Introduction :
Si vous avez une bible veuillez l’ouvrir en Romains chapitre 5, au verset 12. Nous abordons aujourd’hui un des passages des plus difficiles à comprendre dans la bible. Oh comme il est tentant quand je prépare mes sermons de parfois sauter certaines sections dans les Écritures ! Je me demande parfois si quelqu’un le remarquerait, qu’en pensez-vous ? Mais ce ne serait pas honnête envers Dieu, ni sympa envers vous, car tôt ou tard vous aurez des personnes qui vous poseront des questions sur ces passages, si vous évangéliser bien sûr et vous devrez apporter des réponses. Puis je suis persuadé que
plusieurs lisent leur bible régulièrement et se demandent ce que certains versets signifient, comment ils peuvent les réconcilier au reste des enseignements de la Parole. Je vais donc être gentil et traiter cette section du texte qui est un casse-dents pour beaucoup. Au cas où vous ne me croyez pas, je cite quelques théologiens sur la question. Richard Rogers dit : « ce passage est considéré par quelques-uns comme le passage le plus ardu de toute l’Écriture ». Douglas J Moo note que « chaque mot, même chaque signe de ponctuation devient l’objet d’une intense controverse dans ces quelques versets de Romains 5 ». Moses E. Lard l’appelle l’un des passages les plus difficiles de la lettre. Plusieurs raisons pour cela :
Paul compare ici deux hommes qui ont eu un impact sur le monde. Le premier est Adam, père de tous les vivants, le second est Jésus, chef de l’église. Dans le verset 12, il dit : « C’est pourquoi, comme par un seul homme ». « C’est pourquoi » lie une pensée antérieure avec ce qui vient. Quelle pensée antérieure Paul relie-t-il à notre passage ? Peut-être est-ce celle exprimée dans les derniers mots du verset 11, ou alors tout ce qu’il a déjà écrit depuis le début de la lettre, sur la condamnation et la justification. Cette possibilité me plaît, car dans ce cas on peut dire que Paul identifie la source du péché, de la condamnation en parlant d’Adam, puis qu’il identifie la source de la justification comme étant Christ.
Il se pourrait qu’en écrivant ces mots, Paul ressentait le besoin de répondre à des Juifs, qui trouvaient ridicule la pensée qu’un seul homme ait pu donner le salut à toute l’humanité. Mais en amenant Adam sur le tapis, Paul leur montre qu’ils acceptent ce principe en sens inverse avec le péché. Alors pourquoi le salut ne fonctionnerait-il pas selon le même modèle ?
I. Le péché vint dans le monde par l’homme
Lorsque Paul dit ensuite: « par un seul homme le péché est entré dans le monde », qui a-t-il en tête ? Selon le verset 14, Adam. Pour les Juifs ce point était logique. Mais je vous pose cette question : qui a péché en premier après la création ? Était-ce Ève ou Adam ? Genèse 3.6 dit que la femme mangea en premier le fruit défendu. 1 Timothée 2.14 dit qu’elle fut la première séduite. Néanmoins selon Romains 5 et 1 Corinthiens 15.21 disent que le péché est venu par l’homme. Comment réconciliez-vous ces passages ? L’astuce c’est de comprendre à qui Dieu donna le commandement de ne pas manger le fruit. Genèse 2.15 à 17 dit que ce fut à qui, à l’homme ou à la femme ou aux deux ? À l’homme. Il semblerait que lorsqu’Ève prit le fruit, Adam était présent et ne lui dit rien. Il ne l’arrêta pas. Il ne joua pas son rôle de chef de famille et de guide spirituel. Il pécha donc en premier. Eve prit le fruit parce qu’elle fut trompée, mais Adam le prit en pleine connaissance de cause. Et le péché entra donc dans le monde.
Mais attention, le péché existait-il déjà avant cet incident ? Oui, puisque Satan était déjà en rébellion contre Dieu. Il semblerait qu’un vent de révolte avait déjà soufflé au ciel (2 Pierre 2.4), mais le péché était confiné au domaine céleste. Lorsqu’Adam pécha, le péché entra dans le monde terrestre. Quelles furent les conséquences de la chute selon Romains 5.12 ? La mort fit son apparition. Paul utilise ce mot thanatos (qui signifie mort) environ 30 fois dans l’épître.
II. La mort vint avec le péché
Que peut-on dire au sujet de ce mot ? Qu’il comporte toujours l’idée de séparation. Pensez aux significations possibles de la séparation. La mort c’est d’abord le moment où l’âme est séparée du corps. (Jacques 2.26 et histoire de Jésus concernant Lazare). Mais il y a aussi la mort spirituelle. La mort spirituelle, c’est lorsque la communion entre l’homme et Dieu est brisée et lorsqu’on se retrouve sur la berge opposée de notre Père céleste. Esaïe parle de ce concept au ch. 59.1-2 et Paul en Éph. 2.1. Lorsque viendra la fin du monde il y aura aussi la seconde mort qui consistera en la séparation éternelle des méchants d’avec Dieu (2 Thess. 1.9 et Apo 20.6, 14) Paul utilise aussi une forme du mot mort dans d’autres contextes pour exprimer cette idée de séparation. Par exemple en Romains 6.2, il dit que les chrétiens sont morts au péché. Au chapitre 7.4-6, il dit qu’ils sont morts à la loi de Moïse.
Laquelle de ces morts Dieu avait-il à l’esprit en mettant Adam en garde qu’il mourrait s’il mangeait du fruit défendu (en Genèse 2.17) ? Je pense qu’il avait à l’esprit une séparation spirituelle, mais aussi physique de l’âme et du corps (parce que Jésus dut souffrir la mort physique). En d’autres termes, si Adam n’avait pas péché il aurait pu vivre éternellement sur terre dans son paradis. « Comment aurait-il été possible que son corps ne se détériore pas ?", vous me dites. Grâce à l’accès à l’arbre de vie, qui lui aurait rendu la santé en cas de problème physique. Mais Adam pécha et lorsque le péché vint, la mort fit également son entrée. Paul ajoute à la fin du verset 12, parce que tous ont péché. Soulignez bien ces mots, parce que tous ont péché.
Je voudrais préciser que ce passage n’enseigne pas que nous héritons de la culpabilité du péché d’Adam.
III. Le péché originel
Qu’est-ce que je veux dire par là ? Pour bien comprendre, il faut que je vous explique certaines choses historiquement. Au 3e siècle après J-C, c’est à dire plus de 200 ans après la rédaction de la lettre aux Romains, un théologien du nom d’Origène d’Alexandrie a commencé à dire que les enfants lorsqu’ils viennent au monde ne sont pas libres de tout péché. L’idée fut loin de faire l’unanimité et cet enseignement fut plus ou moins mis de côté jusqu’au 5e siècle, où un autre théologien du nom d’Augustin reprit cette pensée et la propagea avec force. Elle fut plus tard appelée comment ? La doctrine du péché originel. Lorsque vint la réforme, beaucoup de choses furent rejetées, mais étonnamment pas ce concept. Au contraire les calvinistes basèrent leur doctrine de base sur ce principe. Connaissez-vous un peu la pensée calviniste ? Elle comprend 5 croyances importantes. Pour ce souvenir de ces croyances, les anglophones utilisent un petit mot dont chaque lettre rappelle une de ces croyances. Le mot est tulip.
Romains 5.12-21 est aussi fréquemment utilisé par ceux qui croient en la doctrine du péché originel. James R. Edwards dit que le verset 12 est d’ailleurs le terrain de prédilection de ceux qui enseignent cette doctrine. Mais si elle est exacte, elle ne peut contredire d’autres passages. Si malheureusement c’est le cas, alors il faut revoir ses choix dans ses interprétations. Voyons donc ce que le reste de la bible dit à ce sujet. Ezéchiel 18.20 dit ceci : « … » Ce principe est-il vrai aussi pour le péché d’Adam ? Oui, on ne peut être responsable du péché de son père. D’ailleurs que disait Jésus au sujet des petits enfants qui voulaient venir à lui ? Regardes en Mt 18.3-6 : « … », puis en Mt 19.14 « … » et en Mt 18.10 : « … » Or qui les anges servent-ils ? Regardez en Hb 1.14 : « … » Il y aurait encore tellement de passages à lire, mais nous n’avons pas le temps.
Romains 5 doit donc être interprété en accord avec les enseignements clairs de la bible sur ce sujet. Et puis il ne faut pas oublier que dans ce texte Paul fait un parallèle. Regardez le verset 18 : « … » Si je veux être logique, si je crois que le péché d’Adam est venu sur tous les hommes par héritage, sans qu’ils aient à faire quoi que ce soit, alors les mots « de même » dans le verset 18 impliquent que la vie que Jésus donne doit venir de la même façon. Mais nous savons que ce n’est pas le cas. On doit faire quelque chose pour recevoir la vie qu’il offre. De même on doit faire quelque chose de mal pour recevoir la condamnation. Les mots finaux du verset 12 sont donc importants. La mort s’est étendue sur tous les hommes parce que tous ont péché. Il y a choix et non pas héritage par les gènes. Le problème quand on commence avec des pensées non bibliques, c’est qu’on ne s’arrête plus. Parce que maintenant si un nouveau-né vient avec le péché, alors que faut-il faire au plus vite ? Le baptiser avant qu’il ne meure. Cette doctrine a donc prêté argument baptême des enfants. Mais les gens sont allés beaucoup plus loin que ça, parce que certains bébés mouraient quelques heures seulement après leur naissance, avant qu’on ait le temps de les baptiser. Si vous êtes curé, que dites-vous alors aux parents pour les consoler ? En toute logique où doit-être le bébé ? En enfer. Mais cette pensée était beaucoup trop dure, les catholiques ont donc inventé un autre endroit, une destination appelée les limbes. Ils ont dit que ça devait être aussi le lieu où allaient les justes avant le sacrifice de Jésus sur la croix. Le seul problème, c’est que la bible ne dit rien de tout cela. En fait une fausse doctrine amène une autre, qui amène encore une autre.
Au fil du temps les théologiens ont remarqué que tout ceci posait trop de problèmes. Alors ils ont adapté un peu les choses. Aujourd’hui, pour éviter ces questions embarrassantes, ils ne disent plus que les enfants naissent avec la tache du péché d’Adam sur leur âme. La doctrine de la dépravation totale a été diluée afin de la rendre plus agréable au goût des gens modernes. À l’heure actuelle, leurs prédicateurs enseignent que le péché d’Adam a mis dans chaque individu une tendance au péché ou un penchant pour le péché. En somme nous héritons à présent de la nature pécheresse d’Adam. Ainsi on remplace le terme chair dans la bible. Le problème est qu’il faut expliquer comment cela est possible et comment Jésus a échappé à cette nature, puisqu’il est né en tous points comme nous. Nous ne croirions pas ce point de vue dans la nature. Si je perds un bras dans un accident, ça ne veut pas dire que je vais donner naissance à des enfants qui n’auront qu’un bras. De même si Adam a péché, ça ne veut pas dire qu’il a acquis une nature différente qui est devenu transmissible par les gènes. N’oublions pas que Dieu crée l’âme et que ce que Dieu crée est toujours pur. De plus, il donne toujours le libre arbitre. Tout le monde peut choisir d’obéir ou de désobéir (voir Dt 30.15-20). C’est ainsi que Dieu peut nous tenir comme responsables de ce que nous faisons ou pas.
Conclusion :
En conclusion que dire ? J’aime les mots de Deason. Il dit ceci : « Les pécheurs sont produits par des sociétés de pécheurs, et non par des gènes. On devient pécheur par le choix et la pratique. » Cette pensée est responsabilisante, j’espère que vous en tirerez des leçons.