Je vous invite à ouvrir vos bibles en Matthieu 5 :21-26. Le titre de mon sermon aujourd’hui est : « Cœur en colère, vie de misère »
Comme le titre le suggère, je désire aujourd’hui traiter le sujet de la colère, de ces moments où nous sommes comme de la poudre.
La colère est une des émotions des plus fortes que nous pouvons de temps à autre ressentir.
Jésus le savait, c’est pourquoi il a désiré enseigner à ce sujet lors de son sermon sur la montagne.
En parlant aux foules ce jour-là, il a dit au verset 21 : « … »
Il est important de se rappeler du contexte de ce verset, lorsque nous considérons ces paroles.
Il venait juste de déclarer que pour entrer dans le Royaume des cieux, il fallait que la justice des foules dépasse celle des Pharisiens.
Je vous rappelle que les Pharisiens étaient des gens très religieux. Ils paraissaient incroyablement bons de l’extérieur. Ils respectaient les lois de l’Ancien Testament à la lettre, mais ils n’allaient pas assez loin.
Le problème c’est qu’ils oubliaient l’esprit de la loi et les attitudes du cœur que la loi présupposait. Disons le haut et fort, la loi n’avait pas eu la capacité de traiter toute chose en long et en large comme il l’aurait fallu (car vous vous imaginez bien l’invraisemblable nombre de livres qu’il aurait fallu pour pouvoir le faire). Dieu pensait apparemment que l’homme pouvait tirer les bonnes conclusions en lisant ce qu’il avait donné. Mais les juifs avaient failli à leur devoir de bon étudiant. Ils s’étaient arrêtés aux apparences, au strict minimum.
Et maintenant Jésus arrive et il corrige les choses. Tout d’abord il traite du sujet de la colère. Pour aborder le point, il cite le 6ème commandement qui était écrit sur les tablettes des dix commandements (en Exodes 21 :12-14 pour nous) : « Tu ne tueras pas ! Celui qui tue fera face au jugement… »
Vous pouvez vous imaginez les foules à ce point, en train de dire : « Oui,… bravo, … dis-le Jésus ! Tu as raison ! Amen ! »
Les chefs juifs pouvaient gonfler la poitrine et dire : « Personnellement, nous n’avons jamais tué qui que ce soit ! »
Parfois nous sommes un peu comme eux, n’est-ce pas ?
Nous évaluons notre niveau de bonté en nous disant : « Nous ne sommes peut-être pas parfait, mais au moins nous ne sommes pas des meurtriers ! » Et la majorité des gens qui nous entourent, à cause de tels raisonnements pensent pouvoir dire qu’ils ont un bon cœur.
C’est un leurre aussi vieux que le monde. En essence, c’est ce que les Pharisiens et les gens de l’époque faisaient. Ils pensaient être bons, car ils n’avaient tué personne.
Mais Jésus ramène les pieds sur terre en disant ceci au verset 22 : « … »
J’imagine que les amens ont cessé tout d’un coup, car qui n’était pas coupable de s’être mis en colère au moins une fois pour de mauvaises raisons ?
Tous devant Dieu, nous sommes coupables de temps à autres de ce péché ! Mais il relève la barre et nous met au défit d’aller plus loin, il nous appelle, nous qui voulons faire partie du Royaume des cieux, à être meilleur que ça.
Avant d’aller plus loin, je veux quand même préciser qu’être en colère n’est pas nécessairement un péché en soi. La colère dont Jésus parle ici et qu’il condamne est un certain type de colère.
La colère est une des émotions humaines qui nous a été donnée par Dieu, comme la tristesse ou la joie et elle est nécessaire pour que nous ayons une vie saine et équilibrée. Elle a sa juste place dans nos vies. Tout dépend bien sûr comment nous la manifestons et à quelle occasion nous lui permettons de faire surface.
Jésus a ressenti de la colère lorsqu’il a vu les marchands malhonnêtes qui se trouvaient dans le temple en Jean 2. La bible nous dit qu’il les a chassés du temple.
Jonathan s’est fâché quand il a vu la façon dont son père, Saul traitait David en 1 Samuel 20 :34
Moise s’est fâché lorsqu’il est descendu du Mont Sinaï et a vu le peuple adorer le veau d’or.
Remarquez dans ces trois exemples, pour qui et pourquoi ces hommes de Dieu ressentaient de la colère. Ce n’était pas parce que du mal leur avait été personnellement fait, réfléchissez bien. Dieu n’a pas réprouvé leurs émotions. D’où, nous pouvons lire en Ephésiens 4 :26 : « … »
Certains types de colères sont justifiables. Si nous avons des raisons valables pour nous fâcher aux yeux de Dieu, nous ne sommes pas immoraux, nous ne commettons pas de péché… pour autant que nous ne donnions pas accès au diable.
Où dans la bible trouvons-nous l’exemple d’un homme qui a donné accès au diable dans sa colère ? En Genèse 4 :5. La bible nous dit que Caïn fut très irrité avec son frère et Dieu.
Déjà, c’était de la colère à l’occasion de quelque chose qui n’aurait pas dû le fâcher. Remarquez, il était frustré car personnellement il se sentait lésé. Il n’était pas fâché par le péché en lui, par le fait que quelqu’un était malmené par une injustice autour de lui, il était fâché car il se sentait atteint et attaqué personnellement ? mauvaise raison !
Deuxièmement, dans sa colère, il permit à Satan de rentrer dans son cœur et il commit de mauvaises actions. Sa colère fut destructrice !
Jésus nous appelle aujourd’hui à considérer les raisons de notre colère et la façon dont nous agissons quand nous la ressentons.
Nous mettons-nous en général en colère pour les bonnes raisons ? Sommes-nous des gens facilement irritables ? Car c’est peut-être tout d’abord contre cela que Jésus nous appelle à lutter ?
Voici un petit test pour nous aider à évaluer notre niveau d’irritabilité, prenez un crayon et un bout de papier et préparez-vous à vous noter personnellement sur une échelle de 1 à 10:
Quel est votre niveau d’irritabilité ? Attention à ceux qui totalisent plus de 30 points. Vous risquez d’avoir besoin de mémoriser Jacques ch. 1 : 19 « …Que tout homme soit prompt à écouter, … »
Les paroles de Jésus sont pour vous en particulier aujourd’hui.
Laissez-moi vous dire que les pépins dans la vie sont inévitables. Tout comme les conflits d’ailleurs. Et savoir gérer les frictions sans donner cours à une colère injustifiable aux yeux de Dieu est important.
Ce qui m’amène à mon deuxième point. Pourquoi est-ce important ?
Parce que dans la colère on brise trop facilement des choses.
Avez-vous déjà remarqué combien de choses sont brisées quand on se met en colère ?
Quand j’étais adolescent, une fois mon voisin était si fâché qu’il a brisé une vitre en claquant une porte.
Quand j’étais jeune homme, j’ai cassé des choses qui étaient chères à mes parents dans ma colère.
Quand une jeune fille est fâchée avec son petit ami, elle brise le cadre en verre où se trouve la photo de ce dernier.
Quelqu’un envoie un coup de poing et casse un nez
Le chef d’une région se met en rogne et un traité de paix est brisé
Des mots idiots sont prononcés dans un excès de colère et … un cœur est brisé, … l’unité d’une église est cassée, … ou des liens amicaux et familiaux sont fracturés. ,
La colère ruine tellement de relations. Proverbes 14 :17 dit : « … » La colère est une émotion dangereuse. Un autre problème, c’est qu’elle progresse trop facilement dans nos cœurs. Elle est comme un serpent qui grandit dans l’obscurité attendant son heure.
Jésus parle de cette progression en Matthieu 5 : 22
Il dit d’abord on se met en colère contre son frère, puis on commence à dire des insultes : « celui qui dit Raca à son frère mérite d’être puni par les juges ! »
Qui ici sait ce que Raca veut dire ?
Il est difficile de rendre le mot Raca en français. En fait Raca est un terme Araméen. Il signifie, idiot sans cervelle, demeuré. C’est un mot qu’on utilise quand on commence à regarder quelqu’un avec mépris.
La première étape est donc la colère silencieuse, puis peu à peu elle se manifeste avec des paroles dédaigneuses, des paroles méchantes.
Remarquez dans le texte que Jésus indique un mécontentement accru de Dieu quand la colère progresse ainsi. Celui qui se met en colère mérite d’être puni par les juges, mais celui qui dit Raca, mérite d’être puni par le Sanhédrin, cad. la haute court de justice des juifs. Et ensuite, il y a celui qui mérite le feu de la géhenne. C’est celui qui progresse au troisième stade, c'est-à-dire celui qui finit par dire à l’autre : « Insensé ! »
Là aussi la traduction française ne rend pas justice au texte grec. Littéralement le terme « Moros » signifiait, une personne sans moralité. Quand vous traitiez un homme de « moros », vous ne critiquiez pas ses capacités mentales, vous jetiez des pierres contre son caractère et son intégrité. C’était porter atteinte à son nom, à sa réputation, c’était le marquer comme un débauché.
Jésus dit ici qu’une des choses les plus grave que nous pouvons commettre, c’est de détruire la réputation d’un homme dans notre colère. Celui qui fait ça mérite la Géhenne.
Donc, la colère lorsqu’elle progresse et reste présente dans le cœur finit par ressembler à un meurtre car elle cherche à détruire celui ou celle à qui on en veut.
La colère se change vite en quelque chose de terrible. Elle crée en nous le désir de faire du mal à l’autre que ce soit physiquement, verbalement ou émotionnellement.
D’où ces paroles de Clarence Darrow, un avocat très prestigieux : « La grande majorité de gens sont des meurtriers au fond d’eux-mêmes. Peut-être nous ne tuons personne physiquement, mais nous prenons un malin plaisir lorsque nous lisons les noms de ceux que nous n’aimons pas dans la colonne mortuaire des journaux. »
D’où, aussi les paroles de Paul en Eph. 4 :31 « … »
Si nous avons de la colère qui s’attarde dans notre cœur, alors le péché est dans notre esprit. Et quotidiennement, nous devons nous rappeler que les éruptions colériques qui donnent cours à des mots destructeurs doivent être bannies de nos vies.
Rappelons-nous aussi les dégâts psychologiques que nous pouvons entraîner chez les autres si nous ne faisons pas attention. Ce n’est pas seulement que dans notre colère nous pouvons briser des relations, ou progresser à un point de devenir affreux dans nos mots et nos comportements, c’est aussi que nous pouvons faire de gros dégâts sur des âmes sensibles.
Dans son livre, la zone du pouvoir, le Dr Larry Calvin a écrit un chapitre pour expliquer comment les mots peuvent endommager les gens qui nous entourent.
Il parle dans ce chapitre d’une jeune fille de 25 ans qui un jour est venue à lui pour une consultation. Cette jeune fille faisait 1m65 et elle pesait 45 kg. Quand il lui a demandé de se décrire, voila ce qu’elle a dit : « je sais que je suis grosse »
Alors que le docteur pensait à la mettre sous intraveineuse pour lui redonner des forces et la nourrir correctement, elle se voyait comme étant obèse. Son régime journalier consistait en 3 raisins et une cuillère à café de noisettes et après avoir manger ce peu, elle se sentait l’estomac lourd.
Il raconte qu’en la traitant, il a appris qu’elle avait enduré durant son enfance un abus verbal. Elle se rappelait particulièrement d’un incident qui s’était produit à ses 11 ans. Elle s’était promenée en cachette dans son quartier ce jour là main dans la main avec un garçon. Malheureusement son frère l’avait surprise et il l’avait dénoncée à son père. Quand elle est rentrée ce soir là, son père a commencé à la réprimander en lui disant ceci : « De toute façon, je ne vois pas ce que ce garçon voit en toi. T’es tellement grosse… ! »
Depuis, chaque fois qu’elle se regardait dans un miroir, elle entendait ces paroles dans sa tête et elle voyait une grosse moins que rien.
Mes frères, dans le feu du conflit, nous devons absolument éviter de dire des choses qui endommageront la perception personnelle d’une personne.
Nous autres parents, soyons prudents avec nos mots, quand nous disciplinons nos enfants.
Maris et épouses, soyez prudents lorsque vous vous disputez de ne pas faire du mal verbalement.
Chrétiens, veillez à montrer de la sagesse dans vos paroles avec vos frères et vos sœurs. Des mots dits dans la colère peuvent endommager des relations et causer certains à même abandonner leur foi. (Voir Jacques 1 :26)
Demandons-nous avant de nous mettre en rogne, si nous avons vraiment une raison valable pour nous fâcher. Sinon laissons tomber (Voir Prov. 17 :14 et 19 :11 « … »)
Quelqu’un pourrait se raidir ici et dire : « crois-tu vraiment que je vais aller en enfer pour avoir appelé un tel un idiot ? » Mais parler ainsi, c’est passer totalement à coté de ce que Jésus essayait de dire. Jésus montrait ici par ces paroles que le cœur de son royaume, c’est le cœur sincère de l’amour. Suivre Dieu, c’est avoir un cœur qui place une grande importance dans les relations humaines et les liens affectifs. Suivre Dieu, c’est tellement plus que vivre par les lois du minimum et dire : « Et bien voila, je n’ai jamais tué qui que ce soit, ou je n’ai jamais insulté une seule personne ! » C’est bien, mais aimes-tu ton prochain ? Ton cœur voit-il les autres comme étant importants ?
Aimons d’avantage ! Et alors nous pourrons dire les choses gentiment.
Et ma foi, apprenons à pardonner. (Voir Marc 11 :25) Nous en reparlerons bientôt de ce pardon. Mais la vraie façon de surmonter, tôt ou tard, quand quelqu’un m’aura vraiment fait du mal, ce sera de toute façon en remettant toutes choses à Dieu par la prière. Lui et lui seul pourra enlever les mauvaises pensées de notre cœur.
Il y aurait encore tellement de choses à dire, mais je n’ai plus le temps.
Je termine avec une remarque qui a été dite à la télé, il n’y a pas si longtemps.
C’était au cours d’une émission qui s’appelait : « Survivants » (20 personnes étaient déposées sur une île, sans provision et devaient s’organiser en équipe pour survivre. Chaque semaine un candidat était choisi et éliminer par les participants. Le dernier était le gagnant.)
Dans l’émission en question où la remarque a été faite, une jeune femme très débrouillarde et très capable venait de se faire éliminer. C’était étonnant parce qu’en un sens elle connaissait plein de choses et elle pouvait vraiment contribuer à la survie.
Mais cette semaine là toute son équipe avait décidé de la voir partir et tous avaient voté contre elle. Pourquoi ? Parce qu’elle ne pouvait pas s’entendre avec les autres. Elle était arrogante, irritable et rancunière.
Dans son interview de départ, elle a dit ceci : « Je suis confuse. Il me semble que les capacités et les connaissances ne comptent pas pour grand-chose auprès de ces gens ! »
Elle avait absolument raison. La connaissance et les capacités importent peu dans le monde réel, si nous ne pouvons pas nous entendre avec les autres qui nous entourent.
Alors Jésus nous appelle à une vie abondante. Et cette vie abondante, il nous dit commence par l’amour véritable de son prochain et le contrôle de nos accès de colère.
Sommes-nous colériques aujourd’hui ? Qu’est-ce qui titille votre mèche ? La colère est peut-être le signal que quelque chose se trame dans nos cœurs qui demande notre attention.