Introduction :
Nous reprenons aujourd’hui notre étude sur la géographie biblique.
Pour ce sermon, nous allons nous concentrer sur la Shéphéla et pour avoir une bonne idée de ce que l’endroit représente, nous allons tout particulièrement étudier les lieux à partir d’une ville qui s’appelle Beth-Shemesh. Ce nom signifie littéralement en hébreux la maison (beth) du soleil (shemesh).
Le tel qui contient les débris de cette ville a révélé des ruines qui datent de l’âge de fer, avec notamment des presses à olive qui remontent à l’an 920 avant Jésus-Christ. C’était donc déjà à ce moment une ville très active.
I. Beth Shemesh :
Où se trouve Beth-Shemesh exactement ? Si vous prenez une carte vous verrez que l’ancienne ville se trouve dans les collines du pays d’Israël.
Ces collines sont situées dans une région qui s’appelle la Shéphéla en hébreux (low hills or foot hills, cad. les basses collines). Cette région a une largeur de plus ou moins 20 à 25 km. Elle est placée entre la plaine côtière (à l’ouest) et les montagnes (à l’est). Elle séparait en quelque sorte les 2 endroits.
Ce fait est important, on va y revenir dans quelques instants, car durant la période des juges, dans la plaine côtière, vivaient les Philistins et dans les montagnes vivaient les Israélites. Ces 2 peuples étaient ennemis et se faisaient face.
Beth-Shemesh était située, juste à coté d’une des quelques vallées qui connectaient la plaine côtière à la montagne, aux creux des collines. Ces larges vallées étaient comme des corridors qui permettaient de passer facilement d’un coté à l’autre. Si vous habitiez dans les montagnes et que vous aviez le désir de vous rendre dans la plaine, c’est ces vallées qu’il fallait emprunter, et vice versa.
Beth Shemesh était sur une colline, à coté d’une de ces vallées, montant en quelque sorte la garde et contrôlant qui passait par là. Les 2 grands peuples de l’époque voyaient cet endroit comme étant le lieu ou presque toujours ils rentraient en contact, pour faire la paix ou la guerre.
Cet endroit était donc très convoité car il occupait une position stratégique. Celui qui contrôlait ce lieu, dominait les relations entre les 2 camps. Du point de vue de ceux qui habitaient dans la plaine côtière, il était important car il empêchait les peuples des montagnes de descendre envahir la plaine facilement. Du point de vue de ceux qui étaient dans les montagnes, il fallait le contrôler, car il empêchait le peuple des plaines, de venir attaquer furtivement les villages situés plus haut. Il y a donc eu de nombreuses batailles, mentionnées dans la bible, pour cet endroit.
Enfin concernant la ville de Beth-Shemesh, j’ajouterai également qu’elle n’était pas très loin de la route « via maris » qui reliait les grands empires de l’époque. Cette route passait à 5 km de là, dans la plaine côtière.
Les Philistins occupaient la plaine côtière durant la période des juges. Savez-vous qui étaient les Philistins et d’où ils venaient ? Savez-vous comment ils vivaient, comparés aux israélites ? Ces choses sont importantes pour bien comprendre une grosse partie de la bible.
Probablement, nous nous rappelons aujourd’hui des Philistins à cause de Goliath ou de Délila. Lorsque nous pensons à eux, nous voyons des barbares cruels et non civilisés, mais cette image est fausse.
Historiquement les Philistins tirent leur origine des peuples de la mer Égée. C’était des marins des côtes de la Grèce, qui avaient commencé à émigrer aux environs de l’an 1250 avant Jésus Christ. On les appelait le peuple de la mer. Ils avaient peu à peu conquis les côtes de la Méditerranée, en partant de la Grèce et pour arriver jusqu’à l’Égypte. Ceux qui s’étaient installé en Canaan s’étaient apparemment vu attribuer le nom de Philistins.
Quand les israélites arrivent du Sud, les Philistins viennent de terminer leur installation dans les plaines côtières. Ils viennent de recréer des villes autonomes qui fonctionnent comme des petits royaumes indépendants. La bible mentionne certaines de ces villes. Il y avait entre autres, Asdod, Askalon, Gaza, Gath et Èkron (voir 1 Sam. 6 :17)
Un autre détail très important qu’il vous faut savoir, c’est que les Philistins étaient très sophistiqués. Ils avaient une culture très riche, très développée. Ils possédaient une grande technologie. Les Philistins avaient le secret du fer. On en reparlera plus en détail dans une semaine ou deux. Mais les israélites n’avaient pas la capacité de forger des choses en fer.
À l’époque, les Philistins étaient la culture phare du coin. Ils faisaient des objets d’art extrêmement élaborés. Ils avaient une industrie incroyable pour produire de l’huile d’olives. Selon les archéologues, ils produisaient même plus d’huile d’olives en ce temps là, que tout le pays d’Israël en produit de nos jours.
Il faut donc bien comprendre que les israélites étaient la civilisation sous-développée en ce temps, et que les Philistins étaient au sommet. Ils étaient un peu dans la même position que les occidentaux modernes, qui ont une situation attirante, ainsi que des villes modernes et pleines de promesses pour les voisins plus pauvres. Les israélites se retrouvaient dans une situation où ils avaient beaucoup à envier à leur voisin.
Mais cette attraction était dangereuse. Car avec tous ces progrès, venait la perversion religieuse. Selon la bible, les Philistins adoraient les divinités de la fertilité. Par exemple, ils vénéraient Dagon, le dieu du grain (1 Samuel 5 :2). Dagon avait un fils selon la mythologie philistine, du nom de Belzébul (adopté par la ville d’Ekron, voir 2 Rois 1 :1-6). Son nom signifiait littéralement « Prince Baal ». Mais à cause des pratiques horribles qui accompagnaient son culte, les israélites le dénommaient autrement. Ils changeaient le nom Belzébul en celui de Belzébub, ce qui signifiait alors « prince des mouches et des asticots », donc prince des poubelles. Jésus utilisera ce nom dans le nouveau testament en référence à Satan (Math. 10 :25 et 12 :24)
Parlons à présent des occupants des montagnes. Ce sont les juifs. A l’époque des juges, ils sont de l’autre coté de la Shéphéla.
Normalement les juifs, s’ils avaient suivi les instructions de Dieu, devaient posséder tout le territoire de Canaan. La petite tribu de Dan, selon Josué, avait reçu en partage la plaine côtière et la région des collines. Mais pour une raison ou une autre, les israélites n’avaient pas repoussé les Philistins comme Dieu le voulait.
A ce sujet, un des aspects que je veux vous montrer aujourd’hui dans cette leçon, c’est que lorsque Dieu donne une tache, ne pas remplir cette tache et ne pas la mener au bout, ne peut amener que des problèmes.
D’ailleurs là où nous ouvrons nos bibles aujourd’hui, nous tombons le nez en plein dessus. Regardez en Juges 13 au verset 1 : « … »
Donc pendant 40 ans, les israélites furent opprimés par les Philippins. La raison c’est parce qu’en partie, ils n’avaient pas chassé ce peuple païen du pays.
Maintenant, nous lisons dans le même passage de la bible, qu’un héro bien connu naquit dans cette région. De qui s’agit-il ? De Samson, de cet homme que nous connaissons bien à cause de la force extraordinaire qui était en lui.
II. Appelé à être différent.
Regardez ce que dit Juges 13 concernant les événements entourant sa naissance, versets 2 à 5 : « … »
Dieu voulait que l’enfant soit un Naziréen. Qu’est-ce qu’un Naziréen ? C’était quelqu’un qui était particulièrement consacré à Dieu et qui prenait l’engagement de ne pas faire 3 choses. Il ne boirait pas d’alcool, il ne toucherait pas quelque chose d’impur (comme un cadavre humain ou animal) et il ne se raserait pas ou ne se couperait pas les cheveux. (Nombres 6)
Pourquoi ces prohibitions ? Ce n’est pas que ces choses étaient immorales en elles-mêmes. Mais elles marquaient quelqu’un comme étant hors de l’ordinaire, unique. Pensez-y tout le monde buvait du vin à cet époque, c’était la boisson la plus commune. Mais le Naziréen n’y avait pas droit. Tous les hommes juifs coupaient correctement leurs barbes et leurs cheveux, mais le Naziréen n’avait pas ce privilège. Tout le monde mangeait presque de la viande, mais le Naziréen ne pouvait pas. Ca le rendait unique aux yeux du peuple. En fait si vous étudiez bien, vous verrez que Dieu voulait qu’il en soit ainsi pour donner une illustration vivante aux juifs. C’était une façon de dire : « Fais ces choses pour être différent, afin que lorsque les gens te voient, ils comprennent qu’ils sont aussi appelés à être différents en tant que mes enfants. » Différent de quoi ? Différent de la culture imposée par le monde autour d’eux.
Samson était donc appelé à être un exemple de vie différente, de vie unique en tant que Naziréen. Il devait manifester des différences internes par des signes externes.
Et la bible nous dit qu’après avoir grandit en respectant ces lois, Dieu le bénit. Regardez en Juges 13 aux versets 24 et 25 : « … »
2 choses concernant ces versets. Premièrement le nom, Machané-Dan signifie littéralement les tentes ou le campement de Dan. Ce détail nous montre que les israélites de la tribu de Dan étaient bien en retard technologiquement sur les Philistins. Ils vivaient toujours dans des tentes, comme des Bédouins, alors que les autres étaient dans des villes industrielles bien développées. Il y avait un gros contraste entre les 2 cultures. Samson venait d’un village de Bédouin ? attraction pour les Philistins
Deuxièmement, Tsorea et Eschthaol sont d’un coté et d’autres de la vallée entre les 2 collines. On peut donc dire que l’Esprit de Dieu commença à mouvoir Samson quelque part à grande proximité de l’image que vous voyez. En regardant les champs de blé que vous voyez sur l’image, vous pouvez vous imaginez les renards qu’il attacha ensemble par la queue et auxquels il mit le feu pour brûler les récoltes des Philistins (voir Juges 15 :4).
En voyant ces photos, vous pouvez vous représenter Samson marchant à travers ce territoire avec les portes de la villes de Gaza sur ses épaules. Pendant plus ou moins 70 kilomètres il les transporta pour finalement les déposer contre un arbre à Hébron (Juges 16 :3)
III. Le danger du compromis.
Malheureusement Samson tomba dans le piège de la tentation. La bible nous dit qu’il finit par devenir un participant de cette culture, qu’il devait plutôt confronter. Ca ne se produisit pas en une nuit, mais peu à peu, il finit par compromettre ce qui le distinguait.
En Juges 14 :10, nous lisons que Samson participa à un festin. Le mot hébreu qui est utilisé ici indique qu’il s’agissait d’une beuverie ou d’une orgie.
En Juges 14 :6-9, nous lisons qu’il toucha un cadavre
Et en Juges 16 :17-19 nous lisons qu’il tomba amoureux d’une femme nommée Délila qui lui soutira ses secrets et qui lui coupa les cheveux.
Les 3 interdits du Naziréen furent transgressés. Et tout d’un coup, Samson se retrouva faible et sans force.
Quand il vivait pour Dieu, avec des valeurs différentes du monde autour de lui, il était fort et d’une grande efficacité. Mais quand il compromit son système de valeurs, il perdit sa puissance. Plus grave encore, il perdit sa capacité de témoigner pour Dieu.
Quelle leçon pour nous ! Mes frères et sœurs, il est impossible pour nous de confronter la culture mondaine qui nous entoure et de vivre unis avec Dieu, si nous participons aux pratiques mondaines que nous sommes supposés confronter.
Je pense que ce dilemme est un des plus grands problèmes pour le chrétien du 21ème siècle. Pourquoi ? Car nous avons trop souvent tendance à vouloir adopter ou conserver les pratiques, les valeurs et la culture du monde qui nous entoure, que nous sommes plutôt supposés confronter.
La leçon que nous apprenons à travers Samson est à propos pour nous tous.
N’oubliez pas qu’en étant né dans la Shéphéla, Samson avait une responsabilité. Celle de faire partie d’une confrontation entre la culture du monde et la culture de Dieu.
Et je pense qu’être né en France aujourd’hui, ou choisir d’y vivre, dans ce pays où il n’y a que très peu de chrétiens, c’est se retrouver dans une Shéphéla moderne. C’est recevoir la responsabilité de rentrer en confrontation avec le mal et avec toutes les pratiques païennes de notre société, pour chercher à répandre les valeurs de Dieu. En un sens, vous pouvez vous regardez vous-mêmes comme des Samsons modernes. Vous êtes dans la Shéphéla française. Mais attention de ne pas perdre votre force de témoignage !
Je veux parler d’une dernière conséquence quand on n’arrive plus à être distinct de la culture environnante. Et puis nous terminerons ce sermon.
Pas loin d’où Samson est né, il y a un autre village qui s’appelle Silo. Peu après le livre des Juges, c’est là que l’arche est gardée. Le prêtre qui sert devant l’arche et qui remplit en quelque sorte les fonctions de grand prêtre se nomme Eli.
Je passe tous les détails, vous pouvez les lire en 1 Samuel dans les premiers chapitres.
Mais à ce moment, les israélites tombent une fois de plus dans le même mode de vie que les nations païennes qui les entourent. Les Philistins qui sont les grands ennemis des juifs décident de passer à l’attaque. Ils montent contre Israël Ils envoient chercher l’arche de l’alliance qui est au près d’Eli, pour leur porter bonheur quand ils combattent les Philistins. Mais les juifs ne vivent plus distincts dans leurs pratiques des autres nations. Ils ne vivent plus en remplissant leur devoir de confrontation morale pour Dieu.
Comment l’Eternel réagit-il ? 1 Samuel 4 :2-11 Les juifs perdirent la bataille et l’arche termina dans le temple des Philistins (se qui bien sur ne pouvait pas durer. Un matin, les prêtres philistins se lèvent et trouvent la statue de Dagon qui était érigée à coté de l’arche de Dieu, écroulée et prosternée devant l’arche de l’alliance. La tête de la statue n’est plus attachée au corps. Ils prennent donc peur et décident d’envoyer l’arche dans la ville voisine. L’arche arrive dans la ville voisine d’Ekron et peu de temps après, la population développe des tumeurs et la ville se retrouve infestée de rats. Finalement après plusieurs essais de ce genre, ils finissent par réaliser : « Peut-être cet arche représente un Dieu plus grand que ce que nous pouvons contrôler » et ils décident de renvoyer l’arche aux israélites. Ils la placent sur un chariot avec deux boeufs et des offrandes d’or. Ils se disent, laissons les bœufs partir et errer librement et s’ils finissent chez les juifs, alors à coup sur nous pourrons dire que c’était plus qu’un hasard si toutes ces choses se sont passées. Et pour eux, ils choisissent d’observer à distance. Vous connaissez le reste de l’histoire. En 1 Samuel 6, nous lisons que les bœufs vinrent droit à Beth-Schémesch, chez les juifs qui reprirent possession de l’arche. En signe de reconnaissance, les juifs sacrifièrent les bœufs et érigèrent un masséboth, cad. une pierre témoin. Lorsque les voyageurs passeraient par là, ils se diraient : « que s’est-il passé ici ? » et les juifs auraient l’occasion de témoigner).
Pourquoi terminons-nous en racontant cette histoire ? Parce qu’il est trop commun pour nous de faire la même erreur que les juifs du temps d’Eli. Souvent nous compromettons notre mode de vie chrétienne et puis lorsque nous rencontrons des problèmes, au dernier moment nous crions : « Dieu à l’aide, j’ai besoin de toi ! »
Ce type d’attitude, cette utilisation indigne de Dieu dans mon infidélité ne marchera pas. Cet appel au secours dans un moment critique, alors que nos vies ne sont pas prêtes à changer ne pourra rien donner.
Quand nous choisissons de compromettre notre mission, la puissance de Dieu ne peut plus nous accompagner.
Conclusion :
En conclusion, vivons ensemble notre mission. Changeons la Shéphéla dans laquelle nous vivons et n’oublions jamais que faillir à notre tâche produit de tragiques conséquences.
Si vous avez perdu de votre zèle et que vous le réaliser, priez avec moi aujourd’hui.