Introduction:
Si aujourd’hui je vous demandais de citer les critiques les plus courantes que les femmes font à leurs maris, que me diriez-vous ?
Probablement sur la liste, il y aurait le fait que les maris sont souvent peu connectés aux états d’âme des membres de leur famille, qu’ils ont difficile de voir claire dans les sentiments d’autrui et d’y être sensible. Bien sûr les maris disent que leurs femmes ne comprennent pas non plus ce qu’ils ressentent. Mais à qui la faute ? Fréquemment, c’est parce que les époux sont devenus passifs et non communicatifs. Ils mettent de côté leurs sentiments négatifs. Ils les enfuient et au bout d’un temps, ils ne parviennent même plus à se comprendre et à expliquer ce qui se passe dans leurs cœurs. Ils ont encore moins envie de se pencher sur ce qui se passe dans le cœur des gens qui les entourent. Il y a en tout ceci un défi spécifique pour l’homme. Il doit apprendre à surmonter ses tendances naturelles ou il risque de faire face à de gros problèmes, au sein même de sa propre famille. Tel fut le cas, par exemple pour Jacob, le père de Joseph.
Je voudrais suggérer deux choses aujourd’hui :
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Que Jacob était caractérisé par une passivité malsaine dans ses relations familiales
- Qu’il ne communiquait pas comme il le devait avec les siens.
Le texte que je veux vraiment traiter ce dimanche est Genèse 37 : 12-36, où les frères de Joseph décident de le vendre comme esclave. Mais pour comprendre ce texte et en retirer les bonnes leçons, il faut d’abord bien saisir ce qui progressivement les amena à être ainsi. Nous avons parlé la semaine dernière du favoritisme que Jacob, leur père manifesta, mais ce n’est pas tout ce qui joua dans ce développement infortuné. Bien sûr, les frères étaient responsables devant Dieu pour leurs propres actions et choix, ils étaient assez âgés que pour faire d’eux-mêmes ce qui était juste, mais ca n’enlève pas le fait que Jacob contribua à la chute de ses fils, par l’influence parentale qu’il fut.
I. Jacob en tant que père
Je dis Jacob était caractérisé par une passivité malsaine envers ses enfants et il ne communiquait pas comme il le devait.
Comment est-ce que je sais cela ?
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A sa réponse envers l’inconduite de sa fille et de Sichem
Retournons un peu en arrière. Juste avant de fuir la maison de son beau-père Laban, la bible nous dit ceci au sujet des biens de Jacob en Genèse 30 :43 « … » Il était riche au point de pouvoir offrir 550 animaux à son frère en Gen. 32 : 14-15. Il retourna donc au pays de son père et s’arrêta à un endroit où ses troupeaux pouvaient se nourrir. La bible nous dit que ce lieu propice était Sichem.
En Genèse 34 :1, nous apprenons que Dina, la fille de Jacob sortit pour rendre visite aux filles du pays. Ces filles étaient païennes. C’était des femmes typiques du monde. Elles adoraient des idoles et étaient guidée par la morale du monde. Un jeune homme, qui était prince et qui n’était pas loin, vit Dina et fut troublé par sa beauté. Il l’enleva et la déshonora en couchant avec elle (34 :2). Comment auriez-vous répondu ? (J’aurais eu difficile de contenir toute ma colère…) Je me serai probablement rendu là de suite avec une escorte… Toutefois Genèse 34 :5 dit ceci « … » Pourquoi attendit-il si longtemps ? Les fils étaient probablement partis pour quelques jours, comme les bergers le faisaient à cette époque.
La bible nous dit alors que Dina conquis le cœur du prince et qu’en conséquence, il envoya son père obtenir la main de la jeune fille auprès de Jacob. Le texte rapporte alors les événements de façon intéressante. Lire v. 7 à 14 « … » Remarquez ce qui y est dit et ce qui n’est pas dit. Les fils de Jacob furent irrités et furieux. Plus tard, ils répondirent avec ruse à la requête du dirigeant (v.13). Mais pourquoi ne lit-on pas une quelconque réaction de la part de Jacob ? Pourquoi n’est-il pas au centre de la discussion, pourquoi n’est-ce pas lui qui donne une direction à la famille pour la réponse à donner ?
- A sa réponse au crime de ses fils :
Alors le verset 25, nous dit que lorsque les sujets mâles de Sichem furent circoncis et se retrouvèrent en convalescence, Siméon et Lévi (les fils de Jacob), passèrent tous les hommes de la ville au fil de l’épée. Quelle fut la réaction de Jacob face à ce crime odieux ? Mit-il ses fils contre un mur ? Hurla-t-il sur eux ? Quelle punition reçurent-ils ?
La bible dit ceci, aux versets 30 et 31 : « … » Est-ce que ca vous semble une réponse forte ? Par quoi a-t-il l’air surtout préoccupé ? Par ce qu’il sera dit sur lui et ce qu’on lui fera en rétribution. Il est tout à fait absorbé par ce qu’il va advenir de lui, il ne parle pas de l’atrocité du point de vue de Dieu, ni du mal commis envers des enfants qui viennent de perdre leurs pères à cause de leur haine.
- A sa réponse envers l’acte impudique de Ruben
Ensuite nous progressons et nous voyons en Genèse 35 : 21 que Jacob dressa ses tentes près de Migdal-Éder. Et pendant qu’il habitait cette contrée, la bible nous dit que Ruben, son premier né alla coucher avec Bilha, la concubine de son père, la mère de ses frères Dan et Nephtali. Son acte était donc bibliquement parlant un inceste. Comment la bible dit-elle que Jacob traita le problème ? Au verset 22 elle dit juste : « Jacob l’apprit. » Rien n’est mentionné sur une réponse active de la part du père. Cet incident supplémentaire nous révèle une fois de plus l’attitude passive de Jacob face aux problèmes dans sa famille. Il ne fit rien. Mais nous savons qu’il n’oublia pas le problème, car en Genèse 49 :3-4, lorsque sa mort était proche et qu’il devait donner sa bénédiction à ses fils, voici ce qu’il dit à son aîné : « … »
Voyez-vous comme Jacob comme Jacob communiquait mal, s’il le faisait c’était trop tardivement et en choisissant mal ses méthodes. Son approche parentale était passive. On pourrait encore parler de comment rien n’est dit sur comment il faisait face lorsque Joseph lui ramenait les mauvais propos de ses frères en Genèse 37 : 2. C’est peut-être un hasard, mais en tout cas s’il faisait quelque chose à ce sujet, ca avait très peu d’impact. Ca devait donc être assez mou.
Reprenons maintenant la lecture du chapitre 37, à partir du verset 12 jusqu’au verset 36 « … »
- À sa naïveté lorsqu’il envoya Joseph voir ses frères.
Jacob permettait à ses fils de faire paître ses moutons à Sichem, malgré leur mauvais comportement et ce qu’ils avaient fait dans cette région. Toutefois, la bible nous dit qu’il était soucieux de leur bien-être et qu’il leur envoya Joseph pour s’enquérir de leur santé et de leur troupeau. Ni Joseph, ni Jacob n’anticipait ce qui allait se passer. Quand ses frères le virent de loin, tout de suite, ils le reconnurent à son manteau de prince. Selon le verset 18, leur haine fut ravivée et ils se mirent à penser comment le tuer. Quatre d’entre eux lui en voulaient toujours probablement pour la dernière fois qu’il était venu les visiter et avaient rapporté leurs paroles à leur père. Tous avaient probablement encore à l’esprit le rêve du petit frère qui les voyait se prosterner devant lui, comme devant un prince. « Voici le faiseur de songe qui arrivent ! » se dirent-ils au verset 19. Ils voulaient le faire périr et dire qu’une bête féroce l’avait dévoré, ainsi ses prédictions ne pourraient s’accomplir. Un seul s’opposa à eux : Ruben. Il n’objecta pas à ce que ses frères malmènent Joseph en le jetant dans une citerne, mais ils ne voulaient pas qu’ils le tuent. Dans son esprit, il espérait revenir plus tard libérer Joseph (v. 21-22).
Etait-ce parce qu’il se souciait vraiment du petit frère ou parce qu’il avait besoin de trouver un moyen de se racheter auprès de son père ? Je pense que la deuxième possibilité est la bonne, car il ne s’opposa pas à la citerne et plus tard, lorsqu’il apprit que Joseph avait été vendu à une caravane d’Ismaélites, il ne se mit pas activement à sa recherche, à la poursuite des marchands d’esclaves pour racheter son petit frère. Il se fit juste du souci pour lui-même. « L’enfant n’est plus dans la citerne ! Et moi, où irai-je ? », disait-il au verset 30. Les autres, eux étaient sérieux quant à leur pensée de le tuer. Selon les versets 23 et 24, ils se jetèrent sur lui pour le dépouiller et le précipiter dans une citerne. Les cris de Joseph ne devaient pas beaucoup les déranger, car ils se mirent à manger tranquillement, tout en pensant au meilleur moyen d’en finir avec Joseph (v. 25).
Ruben, n’étant pas là, Juda fut celui qui manifesta un peu plus de compassion, si on peu parler de compassion en voyant ce qu’il proposa. Alors qu’ils mangèrent, ils virent arriver une caravane d’Ismaélites et Juda suggéra de vendre Joseph en esclavage.
Peu est dit sur la réaction de Joseph à ce point, mais selon ce qu’ils se dirent plus tard en Egypte en Genèse 42 : 21, nous savons que le jeune homme était dans une grande angoisse et demandait grâce. Ses frères fermèrent leur cœur et pour parfaire leur crime, ils trempèrent son manteau dans du sang et rapportèrent à leur papa que Joseph avait été tué par un animal sauvage. Selon le verset 34, Jacob déchira ses vêtements, il mit un sac sur ses reins et il pleura longtemps. La bible dit même qu’il refusa d’être consolé par qui que ce soit (v. 35). Il disait : « c’est en pleurant que je descendrai vers mon fils dans la tombe. » Il s’en voulait probablement d’avoir envoyé Joseph à sa mort. Mais combien plus s’en serait-il voulu, s’il avait réalisé ce qui c’était vraiment passé. Tout ceci me révèle encore une chose importante sur Jacob. Il ne connaissait pas vraiment sa famille. Il n’avait pas le doigt sur ce qui se passait dans le cœur de ses fils. Il avait été aveugle ou absent, ou un peu des deux. Il n’avait pas pris le temps de jauger l’intensité des sentiments de ses enfants plus âgés. S’il l’avait fait, alors il n’aurait jamais envoyé Joseph dans la gueule du loup. Quel prix il paya pour sa naïveté, sa passivité et son incapacité à communiquer efficacement ! Une vérité émerge de nouveau ici, nous récoltons tôt ou tard ce que nous semons. Toutefois, se punir soi-même pour des erreurs de jugement n’est pas la solution pour arranger les choses. Ca ne peut que les empirer. Nous reparlerons de ce point dans un instant.
Pour le moment, je désire m’arrêter ici et souligner quelques leçons que nous retirons.
II. Les leçons :
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Il est important d’être au courant des sentiments qui fluctuent en nos enfants.
Attention de ne pas se convaincre trop vite qu’on connaît bien notre progéniture. On peut vite être déconnecté. Jacob le fut, et surtout nous les papas nous le pouvons aussi.
Dans notre culture, où nous sommes forcés de travailler séparé de nos enfants, pendant de longues heures, parfois tous les jours de la semaine, il est facile de perdre le contact. Quand nous revenons à la maison, vidé physiquement et émotionnellement, on peut ne pas avoir très envie d’avoir de longs échanges avec nos enfants, d’écouter leurs problèmes, leurs soucis et de satisfaire leurs besoins. On se retire et on s’isole dans sa petite bulle, avec la TV ou un livre, ou juste en tant que couple. On n’a pas envie que les enfants nous interrompent et nous dérangent toutes les cinq minutes. On veut juste un peu de temps pour soi. Mais, cette tendance est destructive. Et si notre épouse travaille aussi en dehors et revient avec les mêmes sentiments, alors c’est encore plus dangereux. Il n’y a pas de substitut pour solidifier sa famille. Il faut passer du temps, avec eux. Mais il faut que ce soit aussi des moments de qualité, des moments à travers lesquels nous pouvons partager leurs intérêts et répondre à leurs questions, à leurs besoins. (J’aime quand je mets mes enfants au lit… Marilèna me demande parfois des questions profonde… « Si Dieu existe pourquoi il a permis que Jésus soit mort sur la croix ? » )
Avec l’âge, ces intérêts et besoin de nos enfants changent, il nous faut donc être flexible. Quand les enfants arrivent à l’adolescence, il y a un défi de plus, car ils veulent être d’avantage avec les amis, passer moins de temps avec les parents. Il faut donc faire preuve de plus d’imagination. Il faut trouver des moyens pour rester impliqué. Parfois, il suffit de trouver des activités où vos enfants ont besoin de vous avec leurs amis, pour faire ce qu’ils veulent. Par exemple, de votre voiture, de votre bateau… Alors quand vous êtes avec eux et qu’ils se parlent entre eux, vous pouvez écouter. Faites-le une fois, restez dans un coin discret et écouter sans faire de commentaires. Ils exprimeront peut-être des choses dont vous n’avez aucune idée. Savoir écouter est important en tant que parent. Pas seulement quand l’enfant vient nous voir pour confier ce qu’il a sur le cœur, mais aussi quand il y a des interactions entre eux. Quel bon moyen d’en apprendre d’avantage sur comment ils évoluent et pour savoir ce qui les guide, ce qu’ils ont dans le cœur. (Je me rappelle avoir été choqué plusieurs fois en entendant comment Candice a réagit avec des amies, en bien et en mal).
Que pouvons-nous apprendre de Jacob ? Que nous pouvons penser connaître nos enfants, alors qu’en réalité on en sait très peu sur leurs sentiments et pensées. D’une façon ou d’une autre, il nous faut résister aux demandes trop exigeantes de notre culture et prendre du temps pour être avec eux.
- Attention de ne pas être plus soucieux de notre réputation que de ce qui est juste, quand on élève nos enfants.
Lorsque les fils de Jacob firent périr la ville, Jacob montra plus de soucis pour ce que les gens penseraient de lui, que pour le crime de ses enfants. Il aurait dû d’abord insister sur le fait qu’aux yeux de Dieu leur action avait été intolérable, qu’ils avaient dépassé une limite irréversible. Attention au même piège pour nous. Il est facile d’être plus soucieux de notre image que de qui se passe à l’intérieur du cœur de nos enfants. L’important ce n’est pas ce que les gens penseront, mais ce que les jeunes deviendront s’ils ne redressent pas leur comportement efficacement.
- Une trop grande passivité chez le père peut créer de la colère dans le cœur de ses enfants.
Jacob peut être classifié dans le groupe des pères trop passifs. Quand ces fils, Lévi et Siméon firent périr les Sichémites et quand Ruben commit un inceste, il fit très peu pour prendre soin du problème. Il reteint leurs fautes et puis fut comme un marteau au jour de sa mort. Cette façon de traiter les choses est classique pour une personne passive. Plutôt que de confronter immédiatement les problèmes quand ils se présentent, les personnes passives font semblant de rien, retienne ce qu’on leur a fait et deviennent amères. Puis un beau jour, elles font payer à celui ou celle qui leur a fait du mal et qui pensait que la chose était résolue. Evitons cette approche avec nos enfants. Soyons impliqués dans leurs vies, aujourd’hui. Corrigeons-les dès l’instant où survient un problème. Encourageons-les maintenant, si c’est maintenant que vient l’opportunité.
- Nous récoltons ce que nous semons, mais se punir soi-même n’est pas la solution.
Jacob refusa d’être consolé lorsque son fils mourut. Plus que probablement son refus fut basé sur le fait qu’il pensait avoir fait une erreur. Alors il était déterminé à pleurer et à se punir lui-même jusqu’à ce qu’il quitte ce monde.
Comme Jacob, nous faisons tous des erreurs avec nos enfants. Malheureusement, il est vrai que certaines de ces erreurs créeront des problèmes difficilement réversibles. Mais rien ne sert de passer toute sa vie à se blâmer. Ce n’est pas la volonté de Dieu. Christ est venu pour nous offrir le pardon. Pour tout ce que nous avons fait, il nous faut accepter ce pardon. Plutôt que de nous morfondre, si nous avons péché contre nos enfants, il veut que nous cherchions sincèrement leur pardon, en leur présentant nos excuses. S’ils voient que nous sommes véritablement désolé alors peut-être ils ne retiendront contre nous nos fautes. Mais s’ils ne nous pardonnent pas, n’oublions pas que Christ lui le fait et nous pouvons toujours démontrer notre amour à d’autres dans nos relations futures. C’est triste quand des parents existent en cherchant à se punir perpétuellement. De même, c’est triste quand des enfants existent en refusant de pardonner et en continuant à blâmer leurs parents pour tous les malheurs qu’ils ont aujourd’hui. Dieu nous offre la possibilité de surmonter notre passé et d’être maître de nos choix présents. Nous pouvons être bon, même si nos parents ne nous ont pas élevé correctement, peu importe ce qu’il s’est passé dans notre jeunesse. Alors rappelons-nous en.
Conclusion :
Je termine avec ces questions récapitulatives.
Dans quelle mesure est-ce que je connais vraiment les sentiments de mes enfants ?
Cherchez les opportunités pour écouter attentivement ce qu’ils ont à dire, verbalement ou par leurs actions.
Est-ce que je me soucie surtout de mon image personnelle lorsque mes enfants font une erreur?
Evitez de dire à vos enfants qu’ils vous apportent la honte, dites leur plutôt que Dieu est déçu de leur comportement.
Suis-je un parent trop passif ?
Demandez à votre femme son opinion. Si vous n’êtes pas satisfait de sa réponse et que vous avez un doute, demandez alors en plus à un ami qui osera être honnête.
Est-ce que je vis ma vie en essayant de me punir pour mes erreurs passées ?
Si oui, acceptez le pardon de Dieu et sachez qu’il y a toujours un demain.