissance de Jésus-Christ, et grâce à sa puissance, tenez fermer.
Et si en résistant les choses s’empirent, ne nous laissons pas déconcerter par les résultats immédiats. Si vous perdez votre travail, votre amoureux, votre réputation, un ami ou une amie, souvenez-vous de Joseph. Acceptez d’être seul et portez fièrement le nom de Jésus-Christ. Restez purs, qu’on vous critique ou qu’on vous humilie. À cet instant, prenez la résolution d’être un Joseph, décidé de rejoindre ses rangs et dès maintenant, résistez !