Si vous avez une bible, je vous invite à l’ouvrir au livre d’Esther.
Ça fait plusieurs semaines maintenant que nous sommes dans l’étude de ce récit.
Je dois avouer que certaines leçons ont tendance à se répéter. Mais le texte est fait ainsi et si ces leçons sont récurrentes, c’est probablement parce que Dieu connaît leur importance. Il y a des choses qu’il faut dire encore et encore pour ne pas oublier.
Ainsi, alors que nous rentrons dans le chapitre 7, je voudrais que vous vous imaginiez en train de nager dans un grand lac (même toi Alex). Vous vous éloignez à quelques centaines de mètres du rivage, puis tout d’un coup le brouillard tombe. Vous n’y voyez pas plus loin que le bout de votre bras. La nuée est opaque !
Vous repartez donc vers la direction qui vous semble être celle du rivage, mais vous n’en êtes plus très sûr. Après tout, ce brouillard vous fait perdre tout sens de l’orientation. Votre cœur bat de plus en plus fort ! Vous ne trouvez pas la terre, donc vous décider de faire la planche, pour épargner vos forces. Peut-être le brouillard se lèvera-t-il ?
Mais une heure passe, puis deux, puis trois… C’est toujours pareil ! Pire la nuit tombe et c’est une nuit d’encre.
Vous tendez l’oreille, il suffirait d’une voix sur le rivage pour vous permettre de nager à nouveau dans la bonne direction…
Ce serait paniquant, n’est-ce pas ? Parfois la vie nous met dans de telles situations. Pensez à l’histoire de Job.
J’imagine que Job devait se sentir aussi perdu et effrayé quand il s’est assis sur les décombres de ce qui avait été jadis sa belle propriété. Il n’avait plus rien ! Ses enfants venaient d’être enterrés, ses biens avaient été pillés ou brûlés, sa santé s’était envolée. Il était assis sur les cendres de sa vie, brisé, solitaire et sans but ! Et il n’entendait plus la voix de Dieu !
Alors l’histoire nous dit que dans sa détresse, il s’est mis à crier. Gardez votre doigt sur Esther 7 et regardez en Job 3 : 1-3 et puis le verset 11 « … »
Voila ce que j’appellerai des mots venus du lac – des cris dans le brouillard. Ce sont des paroles que quelqu’un dit quand il ne comprend plus rien, quand il se sent totalement perdu et abandonné.
Au même chapitre Job dit encore, aux versets 24-26 « … »
Mais ne vous trompez pas, l’expérience du lac arrive à plus qu’à ceux qui ont tout perdu. Dans un sens, nous sommes tous au large dans un lac brumeux, dans le lac brumeux de la vie nommé le présent !
Ce n’est pas que nous sommes toujours effrayés.
Souvent nous parlons du futur sans grands doutes, si nous voulons savoir l’heure à la seconde près, nous consultons notre montre. Si nous désirons connaître le jour et le mois, l’année ou le siècle nous regardons le calendrier.
Notre temps est soigneusement noté et mesuré, tout est objectif et compréhensible dans notre façon de planifier les choses.
Oui mais voila, il y a Dieu et Dieu a ses propres plans. De plus, Il n’est pas du tout sur notre grille du temps. Il vit au-delà du tic-tac de nos horloges et des pages de nos agendas.
La bible dit que Dieu est au dessus de nos nuits, de nos jour, de nos mois et nos années. Il est transcendant.
Nous considérons nos vies comme une succession de plans par lesquels nous passons, mais Dieu dans sa prescience voit toutes les séquences de notre vie à la fois, en même temps que des milliers d’autres. Et il n’est pas enfermé dans notre temps.
Et en fait, qu’on s’en rende compte ou non, notre présent ressemble plutôt à une petite cage, à un petit espace clos sur le lac. Pourquoi ? Car nous sommes des créatures limitées. Nous nageons en plein brouillard.
Nous qui sommes chrétiens, nous chantons l’hymne : « En son temps, tout ce que Dieu fait est parfait en son temps, Seigneur Jésus je te prie, montre moi que dans ma vie, tu fais tout ce que tu dis en ton temps ! »
Mais même pour nous, ce n’est pas facile de voir que Dieu fait tout parfaitement en son temps, n’est-ce pas ? Et parfois quand nous sommes dans le brouillard, nous cédons à la panique.
Comment vivre dans cet espace clos, sans savoir où se trouve le rivage, surtout lorsque nous n’entendons plus sa voix rassurante ?
C’est en quelque sorte le thème du livre d’Esther. Pensez-y !
Lorsque nous lisons le chapitre 3, Haman est élevé au rang de premier ministre. Et nous voulons crier : « Non ! Pourquoi ? Cet homme déteste les juifs, il est machiavélique ! »
« Qu’une voix vienne du rivage et arrête le roi, mais nous n’entendons pas même Dieu parler ! »
Ensuite le brouillard s’épaissit. Haman met sur pieds son complot pour éliminer tous les Juifs de l’empire perse. Il fait publier un édit, mais aucune voix ne l’arrête et ne vient rassurer les juifs.
J’imagine que les juifs en 1940 ont ressenti la même angoisse face aux nazis et à Hitler. Si nous avions vécu dans leur lac silencieux, nous nous serions probablement dit : « Où est Dieu ? »
Et pourtant le texte nous montre que même pendant ces périodes de silence, Dieu est à l’œuvre.
Si vous ne le savez pas, si vous ne croyez pas, si vous ne vous en souvenez pas, alors vous serez pris de panique. Vous douterez et vous deviendrez cynique et amer.
C’est pourquoi redire encore et encore la même leçon est important. Et trop peu nombreuses sont les occasions de le redire.
Et pourtant nous pourrions donner de magnifiques prédications sur le sujet en parlant de tous ces moments de silence dans les Écritures. Pensez aux 4 siècles entre Joseph et Moise, à ces moments où les Israélites ont probablement pensé être oubliés.
Pensez au prophète Habakuk, qui voyait des événements injustes se produire l’un après l’autre, sans aucune interruption. Il s’écria finalement au ch. 1 :1-4 « … »
Pensez à ces quatre cents ans entre Malachie et Jésus où les Juifs étaient tombés sous l’emprise d’autres empires.
Pendant toutes ces périodes, le peuple juif aurait pu dire : « Les autres peuvent chanter « En son temps, en son temps » tant qu’ils veulent, mais nous, nous sommes en train de couler ! »
Toutefois pour nous qui cherchons à comprendre Dieu, il ne faut pas perdre d’esprit 2 choses :
Elles sont plus douloureuses, plus dures à supporter, mais elles n’en sont pas moins importantes. Car pendant ce temps le Seigneur écrit une nouvelle page d’histoire pour moi, même quand il semble garder le silence.
Parfois des personnes viennent me trouver et me dise : « Je veux servir Dieu, mais je ne sais pas où et comment ! J’attends qu’il me le montre ! »
Ces gens ont un désir ardent, mais il se retrouve dans cette période de silence et c’est très difficile pour eux de se retrouver dans un temps d’attente.
A tous ceux qui sont dans ce cas, répétons aujourd’hui, sa souveraineté prend souvent de temps pour se manifester, mais tôt ou tard elle se manifeste et nous apporte la solution.
Par exemple en Esther, lorsque tout était au plus mal pour Mardochée, c’est pendant la nuit que Dieu résolut la situation. Au chapitre 6, nus avons lu que le roi n’arrivait pas à dormir et cela eut pour conséquence la mention des exploits de Mardochée. Tout ceci rajouta au puzzle une pièce supplémentaire manquante à l’accomplissement du plan de Dieu.
Vous voyez dans le mystérieux dessein du Seigneur, parfois seuls de petits incidents se produisent pour dénouer toute une situation. Pour les voir, il faut parfois avoir un cœur attentif aux subtilités.
Si je veux être un chrétien mûr, il faut arrêter de dire quand on le sent absent : « Je n’y arriverai pas, jamais je n’entendrai la voix de Dieu. » Plutôt, il faut écouter avec sagesse et observer les changements les plus légers dans les événements.
Rien dans la vie ne vient par hasard. Autant rayer les mots « coïncidence » et « chance » de notre vocabulaire. Ils sont illusoires ! Dieu est derrière tout et il agit souvent de manière subtile jusqu’à ce que, subitement le changement arrive et dissipe le brouillard à l’heure voulue.
Retournons dans le texte et voyons combien encore cela fut vrai pour Esther et le reste des juifs.
En Esther 7 :1-2, nous lisons : « … »
Je vous rappelle qu’il s’agit du 2ième banquet qu’Esther organise. Une fois de plus, il n’y a que trois invités.
Esther n’a pas encore mentionné ce qu’elle avait dans le cœur. Elle a différé sa réponse. Elle savait quand elle devait agir et quand elle devait se taire.
Je me demande aujourd’hui avons-nous la même sagesse ? Savons-nous quand nous devons parler et quand il vaut mieux ne rien dire ? Pouvons-nous nous contenir jusqu’au bon moment ?
Comme le dit Salomon en Eccl. 3 : 1 et 7 « … »
Mais maintenant le temps d’Esther était venu. Le silence avait été approprié, mais à ce moment, il ne l’était plus.
Je me demande si son cœur battait à tout rompre car l’avenir de la nation dépendait en partie de ses mots, du moins d’un point de vue terrestre. Mais une fois la porte ouverte pour la 3ième fois, Esther parla. Voici ce qu’elle dit aux versets 3 et 4 : « … »
Remarquez la diplomatie et le tact d’Esther. En d’autres termes, « Si nous avions juste été vendus comme esclaves, je ne t’aurais pas dérangé pour si peu. Mais c’est la mort pour nous qu’il veut. »
Voici ce qu’on lit ensuite, Esther 7 : 5-6 : « … » Quelle journée épouvantable pour Haman ! Les 24 heures passées ne lui avaient apporté que des ennuis. Il avait claironné les louanges de Mardochée dans toute la ville et voila que la reine l’accusait. Il était vraiment terrifié et à juste titre.
Voila ce que nous lisons ensuite, aux versets 9-10 « … »
Et ainsi Haman reçoit un juste retour de manivelle ou nous pourrions dire Dieu manifeste enfin sa stupéfiante souveraineté.
Comme je l’ai dit, Dieu fait tout à merveille !
Sachant cela, comment ne voudrions-nous pas souscrire à ses plans ?
Non ça ne veut pas dire que je pourrais toujours expliquer ses desseins si j’y souscris ! Je le pourrai seulement quelque fois, et encore, avec du recul.
Je ne peux pas anticiper comment il va agir. Et à cause de cela, il est facile de parfois céder à la panique, de se demander pourquoi il est absent et garde le silence, pourquoi il laisse triompher le mal.
Mais il a ses raisons pour attendre et agir comme il le fait. Il a son propre temps. Il me faut reconnaître que parfois il nous apparaît terriblement lent, souvent, nous le prions en disant : « Seigneur on t’en supplie, dépêche-toi ! », mais quand il choisit enfin de se manifester, on est surpris comment les problèmes sont résolus.
En fin de compte, Dieu accomplira ses plans quand il le voudra et pour sa gloire.
Soyons sûrs qu’il n’est pas absent, même s’il se tait. Et accrochons-nous aux bouées de sauvetage qu’un Chrétien peut saisir dans une telle situation.
Quelles sont-elles ? Voici celles que je connais, celles qui m’ont permis de rester à flot au cours de mes terrifiantes expériences sur le lac, lorsque le brouillard semblait extrêmement épais.
Certains jours, je serais pris de panique et je nagerai comme un forcené. D’autres, j’essaierai toutes sortes de techniques : brasse, crawl, nage papillon, la planche. Mais la meilleure des choses, c’est d’attendre et essayer d’entendre sa voix.
Je cautionne la prudence en mentionnant ceci. Certaines personnes sont parfois un peu surréaliste quand on parle d’écouter la voix de Dieu. Je suis souvent tenté de leur conseiller d’aller consulter un bon thérapeute.
J’entends des choses comme : « Le Seigneur m’est apparu et m’a parlé alors que je beurrais ma tartine a deux heures du matin. » Ce genre de personnes voit des inscriptions dans les nuages le jour et la nuit. Elles entendent réellement des voix.
Ce n’est pas ce genre d’expérience dont je veux parler quand je parle d’attendre pour entendre sa voix. Je ne parle pas d’expériences mystiques bizarres. Je parle de sonder sa Parole. Je parle plutôt de rechercher les conseils de quelques Chrétiens mûrs qui fondent leur vie sur la bible.
Et attendez, attendez ! N’essayez jamais de consulter votre horoscope et gardez-vous des gens qui vous y encouragent. Vous ne trouverez de réponses ni dans les lignes de votre main, ni dans les rubriques astrologiques, ni dans une boule de cristal, mais appuyez vous sur des passages des Ecritures qui vous éclaireront ou vous réconforteront.
Appuyez-vous sur toutes les bonnes choses que je viens de mentionner et écoutez attentivement. Comme Esther, ne prenez pas de décisions hâtives !
Ses horaires n’ont rien à voir avec ceux de la planète terre. Alors lorsque vous attendez, prenez patience.
Pour y parvenir, le mieux c’est de prier. Dites-le au Seigneur si vous devenez épuisé. Exprimez lui votre panique, si vous paniquez. Exposez-lui votre sentiment d’impuissance ! Pendant ces instants, demandez-lui de vous aider à voir plus loin que votre souffrance actuelle.
N’oublier pas que lorsque vous n’arrivez pas à comprendre le sens d’une épreuve, lorsque vous faites face à des gens difficiles, la prière nous permet de nous apaiser.
Donc pendant que vous attendez, fiez-vous à lui pour vous faire justice. Même si vous n’êtes plus de ce monde au moment où justice arrivera, elle viendra sûrement car Dieu est juste.
Rappelons-nous que lorsque nous parvenons à une impasse, il s’agit en fait souvent d’un nouveau départ.
Prenons l’exemple de la croix. Les juifs se réjouissaient en pensant, nous voilà débarrassés de ce Jésus ! Mais trois jours plus tard, le Christ ressuscita. Ce qui semblait être une fin n’était qu’un commencement.
Esther est donc un bon rappel pour nous. Ce livre illustre l’œuvre de Dieu.
Ses plans sont parfaits !
Il contrôle avec souveraineté toutes choses. Il transforme les situations impossibles en situation extraordinaire.
C’est lui qui a transformé une pauvre fille juive en reine puissante. C’est lui qui fit qu’un roi dupé reçut les bonnes informations. C’est lui qui fit qu’un ennemi raciste fut terrassé, comprenons-le !
Quand nous serons dans le lac embrumé, nous sentant perdus, rappelons-nous que Dieu finira toujours par rompre le silence et par œuvrer de façon magistrale pour notre plus grande stupéfaction.