Avant de lire le texte, je voudrais faire un petit rappel du contexte. Puisque Paul parle en 1 Cor. 16.8 de sa présence à Éphèse lorsqu’il écrit la lettre, nous savons que cette dernière date de l’an 55 ap. J-C (il resta à Éphèse jusqu’au printemps de 55). Ceci nous permet de donner un contexte historique assez précis aux problèmes des Corinthiens. Je vais vous en parler dans un instant.
Nous avons vu aussi des choses sur la nature de l’église. Vous souvenez-vous de qui elle était composée? De Juifs et de Grecs. Voir Actes 18.1-17 (remarquez le contexte – les juifs ont été chassés de Rome, à cause de conflits relatifs au christianisme. Donc le christianisme et le judaïsme ont la défaveur de l’empereur et du peuple. Des Juifs et des Grecs sont persuadés par les discours de Paul, selon le v. 4. Crispus, le chef de la synagogue se convertit, ainsi que Sosthène, voir 1 Cor. 1.3. Il est devient un compagnon de Paul. Mais il encoure aussi la foudre de ses patriotes). Il est important de souligner que l’église est mélange de différentes ethnies. Ce qui implique des conflits culturels, mais aussi des divergences de croyances, de pensées…
Pourquoi Paul a-t-il jugé nécessaire d’écrire la lettre de 1 Corinthiens? Pour deux raisons. Ça lettre va être structurée en conséquence. Des gens de la maison d’un certain Chloé, lui ont rendu visite et l’ont informé que l’église est affaiblie par des divisions. Il y a des conflits internes sur de multiples sujets. Du chapitre 1 à 6, Paul, qui est profondément déçu, va leur dire que Christ ne doit pas être divisé. Ils doivent exalter Christ et non un homme particulier. Il doivent faire preuve de spiritualité et non d’immaturité, d’un esprit charnel et d’égoïsme.
Puis dans une seconde section, qui va du chapitre 7 à 16, il va répondre à plusieurs questions que les Chrétiens de Corinthe viennent de lui remettre. Ces questions vont inclure diverses sujets comme: le mariage, le divorce, les viandes sacrifiées et la participation aux fêtes païennes, la tenue vestimentaire décente pour une femme, sa position exacte dans le plan de Dieu, le repas du Seigneur, les dons spirituels, la résurrection, la collecte. Ce serait chouette, si nous pouvions écrire à un apôtre et recevoir des réponses comme ils en reçurent, n’est-ce pas? Je vous fais remarquer au passage que les dons spirituels de prophétie, de connaissance ne leur permettaient pas de trancher sur tout. Au final la connaissance que leur procuraient ces dons était quand même imparfaite. Les premiers chrétiens n’avaient qu’une connaissance partielle de la volonté divine en l’absence des apôtres.
Lisons à présent le chapitre 7.1-9 et 25 à 38: « ... »
I. Le contexte de 1 Corinthiens 7: Le mariage avait perdu sa valeur
Dans le chapitre que nous étudions aujourd’hui, Paul parle du mariage et du divorce. Pourquoi? Quelles circonstances (historiques et/ou culturelles) causent des problèmes à ce sujet dans l’église?
Premièrement, la ville de Corinthe était la capitale du vice. (Aristophane, nous laisse savoir dans ses écrits, que lorsqu’on voulait désigner une femme comme une prostituée, on ne disait pas une pute, mais une femme de Corinthe. Les anciens utilisaient aussi le verbe Corinthianiser, pour désigner la pratique de l’immoralité).
L’immoralité de Corinthe avait bien sûr un impact sur la cellule familiale et l’idéologie des gens. À Corinthe, comme dans le reste de l’empire, les divorces étaient fréquents.
Il est intéressant de savoir que les romains blâmaient Corinthe pour l’éclatement de la cellule familiale en Italie. Ils disaient la maladie du divorce s’étaient répandue chez eux parce que le général Mummius et ses troupes avaient été contaminés et l’avaient ramenée avec eux, après avoir conquis Corinthe en 146 avant Jésus-Christ.
En conséquence, Sénèque disait que les femmes romaines se mariaient pour pouvoir se divorcer et se divorçaient pour pouvoir se marier. Elles utilisaient comme point de repère dans le temps, non plus les empereurs de Rome, mais leurs différents maris. (« Cette chose est arrivée quand j ‘étais marié à un tel ou un tel… »). Les romains avaient donc un dégoût pour le mariage, puisqu’il n’y avait plus aucun tabou contre le divorce. Pourquoi se marier, si de toute façon un couple est voué au divorce quelques mois ou quelques années plus tard? Mais cette attitude libérale par rapport au mariage, ils la devaient aux Grecs. Il y avait donc de moins en moins de païens qui se voulaient se marier. Qui pense que la bible n’a aucun rapport avec la réalité d’aujourd’hui?
À l’opposé, les Juifs restaient traditionnels dans leur façon de voir les choses. Même si certains suivaient l’exemple du monde, les plus engagés voyaient le mariage comme un acte sacré. Pourquoi? Parce qu’en Genèse 2.18, Dieu avait dit: « ... ».
Il n’était donc pas bon pour l’homme d’être seul. Les rabbins enseignaient que pour être un homme complet et entier, il fallait être uni à une épouse, car en Genèse 5.2 disait: « Dieu créa l’homme et la femme, il les bénit, et il les appela du nom d’homme ». Puisque Dieu avait donné l’ordre de peupler la terre en Genèse 1.28, ils encourageaient les hommes et les femmes à se marier très, très jeunes, puisque plus on est jeune, plus on est fécond. Les pères mariaient leurs filles à l’âge de 12, 13 ans et poussaient leur fils à le faire aux environs de 18 ans. Les docteurs de la loi enseignaient avec zèle qu’un homme, qui atteignait l’âge de 20 ans sans être marié, transgressait la loi de Dieu.
Comprenez-vous en entendant cela pourquoi les convictions des Juifs se heurtaient à celles des grecs? Pas pour rien que les membres de l’église étaient divisés sur ce sujet. Ces deux points de vue divergents ne devaient pas être facile à concilier. Mais en plus, il y avait d’autres opinions assez extrêmes dans les deux camps.
Alors quels étaient les autres points de vue sur le mariage? Certaines écoles de philosophie enseignaient que le monde physique était mauvais. Par exemple, les disciples de Platon méprisaient le corps, ses besoins et tout ce qui y était connecté. Certains parmi eux encourageaient donc ceux qui voulaient préserver leur pureté à opter pour le célibat. Mais, ils n’étaient pas aussi extrémistes dans leurs enseignements que les disciples de Pythagore. Les disciples de Pythagore interdisaient carrément les relations sexuelles.
Chez les Juifs, il y avait aussi des mouvements plus extrêmes, comme par exemple les Esséniens. Les Esséniens voulaient à tout prix vivre pour Dieu sans se souiller. Ils essayaient d’atteindre la pureté suprême. À cause de versets comme ceux d’Exode 19.15 où Dieu avait commandé aux Israélites de s’abstenir de toutes relations sexuelles avant de s’approcher de Lui, les Esséniens refusaient de se marier pour ne pas se rendre impurs. Il faut savoir que dans l’Ancien Testament, les prêtres non plus n’avaient pas le droit d’approcher une femme lorsque c’était leur tour de servir au temple.
Grâce à Josèphe Flavius (Ant. 18.6.6), nous savons aussi que les Juifs estimaient énormément les veufs ou veuves qui choisissaient de ne pas se remarier, après la mort de leur partenaire. Au 4ième siècle, Jérôme enseignait, comme beaucoup d’autres, que le remariage après la mort du conjoint était un adultère, même si la société l’acceptait.
Certains Chrétiens regardaient donc le mariage comme une marque de faiblesse. C’était parfois renforcé par une mauvaise compréhension de certains passages du Nouveau Testament. Quels passages prêtaient à confusion pour eux? Premièrement, celui où Jésus avait dit qu’au ciel, les hommes ne se marient pas (Luc 20.30-36). Deuxièmement, il y avait 2 Cor. 11.2 où les apôtres parlaient de l’église comme d’une vierge promise à Christ. Troisièmement, Apocalypse 14.4 était aussi un problème pour certains: « … » Dans ce verset, remarquez qui trouve une place au ciel. Ce sont ceux qui ne set sont pas souillés avec des femmes. Ce passage ne condamne pas ceux qui ont des relations sexuelles dans le cadre du mariage, mais certains des premiers chrétiens ne le comprenaient pas.
II. Explication du texte :
Sachant tout ceci, allons à présent voir de nouveau le chapitre 7. Paul dit ceci au verset 1: « ... »
Qu’est-ce que Paul veut dire en parlant de ne pas toucher de femme? Il veut dire qu’il est bon pour l’homme de ne pas se marier, car seul le mariage offre au chrétien la possibilité d’avoir de relations sexuelles légitimes aux yeux de Dieu. Il ajoute d’ailleurs au verset 7, qu’il voudrait que chaque homme soit comme lui. Or quelle était la condition familiale de Paul? Il était célibataire. Et il considérait cela comme un don de Dieu.
C’est intéressant n’est-ce pas, car comment considérons-nous le célibat, comme une malchance ou une bénédiction? Comme une malchance. Nous voyons souvent les célibataires comme des hommes ou des femmes que Dieu n’a pas vraiment bénis.
Pourquoi voyons-nous le célibat d’un œil si négatif? Serait-ce à cause de l’influence du monde autour de nous? Dans tous les films celui qui est chanceux est celui qui a une petite amie. Dans les chansons, le malheureux, le déprimé, c’est toujours celui qui vit seul. Il y a une pression folle de la part de la société. Quand un jeune de 20 ou 30 ans visite la famille, quelle est la première question qu’on lui pose? « As-tu trouvé une petite amie? Oh pas encore !!! Nous ressemblons aux juifs en ce qui concerne l’éducation que nous donnons à nos enfants. Nous considérons qu’il n’est pas bon que l’homme soit seul.
Mais Paul s’oppose à cette philosophie en 1 Corinthiens 7. Il dit: Je voudrais que tous soient comme moi. Il n’est pas bon pour l’homme de toucher une femme. Se pourrait-il qu’il ait raison? Est-il meilleur pour l’homme d’être seul? Et si oui, en quoi? N’est-ce pas une contradiction avec les enseignements de Moïse? À première vue oui. Il faut donc creuser un peu pour comprendre, car Dieu ne se contredit jamais.
En examinant le texte, nous voyons que Paul donne deux raisons pour justifier ses propos. Premièrement, regardez ce qu’il dit aux versets 26-31: « ... » Il dit qu’il est avantageux d’être célibataire à cause des temps difficiles qui s’approchent. De quoi Paul parlait-il? Regardez en Hébreux 10.32-36: « ... » et Apocalypse 2.9-10: « … ». Paul parlait des persécutions. Le contexte des persécutions est éprouvant pour un chrétien. Idem lors de catastrophes naturelles, de guerres, de famines, etc. Or, que disait Jésus à ce sujet en Marc 13. 6-19? Lisons ensemble ce passage: « ... ». Il est difficile de rester fidèle à l’appel du Seigneur quand la vie de notre femme ou celles de nos enfants est menacée à cause de notre foi. Lightfoot a dit un jour: « Un homme qui a tout pour être un héro devient facilement un lâche en réalisant qu’avec ses choix, il va laisser derrière lui une veuve et des orphelins. »
Deuxièmement, Paul dit ceci aux versets 32 à 35: « ... » Selon lui, le fait d’être célibataire offrait la possibilité de se donner plus entièrement à Dieu. Est-ce que ça aurait été facile pour Paul de voyager comme il le faisait avec une famille pour prêcher l’évangile? Non. À cause des risques qu’il encourait et du temps que ça prenait, non. S’il avait eu des enfants il aurait probablement été coincé avec des responsabilités à la maison. Il n’aurait pas pu faire le tour du monde comme il le faisait. Le fait d’être célibataire lui permettait de se dédier entièrement au Seigneur.
Je dis souvent aux jeunes gens de profiter du stade de la vie où ils sont seuls pour se rapprocher de Dieu, grandir dans leur foi, participer à des campagnes d’évangélisation. C’est un moment privilégié de liberté pour mettre le Seigneur en premier. Savez-vous combien de chrétiens aimeraient arrêter leur travail et aller passer deux ou trois ans dans une école de théologie pour devenir prédicateur? Beaucoup le voudraient, mais ne le peuvent parce qu’ils sont mariés et doivent pourvoir aux besoins d’une famille. Certains ne le peuvent pas aussi parce que leurs conjoints n’ont pas les mêmes priorités. Pareillement, de nombreux chrétiens ne peuvent pas partir en campagne ou même donner à la collecte pour le Seigneur parce que leurs conjoints ne sont pas croyants.
J’aime ce qu’un auteur dit aussi dans un livre que j’ai utilisé pour préparer cette leçon. Il dit qu’il est dur pour une épouse de trouver le temps d’être dans sa bible quand, après une journée de travail éreintante, elle rentre et doit faire les devoirs avec les enfants, puis la lessive, le repassage, nettoyer la maison, faire à manger, puis la vaisselle et enfin s’occuper de son mari. Ça lui laisse très peu de temps pour se recueillir avec Dieu. C’est vrai aussi pour un homme. C’est pourquoi souvent et ironiquement, vous trouverez des personnes mariées qui rêvent d’être célibataires à nouveau, alors que les célibataires rêvent d’être mariés. Nous ne sommes jamais contents ! Pourquoi ne pas plutôt apprécier et profiter des circonstances dans lesquelles Dieu nous place?
Si nous sommes mariés, il y a certains avantages et si nous sommes célibataires, il y en a d’autres. Mais nous devons voir chaque période comme un cadeau de Dieu. Il ne faut pas cracher sur ce qu’il nous offre à un moment donné. Nous sommes parfois pire que des enfants qui font des scènes parce qu’ils n’ont pas reçu un jouet qu’ils voulaient vraiment, alors qu’il y avait plein de choses sous le sapin pour eux. Comment Dieu se sent-il quand nous refusons avec dédain ce qu’il nous offre dans son amour? Lorsque nous sommes ingrats et insatisfaits de notre condition de célibataire, nous finissons par ressembler à un homme qui attend en permanence sur le quai d’une gare le prochain train qui amènera sa princesse. Et à cause de cette idée obsessionnelle, cet homme ne sort plus pour profiter de la vie qui bat son plein au dehors. Au final, il rate tous les plaisirs et toutes les joies de la vie. Et puis il devient tellement pressé qu’il saute sur la première venue, sans beaucoup réfléchir, sans discerner. Puis que se passe-t-il au bout de quelques mois, quand on va trop vite? On commence à regretter et on finit par rester assis, désespéré dans le living, à espérer pouvoir retrouver la liberté qu’on avait avant.
Chaque étape est un cadeau de Dieu. Aujourd’hui, si vous êtes seuls, c’est parce que Dieu le veut. Ne le regrettez pas. Ne commettez pas l’erreur de penser que l’herbe est plus verte dans le pré du voisin. Ce serait une erreur !
Conclusion:
En conclusion, est-il bon pour l’homme de ne pas toucher de femme? Absolument dans certaines situations ! Dans des circonstances moins dangereuses, ça peut aussi présenter des avantages. Celui qui n’a pas de conjoint sera plus libre. Il ne souffrira jamais d’un divorce non plus, à cause de l’infidélité d’un conjoint.
Jésus avait-il une femme? Non. Pourquoi? Parce que il voulait entièrement se dévouer à Dieu. Voulez-vous entièrement vous dévouer à Dieu aujourd’hui? Alors le célibat est préférable, si vous êtes fait pour cela, car tous n’ont pas le don. Nous y reviendrons.
Prions ensemble: « ... »