La ballade des gens heureux(Mt 5.38-40)

Série: Sermon sur la montagne

Introduction:

Je voudrais vous faire une pause aujourd’hui pour vous parler un peu du bonheur. Qu’est-ce que le bonheur? Nous le recherchons tous, n’est-ce pas? C’est au fond le but de toutes nos actions. Mais en quoi consiste-t-il? Est-ce trouver l’homme de sa vie, avoir le job de ses rêves ou avoir les meilleurs amis au monde? Est-ce réussir en politique, être respecté de tous, gagner le gros lot au loto? C’est ce que le monde voudrait nous faire croire. Mais le bonheur est un état d’esprit, un état de satisfaction, qui ne laisse pas de place pour l’inquiétude et Jésus enseignait qu’au fond, il n’est pas dépendant des circonstances de notre vie. Vous pouvez avoir tout l’argent du monde et malgré tout être insatisfait et à l’inverse, vous pouvez être l’homme le plus pauvre au monde et être heureux. Vous pouvez avoir une santé de fer, un travail en or, une famille extraordinaire et malgré tout avoir envie d’en finir avec votre vie. À l’inverse, certains sont gravement malades, sont orphelins et n’ont pas de travail, mais ils sont tout de même contents d’exister. Jésus savait tout cela. Il avait des choses profondes à dire à ce sujet. C’est pour cela que les gens se déplaçaient par milliers pour venir l’entendre. Prenez par exemple, le sermon qu’il a donné sur la montagne. Qu’a-t-il dit? « Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement? Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux? » Mt 6.25-26. C’est profond n’est-ce pas? Et tout son message tournait autour de ce thème: « Comment trouver le vrai bonheur? » Il disait des choses inédites. Par exemple qu’il pouvait y avoir de la joie dans l’oubli de sa personne, dans l’oubli de ses droits. On pourrait paraphraser une grande partie de ses paroles en disant qu’il enseignait qu’un homme concentré sur lui-même faisait un bien petit paquet, qu’il avait un bien petit impact sur les autres. Il appelait les gens à se donner entièrement, à se concentrer sur les autres, à ne pas trop penser à eux-mêmes… y compris dans les situations où ils étaient agressés, aux injustices et aux dénigrements! Voyons cela en lisant ses paroles en Matthieu 5.38

I. Face aux agressions :

« Vous avez appris qu’il a été dit: « OEil pour oeil et dent pour dent. »

Jésus commence donc à rappeler à la foule, ce qu’ils ont appris depuis leur naissance. Il leur parle de la loi du talion qui avait été donnée par Moïse en Exode 21.24. Si un Juif tuait volontairement, il était tué. Si un Juif blessait volontairement quelqu’un, il était blessé de la même façon. Il faut savoir que cette loi n’était pas faite pour être cruelle. Son but était de protéger. Mais le problème était qu’elle n’aidait pas les gens à aimer les autres. Le fait que je ne te fasse pas de mal, parce que la loi me l’interdit, ne veut pas dire que je t’aime Nicolas. Je peux cacher mes sentiments dans mon coeur et aucun magistrat humain ne pourra jamais me condamner, si je te déteste. Mais Jésus voulait qu’on aille plus loin que ne pas faire de mal. C’est juste un premier pas.

Au verset 39, Jésus ajoute: « Si quelqu’un te frappe la joue droite... »

Savez-vous que c’était une des pires insultes pour un Juif. Une seule chose était comparable: cracher au visage! Et Jésus dit: « Si quelqu’un te fait ça, te frappe la joue droite, tend la joue gauche. » En d’autres mots, pardonne! C’est dur! Ça veut dire refuser de laisser entrer la haine ou une colère aveugle dans mon coeur coeur. Il n’y a qu’une solution pour arriver à faire cela. C’est d’avoir un coeur tellement rempli d’amour qu’il n’y a pas de place pour des sentiments négatifs ou pour les noyer s’ils y rentrent. Il n’y a que Dieu qui peut mettre de l’amour ainsi en nous. Je me rappelle quand j’avais 18 ans, ce qui s’est passé un jour à Verviers. J’ai craché au visage d’un homme tellement j’étais fâché sur lui. Mais il m’a pardonné. Il ne m’en a jamais tenu rigueur. Idem avec Candice qui nous disait: « Je vous déteste! » lorsqu’elle est arrivée chez nous en famille d’accueil. On ne peut pas aimer naturellement tout le monde comme ses enfants. Mais on peut aimer Dieu. Et si on aime Dieu et si on vit avec lui, alors il déverse en nous son amour pour les autres et il n’y a plus de place dans notre coeur pour la rancune et la vengeance. Je pense que c’est pour cette raison que Jésus a pu pardonné à ceux qui l’ont cloué à la croix. Regardez le contenu de sa prière en Matthieu 26.67: « ... ». Si l’amour de Dieu remplit ainsi notre coeur, nous pourrons avoir de la joie malgré les agressions et même face aux injustices.

II. Face aux injustices:

Regardez ce que Jésus dit ensuite au verset 40: « ... »

C’est dur de comprendre ce dont Jésus parlait ici parce que nous vivons à une époque ou les vêtements ne coûtent pas chers et nous en avons plein les armoires. Tu veux ma veste? Tiens la voilà! Ce n’est pas grave, j’en ai 4 autres. Mais à cette époque, les gens n’avaient pas 36 vêtements. Ils possédaient pour la plupart juste quelques tuniques et un manteau. La tunique était une longue robe assez simple et peu onéreuse. Même le pauvre en avait deux. Mais le manteau était cher, très cher. C’était un vêtement qui ressemblait à une grande couverture. On le portait sur les épaules et la nuit, c’était ce que les gens utilisaient en dormant pour se couvrir et rester au chaud. Les pauvres sans abris n’avaient que ça pour lutter contre le froid. Et Dieu était très soucieux de cette couverture du pauvre. Regardez en Exode 22.26-27: « ... ». Et pourtant Jésus vient et dit: « Si quelqu’un veut te prendre injustement ta tunique, donne lui aussi ton manteau. » C’est surprenant, n’est-ce pas? Si quelqu’un vient chez toi et veut te prendre injustement tes meubles Alex, donnerais-tu aussi ta maison? Ce que Jésus enseigne ici, c’est qu’il ne faut pas se tracasser, même si ça arrive. Dieu va pourvoir. C’est Dieu qui va régler le problème.

Un chrétien ne devrait pas penser à ses droits, mais à ses devoirs. Un chrétien ne doit pas se tracasser de ses privilèges, mais plutôt de ses responsabilités. Voilà comment mettre en pratique ce passage ou celui en 1 Corinthiens 6.7. Il y avait pendant des années une dame qui campait devant le palais des droits de l’homme, protestant pour tout ce qu’on lui avait enlevé. Ça n’a servi à rien. Elle a perdu son temps. Elle aurait été beaucoup plus heureuse si elle avait compris et suivi les enseignements de Jésus, n’est-ce pas? Jésus dit qu’on peut avoir le bonheur même quand on fait face à des agressions, à des injustices ou à des obligations pénibles.

III. Face aux obligations pénibles:

Regardez au verset 41. Il dit: « ... »

De quoi Jésus parle-t-il ici? D’une loi romaine. Vous voyez les Romains étaient très intelligents. Quand ils conquéraient un peuple ou un nouveau pays, ils adoptaient ce qu’il y a avait de bien dans ce pays. Ainsi en acquérant le royaume Perse, ils apprirent comment utiliser les vaincus pour les aider dans leurs tâches difficiles. Tout ce qui était pénible ou trop fatiguant pour eux, ils forçaient les autres à le faire pour eux. Du coup, les Romains avaient cette loi. Tout romain, en déplacement, pouvait utiliser ceux qu’ils rencontraient pour porter ses bagages. Mais seulement pour 1 km. Quand ils conquirent la Palestine en l’an 100 ACN, ils la mirent en pratique. Vous pouvez vous imaginer la réaction des Juifs. Eux qui étaient fiers et qui se prenaient pour un peuple supérieur. Un citoyen romain pouvait arrêter n’importe qui dans sa tâche et lui ordonner de porter ses baluchons. Quelle humiliation! Et plus les Juifs s’indignaient, plus ils se plaignaient et le plus ça amusait les Romains qui en rajoutaient et prenaient du plaisir à appliquer la loi. Jésus s’aventure donc sur un terrain miné. Il traite un sujet délicat. Il dit: Si quelqu’un te force à faire 1 km, fais en 2. « FAIRE 2 KM? » Exactement! Le principe que Jésus met en place ici est très simple. Le voici: « FAIS TOUJOURS PLUS QUE CE QUI T’EST DEMANDÉ! » Un chrétien doit faire plus que le strict minimum quand on attend quelque chose de lui.

Parlons un peu de juste faire le minimum. Nous vivons dans un monde où les gens font souvent le minimum, que ce soit les commerçants dans les magasins ou le personnel à l’accueil dans les hôtels ou les fonctionnaires en préfecture. Cette tendance à faire le minimum se développe très tôt. En général, elle se développe déjà chez les enfants quand leurs parents leur demandent de l’aide ou lorsqu’il faut faire les devoirs à l’école. Puis ça continue quand on obtient un travail ou qu’on ouvre un commerce. On donne le minimum aux gens pour un maximum d’argent. Mais Jésus nous appelle à faire plus que ça. Il nous dit: « Va au-delà de ce qui est requis de toi! Fais le deuxième km ».

Aujourd’hui le titre de mon sermon est la ballade (jeu de mots) des gens heureux. Vous connaissez la chanson de Gérard Lenorman? « Je viens te chanter » quoi? La ballade des gens heureux! Jésus prêche ici sur la ballade des gens heureux. Ce n’est pas la ballade faite uniquement au soleil dans un beau sentier boisé. Non, c’est la ballade où celui qui est forcé de marcher décide de faire un kilomètre de plus. Pourquoi? Parce que le 2e km est le km miraculeux. Il change tout. Je vois trois transformations qu’il amène:

  1. Premièrement il change notre attitude et notre vision des choses.

  2. Il nous permet de nous démarquer des autres dans la foi ou au travail.

    Savez-vous que tous ceux qui sont parvenus à monter les échelons, à acquérir de grandes fortunes, l’ont fait en marchant 2km plutôt qu’un. Kimmer Wilson, le fondateur de la chaîne d’hôtels Holiday In, le disait bien. Quand on lui demandait comment il était parvenu à faire ce qu’il avait fait, il répondait ainsi: « Il suffit de travailler une demi journée quand il faut aller au travail. Peu importe si vous choisissez les 12 premières heures ou les 12 dernières. » Je ne dis pas aujourd’hui qu’il faut être un addict du travail et négliger sa famille et l’église. Mais il y a un principe qui s’applique aussi au monde spirituel. Beaucoup de chrétiens disent: « Voilà, j’ai lui ma bible 5 minutes. J’ai accompli mon obligation aujourd’hui, maintenant plus besoin de penser à ça. Passons à autre chose! » Ce n’est pas ainsi qu’ils vont grandir dans la foi! Ils ne comprennent pas que si on fait un minimum par obligation uniquement, ça n’apporte pas un changement durable dans le coeur. Il faut lire sa bible par amour pour grandir, chercher à comprendre quand on ne comprend pas, à faire des liens avec d’autres passages. Pour cela il faut investir du temps. Henri Ford, l’homme qui a construit les usines automobiles de ce même nom, était un excentrique. Mais il avait compris ce principe de faire plus que le minimum. Il excellait dans ses initiatives. Il aimait reprendre des compagnies au bord de la faillite et les redresser. Un jour, il racheta les usines de la marque Lincoln. Lincoln perdait des millions chaque jour à l’époque. Soupçonnant savoir le problème, il fit couper un arbre, puis il le dégarnit et dans la nuit, fit mettre le tronc et plusieurs grosses branches dans le hall d’entrée de la maison mère de Lincoln, juste devant les ascenseurs. Puis il fit placer des caméras pour observer et partit. Le lendemain les employés vinrent et se contentèrent d’enjamber le tronc et les branches. Ils se demandaient pourquoi le tronc était là, ils se disaient que quelqu’un devrait le bouger, mais tous pensaient que ce n’était pas leur travail et qu’ils n’étaient pas payé pour ça. Tout ceci dura trois semaines, sans que personne ne bouge le tronc ou les branches. Au bout des trois semaines, Henri Ford convoqua donc tous les employés à une réunion exceptionnelle. Il leur dit ceci: « Il y a trois semaines, j’ai mis un arbre et des branches devant les ascenseurs pour observer votre attitude. Vous avez tous enjambé les branches mais personne n’a levé un petit doigt pour les bouger. Aucun n’a eu l’initiative d’appeler pour voir pourquoi cet arbre était là et le faire enlever. Je sais à présent quel est le problème de votre compagnie. Vous êtes tous congédiés! » Il les vira tous et les remplaça par des gens qui faisaient le 2e km. C’est ainsi qu’il redressa la compagnie. Vous voyez le 2km ne change pas seulement votre attitude. Il vous permet aussi de conquérir le monde spirituel ou matériel.

  3. Il transforme nos relations et ouvre des portes pour l’évangélisation.

    À votre avis, quel était l’impact d’un homme qui disait à un soldat romain: « C’est bon, mais un jour je t’aurais! » Par contre si un chrétien faisait le premier km et vers la fin disait: « Dis-moi où tu vas? Es-tu dans l’armée depuis longtemps? », une conversation polie s’instaurait. Puis au poteau (parce que les Juifs plantaient toujours des poteaux pour ne pas aller plus loin), le chrétien disait: « Écoute, il y a une fontaine à 750 mètres d’ici. Je t’accompagne et je t’aide encore sur cette distance, on pourra ensuite s’y désaltérer ensemble. » À votre avis, quel impact est-ce que ça devait avoir? Le soldat était probablement intrigué. Il demandait probablement pourquoi cette attitude. Et le chrétien avait une ouverture pour parler de Jésus. Comment le monde serait-il si nous agissions tous ainsi? Meilleur? Y aurait-il plus de joie?

Conclusion:

Oui, Jésus parle ici de la ballade des gens heureux. Il dit que celui qui veut le bonheur doit apprendre à placer sa confiance en Dieu, même face aux agressions, aux injustices ou aux obligations pénibles. La solution pour être heureux est d’aimer Dieu et de laisser son amour abonder en nous. C’est ce que Jésus a fait et regardez aujourd’hui le résultat de son oeuvre. Prions: « ... »